Chauffeur d’un véhicule de transport rural dans sa région, il va pouvoir se retrouver du jour au lendemain, et comme par enchantement dans l’hémicycle de l’Assemblée. C’est que la course électorale était rude, mais le bonhomme, habitué à slalomer entre les nids-de-poule et à doubler les engins, parfois même encombrants sans coup férir a pu arriver à la gare routière politique sans encombre.
Les candidats élus d’Al Aridha Achaâbia (pétition populaire) étaient sans doute les invités surprise dans les premières élections libres et transparentes de la Tunisie. D’autant plus que ces candidatures ont été déposées en tant que listes indépendantes, dépourvues d’un «toit partisan» attestant de leur organisation. Seulement voilà, Al Aridha a fini par rafler plus de 19 sièges, sans tapage facebookien ni bannières d’affichage urbain, et ce, même si l’ISIE a pu les élaguer. Leur page sur le réseau de Mark Zuckerberg compte un peu plus de 5500 adhérents. Autant dire que la supervision (satellitaire) du fondateur d’Al Aridha, le Dr Hechmi Hamdi, a porté ses fruits «télécommandés». L’ex thuriféraire du RCD a donc su passer la brosse à reluire sur son historique de complicité avec le régime de Zaba à coup de slogans populistes. Mais qu’on se le dise: Le directeur d’Al Mostakella ne se serait pas arrivé à le faire sans le soutien indéfectible de ses télespectateurs, convertis tour à tour en sympathisants, alliés puis candidats représentants de leur circonscriptions respectives.
Tel était le cas d’Ibrahim Kassas, tête de liste de la pétition populaire à Kébili. Chauffeur d’un véhicule de transport rural dans sa région, il s’est retrouvé du jour au lendemain, et comme par enchantement dans l’hémicycle de l’Assemblée. C’est que la course, fut-elle électorale était rude, mais le bonhomme, habitué à slalomer entre les nids-de-poule et à doubler les engins, parfois même encombrants sans coup férir a pu arriver à la gare routière politique sans encombre. Et il n’a pas été éliminé par l’ISIE, lui, puisque la liste de Kébili est demeurée intacte. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Ibrahim Kassas, n’a pas lésiné sur son accélérateur pour franchir la ligne d’arrivée. Même si un deuxième scénario de la réussite d’Ibrahim Kassas repose sur le rôle (clé) qu’a dû jouer son colistier Ridha Ben Abdallah. Serrurier de métier, l’homme aurait en effet aidé son compère à débloquer les verrous de la porte d’entrée à l’Assemblée. Pourtant, Ibrahim Kassas n’a pas rallié les rangs des pétitionnaires uniquement pour les atomes crochus qu’il développe avec Al Moustakella. En effet, une vidéo datant de trois mois aiderait certainement à résoudre l’énigme du succès d’Al Aridha de par sa proximité avec les citoyens des régions pauvres et démunies. Nous sommes ainsi arrivés à dénicher la conversation entre Hechmi Hamdi et Ibrahim Kassas qui a débouché sur sa nomination à la tête de la liste d’Al Aridha :
Le coup de pouce de la cornemuse!
Mais réduire sa réussite électorale au simple fait qu’il soit chauffeur de métier serait négliger l’effet viral de Rchid Gafsi, deuxième auteur de la victoire d’Al Aridha. L’orfèvre en matière de musique populaire, de Mezoued, de mariages collectifs, et de fêtes de circoncision a ainsi confectionné les ingrédients subliminaux de la recette de com’. Exit, donc, les lunettes du CPR, le poisson d’Ettakatol et le blog en langue vernaculaire d’Afek Tounes, Rchid Gafsi a plutôt fait dans la simplicité du message et l’économie des moyens. Et l’hymne «Aridha dezzi, jitek brabbi, ya Aridha dezzi» fut!
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Aux dernières nouvelles, Fatma Boussaha, craignant la transcendance aussi fulgurante que cautionnée de son confrère, serait en train de songer à remasteriser son titre «Ya 3am Echifour» pour en faire un remake spécial élections. Les paroles seront pour l’occasion révisées pour trouver une formule plus convenable que «Emchi dabba dabba» compte tenu de la vitesse vertigineuse à laquelle est passé Ibrahim Kassas pour arracher son siège. Alors même que des fortunés, aux poches bien garnies ont dilapidé des pactoles sans réussir à siéger dans l’Assemblée, même pas sur un simple tabouret!
Mohamed Jebri
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