Prostituées, zetla et cachetons d’Artal se consument dans l’ombre des ruelles de la Médina de Tunis. Si les caméras accros aux cartes postales ne les filment pas. Les rappeurs s’en chargent, histoire d’habiller leurs propos chocs par des images en décalage. Il ne faut surtout pas se laisser tenter. Akhtak mel Khnan !
“Akhtar mel Khnan”, ainsi s’intitule le nouveau morceau de Phénix. Pour l’occasion, le rappeur tunisien s’est improvisé réalisateur. Sorti sur Youtube et Vimeo vendredi 21 octobre, le vidéo-clip “Akhtak mel Khnan” commence déjà à se trouver de la place sur Facebook au moment où l’actualité en rapport avec les élections de l’Assemblée Nationale Constituante fait l’ombre sur tout.
Enregistré en featuring avec Dak Mc et G-Med, cette ballade claquante aux textes crus parle de délinquance, de criminalité, de drogue et de prostitution. La bande à Phénix y défonce les portes des idées préconçues et nous embarque dans une plongée dans un toxico-Tunis. Et le clip est en passe de faire un buzz. Tourné dans les ruelles obscures de la Médina de Tunis et sur les toits de ses maisons semi-ruinées, le clip est bien représentatif du jargon trash dominant dans les lyrics. La caméra de Jeremi Fantène, directeur photo de la vidéo en question, n’a pas filmé le Rbat à la manière de Férid Boughedir et autres réalisateurs tunisiens souvent séduits par les cartes postales.
Bien loin des circuits touristiques, l’objectif est plutôt attiré par les coins des quartiers chauds de la place. La caméra s’est même baladée du côté de l’Impasse Sidi Abdallah Guech, bordel tunisois historique. Toutes les composantes de la Tunis by night des quartiers défavorisés de la Médina y est : les prostituées aux portes des chambres, les jeunes fumant leurs joints tassés de zetla ou cachant dans leurs pommes une poignée de coins de Parkizol 500, ces comprimés de traitement neurologique utilisées comme drogue sous l’appellation d’Artal.
Côté flow, Phénix commence à faire de son style une marque de fabrique à Bab Jdid. Dak Mc et G-Med s’y inscrivent et s’installe de la même manière sur la punch line. Mélopées lyriques ou chant blues, la musique d'”Akhtak mel Khnan” abuse de sampling vocal enveloppant un beat composé surfant sur des notes de synthétiseur. La subtile ligne de basse s’est chargée de renforcer le groove. Le scratch, cette bonne vieille technique absente dans la majorité écrasante des nouvelles productions hip hop, fait son entrée au début de chaque refrain.
Dans le clip d'”Akhtak mel Khnan”, d’autres disciplines artistiques de la culture hip hop sont représentées. Non seulement la dance s’est affichée avec quelques mouvements de popping mais aussi l’art pictural avec des pochoirs conçus par Zed. Et oui, le fameux caricaturiste-blogueur de Débat Tunisie a dévoilé sa facette d’adepte d’art de la rue.
Thameur Mekki
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