La contre-révolution gagne du terrain sur Facebook. La page kooora Tunisie a appelé à une méga manifestation, aujourd’hui, devant le siège de l’Assemblée Constituante. La violence n’est pas exclue. Ces ex-Benalistes veulent défendre les intérêts d’Ennahdha même si ce parti islamiste revendique sa retenue.
La contre-révolution gagne du terrain sur Facebook. La page kooora Tunisie appelle à une méga manifestation, aujourd’hui, devant le siège de l’Assemblée Constituante. La violence n’est pas exclue. Ces ex-Benalistes veulent défendre les intérêts d’Ennahdha même si ce parti islamiste revendique sa retenue.
Nahdhaouis hors de contrôle ?
Même si le parti islamiste a annoncé, dans une note publiée vendredi 02 décembre, qu’il n’appelle pas à la manifestation du samedi jugeant qu’«il faut faire preuve de retenue durant cette période (…) tout en saluant ses sympathisants soucieux», les protagonistes de kooora Tunisie persistent. «Pour certains, le soutien de l’islam et des justes causes du peuple est perçu comme un soutien à Ennahdha. Nous leur répondons que oui, nous sommes d’Ennahdha» atteste un des admins de la même page regroupant plus de 171 470 fans sur Facebook. A l’heure où la confiance n’est pas tout à fait rétablie entre les citoyens tunisiens et les médias traditionnels versant durant les années de la dictature dans la propagande et la désinformation, Facebook continue à être une des principales sources d’information mais également un levier fondamental de la mobilisation sociale. Dans ce contexte, les appels à la violence se multiplient. Encore pire! La propagande contre-révolutionnaire est également en train d’envahir le réseau social. La page kooora Tunisie, en l’occurrence, était une tribune d’un groupuscule de propagandiste de l’ancien régime.
Retour sur la propagande pro-Zaba
Dans un post publié le 04 février 2011, le blogueur Astrath Istrath l’a rappelé avec des imprime-écrans à l’appui. Idem pour le blog «laïques tunisiens». La page koora Tunisie attaquait les opposants du régime en les qualifiant de «traitres de la nation» et d’«envieux» du succès du régime de Ben Ali. Dans le temps, ses administrateurs ne cessaient d’exprimer leur «totale confiance» en la personne du dictateur déchu en louant les acquis de «l’ère du changement». A l’époque, ils se disaient «résister au courant gauchiste». Et ils présentaient l’Union Nationale de la Femme Tunisienne, une association-outil de propagande créée par des RCDistes comme un symbole de l’émancipation féminine. Mieux : ces pseudo-révolutionnaires appelaient les autorités à réprimer les pages créées et gérées par les cyberdissidents. D’ailleurs, au début du soulèvement populaire à Sidi Bouzid, la page kooora Tunisie a qualifié les révoltés d’«ignorants» et de «manipulateurs». Après la chute du régime de Zaba, même s’ils ont retourné la veste mauve pour prendre les couleurs islamistes, ils ont continué jusqu’au mois de mai à défendre avec acharnement Slim Chiboub, sulfureux gendre du dictateur déchu impliqué dans certaines affaires de malversation et de corruption.
Voilà que les ex-Benalistes s’affublent de la barbe des islamistes et s’autoproclament Nahdhaouis. Face à ces données et à la profusion de la violence, le Mouvement d’Ennahdha, relativement majoritaire à l’Assemblée Constituante, se retrouve face à l’obligation éthique de se positionner clairement bien loin du double discours et des déclarations opaques.
Thameur Mekki