Des cités tunisoises aux villages du centre du pays, «La Tunisie Vote» sillonne villes et campagnes à la rencontre d’une population en euphorie, fière d’avoir pris sa destinée en main. La caméra n’a pas raté les situations émouvantes, les quelques bémols non plus.
«Filmer le 23 octobre est une grande responsabilité pour moi. J’ai fait de mon mieux pour raconter cette journée historique avec beaucoup de sincérité et un énorme sens de responsabilité. Désormais, ce film est votre propriété» a déclaré le réalisateur tunisien Hichem Ben Ammar lors d’une très brève allocution avant la projection de «La Tunisie Vote». Présenté jeudi dernier, en avant-première, à la salle «Le Mondial», ce film documentaire est un reportage de 48 minutes tourné le 23 octobre 2011. Il s’agit d’un moyen-métrage produit par l’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIE) avec le soutien de l’Ambassade du Royaume des Pays Bas en Tunisie.
Coup d’envoi d’une nouvelle ère
De Sidi Bouzid à Tunis, de Béja à Kairouan, «La Tunisie Vote» sillonne différentes régions de la Tunisie à la rencontre des électeurs. «Ces images restituent quelques moments de cette journée de joie commune» ainsi ce film documentaire a été présenté par M. Kamel Jendoubi, président l’ISIE. En effet, l’ambiance joviale de cette «journée de fête» – telle que l’ont qualifié certains citoyens faisant part de leurs émotions devant la caméra du réalisateur- transparait dès le début du film. Ce micro-trottoir donne la voix à une population en euphorie. Les plans rapprochés font de la caméra un sniper repérant les émotions fortes engloutissant les citoyens.
Tant de situations et autres anecdotes rencontrées par l’équipe de tournage de «La Tunisie Vote». L’espoir et l’ambition renaissent : Dans la file d’attente d’un centre de vote à Tunis, un jeune papa avance à petits pas en parlant de cette journée garante d’un meilleur avenir pour sa petite Yasmine, encore dans sa poussette. Le passé est vu avec ironie : Une vieille dame demande à une jeune fille si elle aurait à mettre une feuille rouge comme on lui a indiqué de faire durant les années écoulées. L’incapacité d’exercer le droit de vote provoque l’amertume : Dans la rue, un homme en fauteuil roulant pleure à chaudes larmes parce qu’il n’y a pas d’estrade lui facilitant l’accès au bureau de vote. Mais la solidarité sauve la situation : un groupe de jeunes le porte jusqu’à l’entrée. Le sens de la responsabilité et de la citoyenneté germe : Un vieil homme dans la campagne de Kairouan est indécis, difficile de faire son choix avec plus d’une centaine de partis pour lui incognito.
Sauf quelques bémols…
Le film est parvenu à relater l’atmosphère joviale sans être dans une vision étriquée de la réalité de cette journée du 23 octobre 2011. Les querelles entre citoyens pour manque de respect à l’ordre dans les files d’attentes ; Quelques électeurs d’Ennahdha défendant leur parti à l’intérieur des centres de vote refusant ainsi de se conformer au silence électoral ; Certaines personnes surprises par les files d’attente non-mixtes. Tous ces bémols ont été capté en son et en image.
Servant de transition, les extraits de flash news radiophoniques, intégrés en voix off dans le film, jouent également un rôle informatif. Ainsi, ils rendent compte de l’évolution de l’opération de vote et relèvent, par exemple, les altercations entre les partisans de différentes formations politiques à Gafsa. Le manque de bureau de vote par rapport au nombre des électeurs ou encore des infos sur des partis qui n’ont pas respecté le silence électoral sont également indiqué par le même procédé.
Au-delà d’un reportage classique, un air de cinéma de création transparait dès les toutes premières images du film. La caméra d’Hichem Ben Ammar a commencé par filmer la rue tunisienne en flou. Un brouillard qui s’est dissipé à l’aube de cette journée transitoire dans l’Histoire de la Tunisie.
Thameur Mekki
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