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Islamophobie à l’européenne face aux élections tunisiennes

Le succès d’Ennandha n’a pas fini d’alimenter la polémique dans certains médias européens. Et voici même que des partis politiques français prétendent même en tirer des conclusions dans leur propre course électorale. Fallait-il élire des candidats importés pour leur faire plaisir ?

 

Le succès d’Ennandha n’a pas fini d’alimenter la polémique dans certains médias européens. Et voici même que des partis politiques français prétendent même en tirer des conclusions dans leur propre course électorale. Fallait-il élire des candidats importés pour leur faire plaisir ?

enahdhafn1Les élections de la constituante tunisienne auront fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps, surtout après le succès annoncé du parti d’inspiration islamique Ennahdha. Après les médias internationaux qui ont couvert cet événement historique, voila à présent que c’est au tour des partis politiques français, notamment le Front National (FN), de s’intéresser de très près à ces résultats, sans doute afin d’apporter de l’eau à son moulin électoral…

«Dans le cadre des élections de la future assemblée constituante en Tunisie, 580 000 Tunisiens installés en France sont appelés aux urnes. Selon les chiffres consulaires, environ 400 000 d’entre eux sont binationaux franco-tunisiens et peuvent donc participer à la fois à ce scrutin et aux élections françaises de 2012. On peut légitimement s’interroger sur l’attachement de ces personnes à notre pays, à ses principes républicains et à ses valeurs, d’autant plus que c’est le parti islamiste « Ennahda » qui est donné favori pour les élections tunisiennes […]». C’est ce qu’on pouvait lire dans un communiqué de presse officiel publié le 22 octobre 2011 par Nicolas Bay, l’un des membres du bureau politique du Front National. A noter que cette déclaration s’inscrit dans le cadre d’une campagne menée par le parti français d’extrême-droite visant à «abroger la possibilité d’avoir une double nationalité, française et étrangère», que Marine Le Pen considère comme «une atteinte à la cohésion républicaine».

La loi en question est donc censée empêcher les Tunisiens disposant également de la nationalité française de voter à la fois pour leur patrie d’origine et leur pays d’adoption.

A noter que les opposants déclarés au mouvement Ennahdha ont cru trouver dans le parti extrémiste français un allié. Ainsi ont-ils inondé les réseaux sociaux et Facebook en particulier, d’insultes à l’encontre des émigrés tunisiens en Europe qui ont choisi de voter pour le parti d’inspiration islamique. Ceux-ci sont ainsi accusés de «profiter des libertés laïques», tout en cherchant à «soulager leur conscience islamisante à distance». Nos concitoyens résidants à l’étranger seraient-ils schizophréniques ?

On remarquera ainsi, la page fan tunisienne Extravaganza a partagé à plusieurs reprises des posts émanant de la page Amis Français, votez Marine Le Pen qui a été créée dans le but de mener une campagne qui selon ses propres termes, ne souhaite que le bonheur de ces votants tunisiens « Parce que nous voulons leur bonheur, nous souhaitons l’élection de Marine Le Pen, qui leur facilitera sans nul doute un retour vers cette Tunisie islamiste qu’ils ont contribuer à construire» avant de conclure avec ironie « Dans un esprit sportif, nous lançons cette campagne pour appeler nos amis Français à voter en masse pour l’extrême droite chez eux pour que chacun vive dans le modèle qu’il souhaite». C’est à se demander si la victoire présupposée du parti tunisien n’aura pas des conséquences directes sur les élections présidentielles françaises de 2012. D’un autre côté, l’islamophobie qui règne en Europe n’aura pas peu contribué au choix de nos concitoyens. Une islamophobie du reste confirmée par la majorité des journaleux français qui peignent le diable sur la muraille, en remettant en cause le choix du peuple tunisien. C’est à se demander, si les millions de tunisiens auraient dû élire des candidats importés rien que pour leur faire plaisir, à eux, et à leurs affidés des banlieues chics et choc de Tunis.

 

MBH

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