Après leur morceau «Ritouchi», plus connu chez les internautes sous le nom «Zakataka», Med Amine Hamzaoui et Klay BBJ reviennent avec «Wa9tech». Avec un zeste d’ironie, le duo livre un coup de gueule contre le gouvernement et l’ensemble de la sphère politique.
«Pouvoir au peuple, gouvernant à genoux», c’est le dernier vers scandé par Klay BBJ dans son dernier morceau en duo avec Hamzaoui Med Amine. Intitulé «Wa9tech» [Quand, traduction en français, NDLR], il a été tourné en clip. Posté sur Youtube mardi 24 janvier, cette vidéo a été visionnée environ 55 000 fois en cinq jours. Toujours avec des paroles contestataires crues et bien trempées dans l’ombre des ruelles des quartiers tunisois, le morceau dresse le bilan social après un an de la Révolution.
Chômage, pauvreté et violence policière, pour les deux rappeurs, rien n’a changé. Produite par Cloch’art Production, la musique de «Wa9tech» composé par le beatmaker Afif Cherif baigne dans un univers mélancolique. Le beat aux fortes grosses caisses nous renvoie au rap des années 90. Le sample d’une mélodie de violon en boucle, étoffé par des notes de piano, accentue l’atmosphère affligée de la musique alors que la basse se veut, en quelque sorte, discrète. Les scratchs vers la fin du morceau viennent estampiller l’identité sonore de «Wa9tech» imprégnée par la musique hip hip de la dernière décennie du vingtième siècle.
Dans ce track, Klay BBJ et Med Amine Hamzaoui crachent leur rage contre le gouvernement, leur haine envers les partis politiques et traitent les flics de tout les noms. Le clip de «Wa9tech» commence avec des images de la manifestation de protestation contre la politique du nouveau gouvernement et contre la venue de l’Emir du Qatar, tenue le soir du 13 janvier devant le Théâtre Municipal de Tunis. La caméra du réalisateur, présenté sous le pseudonyme de «Wahed Hbayeb», ne rate pas les slogans du genre «le peuple de Tunisie est libre. Ni Amérique, ni Qatar». Une intro de 35 secondes, de quoi bien afficher la couleur du message politique lancé par les deux rappeurs.
Toujours dans les mêmes lieux de tournage de leurs précédents clips, Med Amine Hamzaoui et Klay BBJ scandent leurs rimes depuis le vieux souk de l’Ariana. Les images des portraits de la population démunies du quartier monopolisent l’attention de la caméra. Maçons, peintres, plombiers et autres ouvriers accroupis devant le mausolée de Sidi Ammar, en attendant de trouver leur gagne-pain renforce le réalisme des lyrics des deux rappeurs.
La production de vidéo-clips de rap est en forte hausse depuis la Révolution. Les liens se développent entre réalisateurs en herbe et rappeurs. De quoi livrer à certains internautes l’écho de leurs pensées en son et image. D’ici jusqu’à ce que les chaînes tv et les stations radio changent d’écouteurs et admettent l’émergence d’une nouvelle vague d’artistes et le déclin d’une autre frange dont la musique a pris des rides.
Thameur Mekki
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