M.Nasreddine Ben Saïda, directeur du journal Attounissia, actuellement en grève de la faim, est maintenu sous contrôle judiciaire à partir du lundi 20 février, en attendant son procès. Habib Guizani, Rédacteur en chef du quotidien revient sur son arrestation, et affirme que l’affaire Attounissia est une «affaire politique». Interview.
M. Nasreddine Ben Saïda, directeur du journal Attounissia, actuellement en grève de la faim, est maintenu sous contrôle judiciaire à partir du lundi 20 février, en attendant son procès. Habib Guizani, Rédacteur en chef du quotidien revient sur son arrestation, et affirme que l’affaire Attounissia est une «affaire politique». Interview.
Tekiano : Comment s’est passé votre arrestation?
Le lendemain, vers 8h15, on nous a remis nos affaires avant de nous conduire au Palais de Justice, tout en nous signifiant que nous allons passer devant le juge d’instruction pour être jugés selon l’article 121 du code pénal (NDLR : atteinte aux bonnes mœurs et trouble à l’ordre public).Une fois arrivés, on nous a enfermés dans une geôle. On y est resté 9 heures avant qu’on appelle mon confrère, vers 19h, pour rencontrer le juge d’instruction.
Que vous a dit le procureur durant votre détention, et que pensez-vous du fait que le directeur du journal Attounissia, Nassreddine Ben Saïda, soit encore détenu en prison?
J’ai fait remarquer au juge que le fait d’arrêter un journaliste pour une photo est une première en Tunisie depuis l’indépendance, que les avocats qui sont là allaient démontrer que l’affaire de la photo n’est qu’un prétexte, et que l’affaire est une affaire de liberté d’expression et de liberté de la presse. L’un des avocats a fait remarquer que le procureur de la publique tenait à donner une leçon au reste des journalistes, ce qui explique l’acharnement sur le directeur du journal en le détenant en prison.
Pourquoi avez-vous refusé de parler à la presse au moment de votre arrestation?
Nous n’avons pas refusé de parler à la presse parce que notre arrestation a été faite sous silence. Au moment où nous avons étéa arrêtés, personne n’était au courant.
Quel est votre regard sur la polémique autour de l’affaire?
L’affaire est politique. On veut mettre la main sur la presse et lui confisquer sa liberté, surtout que notre journal est réputé pour son intégrité, sa crédibilité et sa neutralité. L’affaire de “Attounissia” a dévoilé le vrai visage du gouvernement actuel qui veut imposer un diktat multidimensionnel sur le peuple tunisien.
Cela remet-il en cause selon vous l’indépendance de la justice?
Bien sûr. L’affaire remet en cause l’indépendance de la justice dans la mesure où il s’est avéré que le procureur de la république ne faisait qu’exécuter les ordres, ce qui le met en confrontation avec les avocats. Seulement, ceux qui ont dicté les ordres ne s’attendaient pas à voir pas moins de 70 avocats se mobiliser, gratuitement, pour défendre une cause très chère à tous: la liberté d’expression !
Propos recueillis par Lilia Blaise