Nos flibustiers se déchirent déjà pour avoir le droit de garde de leur rejeton encore embryonnaire. Le groupe Takriz est accusé d’avoir kidnappé le Parti Pirate Tunisien avant même sa naissance. Entre-temps, cinq des six membres fondateurs du parti ont jeté le tablier. Tekiano a lancé l’enquête. Et voici le premier épisode de la trilogie pirate.
A l’heure où les inquiétudes planent sur le retard de l’obtention de son visa, le Parti Pirate Tunisien semble être dans de beaux draps. Défections en cascade, scission entre ses membres fondateurs sur fond de duels à fleurets mouchetés ont électrisé l’ambiance au sein du parti. Et ce ne sont pas les déclarations d’un ancien membre éminent du PPT qui vont calmer le jeu: «C’est désormais le désarroi le plus total, on ne sait plus qui fait quoi, les membres de Takriz donnent le la et fourrent leur nez dans toutes les décisions. Ce climat vicié a forcé les contributeurs actifs sur le Wiki à claquer la porte et à se désolidariser des dirigeants du PPT. A ce stade, cinq des six membres fondateurs ont démissionné. Et j’ai moi-même choisi de vaquer à autre chose» nous a confié Chemseddine Ben Jemâa.
Et notre interlocuteur nous apprend que, outre ce bicéphalisme, les tractations qui ont débouché sur la nomination de Sleheddine Kchouk à la tête des flibustiers ont provoqué une vague de tiraillements dans le parti. «Même le Parti Pirate International n’a pas plébiscité, ni reconnu solennellement le PPT. Sleheddine Kchouk s’est obstiné à discréditer Slim Amamou au lieu de se concentrer sur les objectifs du parti» soutient Ben Jemâa.
Pour sa part, Slim Amamou a étayé les confessions de son compère. L’ex secrétaire d’Etat à la jeunesse déclare: «Cette brouille ne date pas d’hier, a fortiori, lors du tout premier dépôt de demande du visa pour le PPT, les seuls requérants qui avaient indiqué leur identité nominalement étaient Yassine Ayari, Chemseddine Ben Jemâa et moi-même. Les autres demandeurs sont tous des membres du groupe Takriz qui n’avaient mentionné que leurs pseudonymes dans la requête. Ce qui a fait surgir, à l’époque, plus d’une question sur la conformité légale de notre demande. Maintenant ce n’est pas étonnant que les sentinelles du Tak aient leur mot à dire dans les décisions actuelles du PPT. Personnellement, je n’ai connu Sleheddine Kchouk qu’à travers les propos cinglants qu’il avait proférés contre moi dans son interview à Tunivisions».
Pour démêler l’affaire, Tekiano a contacté Ahmed Agrebi, ex vice-président du Parti Pirate Tunisien pour connaitre les raisons de sa démission. «J’ai quitté le PPT en juin pour des raisons strictement personnelles. Je ne veux pas faire carrière en politique et je compte plutôt agir dans les associations caritatives. Et ceci ne réduit en aucun cas le respect que je porte envers le PPT. Au départ, l’idée m’a paru intéressante, maintenant, je préfère exercer ma citoyenneté autrement. Sinon, je ne suis pas au courant du rôle des membres de Takriz dans le PPT» nous a affirmé Ahmed Agrebi. «Sleheddine Kchouk, Chemseddine Ben Jemâa et tous ceux que j’ai connus dans le parti pirate sont mes amis. Et je n’ai rien à reprocher à personne» lance-t-il avant de nous quitter.
Le journaliste Haythem El Mekki, également animateur de l’émission Net-Mag à Nessma Tv a tenté d’élucider l’antagonisme qui a éclaté entre les membres du parti pirate tunisien. Sans résultat. Sleheddine Kchouk a décliné l’invitation de la chaîne. «Je voulais réunir Sleheddine Kchouk et Slim Amamou autour d’une même table pour débattre des enjeux du PPT. Kchouk n’a pas accepté ma proposition, je lui ai alors demandé de venir présenter le parti pirate dans une rubrique où le blogueur Arabasta était également invité. Il a donné son accord préliminaire mais a fini par s’abstenir par la suite. Une note a été publiée, un peu plus tard, sur la page Facebook du PPT attribuant l’absence de Sleheddine Kchouk du plateau de Net-Mag au soutien dont faisait montre Nessma tv au régime de Zaba avant la révolution» explique Haythem El Mekki.
Étant très proche du parti pirate, ByLasKo commente la situation interne du PPT ainsi : « Les problèmes ont commencé dès le dépôt de la demande de légalisation du parti. On ne savait pas vraiment si le président du PPT était Sleheddine Kchouk ou Mohamed Boukoum. Ce dernier se définissait tantôt comme étant le président du parti pirate, tantôt comme étant son porte-parole. Après le passage de mon émission, Kchouk m’a appris que la note postée sur Facebook avait été rédigée et mise en ligne par Mohamed Boukoum sans avoir l’accord des autres membres du parti au préalable. Ce dernier aurait, donc, été évincé selon les explications que m’avait fournies Kchouk suite à sa réaction disproportionnée. A mon avis, ce qui se passe maintenant au Parti Pirate Tunisien montre clairement que Takriz n’a pas réussi à passer du statut d’un mouvement de résistance à celui d’un front politique» dixit Haythem El Mekki.
Quoi qu’il en soit, les témoignages recueillis auprès des proches et des militants Pirates ne permettent pas encore de confirmer sans équivoque l’éventuelle implication du Tak dans les instances de leur parti. Et l’atmosphère nébuleuse qui entoure le Parti Pirate Tunisien avant même sa légalisation suscite de nombreuses interrogations, à la mesure du mystère savamment entretenu par certains.
L’enfant des flibustiers tunisiens, encore à l’état d’embryon cherche déjà ses véritables géniteurs. Mais personne ne semble vouloir jeter le bébé avec l’eau de bain. Victime de bâtardise malgré lui? Ou fécondé in vitro? Sleheddine Kchouk donnera sa version des faits dans une interview que nous publierons dans les tout prochains jours…
Mohamed Jebri
A lire également : Qui veut pirater le parti pirate?
Plus : Actu TopNews