Tawasol Tv, c’est une page Facebook et un channel sur Justin Tv. En attendant de lancer un site, ce projet tente de se faire passer pour un espace de journalisme citoyen. Mais nous sommes bien dans la communication gouvernementale. Focus.
Tawasol Tv, c’est une page Facebook et un channel sur Justin Tv. En attendant de lancer un site, ce projet tente de se faire passer pour un espace de journalisme citoyen. Mais nous sommes bien dans la communication gouvernementale. Focus.
Journalisme ou communication?
«La chaîne Tawasol restera pour communiquer avec les personnalités officielles du gouvernement légitime élu. Non au blackout médiatique et à la désinformation. Nous vous promettons que nous allons combler le vide» écrit un des administrateurs de cette page quelques minutes après la publication de la déclaration d’Ali Laârayedh. Contrairement à ce que les protagonistes de Tawasol Tv prétendent, il ne s’agit pas d’une page luttant contre la désinformation en pratiquant du journalisme citoyen. Pas du tout. C’est plutôt une plateforme de communication. Voici que la propagande gouvernementale se déguise en cyber-activisme. Certains indicateurs le confirment.
Tout d’abord, le positionnement de Tawasol Tv est clair. L’orientation pro-gouvernementale est assumée dans le commentaire de son administrateur relayé ci-dessus. Et il insiste : «Nous sommes tous indépendants, nous resterons indépendants. Et ne dites pas Ennahdha. Nous sommes du gouvernement légitime élu. Nous sommes les supporters des urnes». La contradiction est frappante entre indépendance et appartenance au gouvernement.
Présentée par Tawasol Tv en tant que «rencontre exclusive», la vidéo d’Ali Laarayedh est plutôt une simple déclaration politique. Aucune question ne lui est posée. Même si une coupure de montage se fait remarquer entre 2m31 et 2m34, le ministre de l’intérieur reste dans la continuité de son discours. Pas l’ombre d’une réaction à une interrogation.
Ni objectivité, ni transparence
«Nous combattrons pour une information impartiale et transparente. Nous allons batailler pour un journalisme neutre, objectif et professionnel» commente un administrateur de Tawasol Tv. L’impartialité n’est pas là puisque le positionnement pro-gouvernemental est affiché. Idem pour l’objectivité et le professionnalisme. La transparence, non plus. Les administrateurs sont jusqu’ici anonymes.
Réunissant près de 10 000 fans, les protagonistes de Tawasol Tv ont rassemblé près de 8000 depuis le 22 décembre, date de la création de cette page sur Facebook. Leur activité en termes de création de contenu n’a commencé qu’à la première heure du soir du mercredi 11 janvier. Et ils ne mâhent pas leurs mots. Ils parlent de médias mauves et usent de sarcasme contre Nessma, Hannibal Tv et la Télé Nationale. L’appui donné par Ali Laârayedh à Tawasol Tv en s’y prononçant sur un sujet aussi sensible laisse croire que cette page Facebook bénéficie du soutien gouvernemental. Le ministre n’a pas donné sa déclaration via l’agence nationale, Tunis Afrique Presse (TAP). Ni autre média public à l’instar des télés et des radios nationales. L’hypothèse qu’il s’agisse d’une tentative d’une énième atteinte à la crédibilité des médias nationaux est assez plausible.
La continuité d’une offensive
Après les déclarations incendiaires de Jebali et sa décision tant controversée de nommer certains propagandistes du régime de Zaba à la tête des médias de service public, voilà que le ministre de l’intérieur soutient son premier ministre. Il met, ainsi, en hors-jeu une presse amplement critiquée par Hamadi Jebali mais aussi par Rached Ghannouchi, leader du Mouvement Ennahdha. D’ailleurs, Tawasol Tv fait un clin d’œil au parti islamiste en arborant un pigeon à son logo.
Déjà une page Facebook et un channel sur Justin Tv pour Tawasol. Et ce n’est pas tout. Un site web dédié est en cours d’élaboration. Un nom de domaine a déjà été acquis. «Cette page internet vient juste d’être activée. Elle n’a pour l’instant aucun contenu» affiche l’adresse «www.tawasoltv.com».
Sous la dictature, le web social s’est arraché le statut d’un espace d’information alternatif aux médias de propagande. Propulsé par l’élan révolutionnaire, il a gagné en crédibilité auprès des Tunisiens. Mais depuis que la bataille politique s’y déroule, les intox trouvent sur les réseaux sociaux un terrain fertile. En attendant de réformer les médias, le gouvernement y met la patte. Histoire de retrouver une crédibilité en baisse.
Thameur Mekki