Le verdict du Prix Nobel est tombé. Lina Ben Mhenni, Wael Ghonim et tant d’autres instigateurs du printemps Arabe ont été «gentiment» ignorés. Même si l’historique de la distinction suédoise est quelque-part peu reluisant, on aura regretté que certains admins se délectent du résultat. Nos militants, ont-t-ils vraiment besoin d’un Prix Nobel?
Le verdict du Prix Nobel est tombé. Lina Ben Mhenni, Wael Ghonim et tant d’autres instigateurs du printemps Arabe ont été «gentiment» ignorés. Même si l’historique de la distinction suédoise est quelque-part peu reluisant, on aura regretté que certains admins se délectent du résultat. Nos militants, ont-t-ils vraiment besoin d’un Prix Nobel?
C’est désormais officiel! Le verdict du comité de sélection du prix Nobel est tombé. Exit le printemps Arabe, et ses icônes aussi hétéroclites que controversées. La récompense a été attribuée au trio féminin Ellen Johnson-Sirleaf et Leymah Gbowee du Libéria et Tawakkul Karman du Yémen. Les récipiendaires gratifiées «Pour leur lutte non-violente pour la sécurité des femmes et leurs droits à une participation entière dans la construction de la paix» commente Wikipedia. Julian Assange, Lina Ben Mhenni, Wael Ghonim et Esraa Abdel Fattah, quand bien même pressentis pour cette distinction en sont restés pour leur frais. Pourtant, c’était bien les étoiles scintillantes des révolutions arabes. Dès lors, il y a lieu de se demander si le Prix Nobel de la paix avait déjà été historiquement révolutionnaire.
Quels sont les critères pour le prix Nobel de la paix?
Il est d’abord à remarquer que les récipiendaires ne sont pas sélectionnés à partir de critères préalablement définis. Les candidats sont, donc, choisis selon le contexte et l’intérêt que porte la communauté internationale sur les causes d’actualité. « Les nominations pour cette distinction sont le fruit de propositions argumentées et détaillées, émises par des membres d’Assemblées nationales ou des Congrès législatifs, des cercles de professeurs en université dans le domaine de la géopolitique, du droit et des sciences politiques, d’anciens lauréats du prix, des magistrats spécialisés dans le droit international et des conseillers spéciaux du Comité norvégien créé spécialement pour cette branche du Nobel. Chaque année, sur plusieurs centaines de propositions, 199 sont gardées avant qu’une série préalable de candidatures ne soit soumise aux jurés du prix qui établissent au printemps une liste finale de cinq noms ou groupe de noms et structures liés par une même action diplomatique. Le ou les lauréats sont élus après débats, discussions et votes clos en octobre», ainsi traduit Wikipedia le texte affiché sur le site officiel de l’Orgfanisation Nobel.
Le prix Nobel, vraiment révolutionnaire?
Il n’empêche. Historiquement, les personnalités à qui le prix Nobel de la paix a été décerné n’ont pas été cautionnées à l’unanimité par l’opinion internationale. On se souviendra en l’occurrence de Shimon Peres, actuel président de l’Etat sioniste consentant la continuité de l’implantation des colonies israéliennes dans la bande de Gaza enfreignant ainsi l’accord d’Oslo de 1993. Le même Peres refuse de relâcher les détenus palestiniens incarcérés en Israël. Par ailleurs, le président des Etats-Unis, Barack Obama, en moins d’un an de son entrée en fonction, a été couronné Prix Nobel de la paix «Pour ses efforts extraordinaires en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationales entre les peuples» annonce le jury du Prix à Oslo. Alors même qu’en 2009, les troupes armées américaines ratissaient les terres d’Irak, de l’Afghanistan et du Pakistan. C’est dire que la distinction n’est pas totalement exempte du «deux poids, deux mesures».
Les détracteurs de Lina Ben Mhenni jubilent déjà et félicitent la Yéménite Tawakkul Karman pour sa sélection. Et à voir la levée de boucliers qu’a subie Lina, on serait même tenté de penser que le jury ait ignoré sa candidature pour apaiser les esprits sclérosés qui l’ont fustigé sur le Net. Dommage, surtout quand on se rappelle des paroles de Lina au moment où on l’a annoncée nobélisable : «Si je serai désignée par le jury, ce titre va récompenser l’effort de tous les jeunes qui ont participé à la Révolution» a-t-elle dit. Et peut-être qu’à défaut d’avoir reçu le Prix Nobel de la Paix, les admins des pages Facebook sont maintenant intronisés champions mondiaux du «tanbir».
Mohamed Jebri