Nessma est ramenée à une expression plus islamiquement correcte. Et tant pis pour tous ces partis politiques, ces citoyens qui ont cru trouver le chantre de la modernité, le pôle magnétique de la laïcité. Toute cette histoire ne serait donc ainsi qu’une regrettable erreur.
Nessma est ramenée à une expression plus islamiquement correcte. Et tant pis pour tous ces partis politiques, ces citoyens qui ont cru trouver le chantre de la modernité, le pôle magnétique de la laïcité. Toute cette histoire ne serait donc ainsi qu’une regrettable erreur.
Des partis politiques tunisiens, comme le Mouvement démocratique pour la réforme et la construction, le parti socialiste de gauche, le Parti réformateur destourien ont, dès, lundi 10 octobre, réaffirmé «leur solidarité avec la chaîne Nessma TV, afin qu’elle demeure une tribune de l’information libre», comme le souligne une dépêche de l’Agence Tap. Des facebookeurs, des téléspectateurs, des blogueurs, ont cru voir, en Nessma, l’étoile scintillante de la modernité, dans la sombre nuit de «l’obscurantisme». Sur Twitter, les débats ont fait rage, donnant l’impression (trompeuse) que la Tunisie s’était divisée en deux. Même le Ministère français des Affaires Etrangères, a cru devoir se fendre d’un communiqué, pour défendre la chaîne qui se déchaîne.
Seulement voilà, Nessma s’est excusée, par la bouche de M. Nabil Karoui, Directeur général de la chaîne de télévision privée qui déclare ainsi : «Je présente mes excuses au peuple tunisien pour la diffusion sur Nessma TV, de la séquence controversée et jugée blasphématoire, représentant l’être divin dans le film d’animation franco-iranien Persepolis et je considère cela comme une erreur qui ne se répètera pas». La perfide Agence France Presse rappelle pourtant que pas plus tard que dimanche, M. Karoui avait assuré que sa chaîne “ne se laisserait pas intimider et continuerait à diffuser les films qu’elle veut”.
C’est la faute au «responsable de la cellule de visionnage», clame-t-il. Celui-ci, n’aurait ainsi pas «indiqué dans son rapport que ce film comporte une scène où Dieu est représenté, ce que proscrit l’Islam et ce que je ne tolère absolument pas en tant que musulman qui respecte la sacralité religieuse et qui ne se permet pas de regarder une séquence pareille avec sa famille». Des observateurs auront pourtant relevé que si la chaîne qui a récolté la tempête, s’affirme comme étant celle du Grand Maghreb, c’est d’abord pour éviter le qualificatif arabe. Une question d’identité, inscrite en rouge au fronton même de la chaîne.
Et voici que Nessma est ramenée à des déclarations plus islamiquement correctes. Et tant pis pour tous ces partis politiques, ces citoyens qui ont cru trouver le chantre de la modernité, le pôle magnétique de la laïcité. Toute cette histoire ne serait donc ainsi qu’une regrettable erreur, puisque Nabil Karoui précise lui-même, qu’il est «musulman, imbu des préceptes de sa religion et conscient des lignes rouges qu’il ne faut pas dépasser dans n’importe quel moyen d’information». En d’autres termes, si un animateur de cette chaîne se permet un écart de langage, à l’instar de celui d’une imitatrice de talent, sur le mètre sous le pantalon de son collègue, il ne faudra pas en prendre outre mesure ombrage. Un lapsus révélateur ? Non, une simple erreur. Après tout, nous sommes entre gens de bonne compagnie, et qui plus est, Musulmans.
LBC avec Tap