L’ATCE, avec ses 13% des capitaux de l’ATI a imposé le contrôle du trafic de données. Des fournisseurs d’accès à Internet par satellite ont plié bagages pour l’atmosphère viciée qui entoure l’Internet en Tunisie. Et les partenaires de la censure d’autrefois testaient leurs instruments de censure en Tunisie avant de les vendre ailleurs.
L’ATCE, avec ses 13% des capitaux de l’ATI a imposé le contrôle du trafic de données. Des fournisseurs d’accès à Internet par satellite ont plié bagages à cause de l’atmosphère viciée qui entoure l’Internet en Tunisie. Et les partenaires de la censure d’autrefois testaient leurs instruments de censure en Tunisie avant de les vendre ailleurs.
A l’occasion de la troisième édition du Meeting des Blogueurs Arabes organisé du 3 au 6 octobre, le P-dg de l’Agence Tunisienne d’Internet, M. Moez Chakchouk a donné un speech qui fait état de la situation embarrassante que traverse le secteur de l’Internet en Tunisie en l’absence d’un cadre légal qui le régit. «Heureusement que l’ATI n’a pas eu le même sort que l’ATCE» a-t-il affirmé pour introduire sa présentation.
L’ingénieur a mis en exergue les problèmes en termes d’ouverture qui empêchent le secteur de prendre son essor, tel que la possession entière de l’infrastructure câblée par Tunisie Telecom. «L’opérateur historique est le seul opérateur dans le pays qui fait le wholesale de la bande-passante. Sans Tunisie Telecom, l’ATI n’existerait pas. Et depuis la cession de 35% de ses capitaux à TELECOM-DIG, l’ATI a perdu son statut d’entreprise publique, devenant une société anonyme dont l’Etat est actionnaire» a fait remarquer le P-dg de l’ATI.
L’ATCE bloquait le trafic Internet
Au cours de son exposé, M. Moez Chakchouk a passé en revue les obstacles administratifs auxquels le développement de l’Internet en Tunisie doit faire face. «Depuis sa création, l’ATI était détenue à 13% par l’ATCE, à 27% par Tunisie Telecom et à 10% par l’IRSIT. Les parts de l’ATCE dans l’ATI ont permis à ses dirigeants d’exercer un contrôle de l’information et des communications dans le trafic de tout le territoire tunisien passant par notre agence qui est le seul nœud d’échange d’Internet (IXP) du pays» soutient M. Chakchouk. Et d’ajouter: «Cette contrainte a découragé plus d’un fournisseur d’accès à Internet par satellite de desservir la Tunisie. L’Etat a en effet exigé que toutes les données passent par les serveurs de l’ATI dans le but de les contrôler. Ce qui était techniquement très délicat à réaliser avec une connexion par satellite». Le P-dg a en outre regretté que l’usage de l’Internet ne soit, jusqu’à maintenant, pas réglementé par des lois qui tiennent compte de l’usage actuel qu’en font nos internautes. «Les seuls articles qui existent sont caducs, et guère en phase avec l’évolution du secteur dans nos contrées» précise-t-il.
La Tunisie, cobaye de la censure!
Toujours aussi intransigeant sur l’affaire du filtrage des sites web, M. Chakchouk a de nouveau réaffirmé sa position : «Nous sommes contre le filtrage. Et le jugement qui a été annoncé par la Cour d’appel sur la censure des sites pornographiques est le premier en son genre qui ne soit pas appuyé par une référence juridique». L’accent a également été mis sur les coûts exorbitants que va engendrer cette décision: «L’Etat bénéficiait d’une escompte de la part des fournisseurs des solutions Deep Packet Inspection (DPI) et des équipements de censure, car la Tunisie était le pays où ces sociétés testaient le bon fonctionnement de leurs produits avant de les commercialiser dans les pays du Moyen-Orient. Ce n’est plus le cas maintenant, le coût du filtrage est non-négociable et sera plus important que celui que l’Etat a déboursé du temps de Zaba car le trafic a augmenté de 35%.Et même l’efficacité de l’utilisation de Smart Filter est remise en cause. Nous avons remarqué que ce logiciel empêche l’accès à plusieurs adresses n’ayant pas de contenu pornographique. Alors qu’en théorie, seuls les sites X sont censés être filtrés”.
M.J