Ils étaient 182.000 Tunisiens sur Facebook en 2008. 300 mille en février 2009, et presque 3 millions en février 2012. Le nombre d’utilisateurs sur le réseau social a été multiplié par 10 en seulement trois ans. Il faut dire qu’en Tunisie, Facebook n’est pas seulement un réseau social, c’est aussi un « réseau » d’informations.
En Tunisie, quand quelqu’un vous demande : «Quoi de neuf sur Facebook ?», il ne s’attend pas à ce que vous lui parliez de la nouvelle Timeline, ou des nouvelles applications, mais de ce qui se passe dans le pays. Des phrases comme : «Je ne suis pas au courant, je n’ai pas le temps de me connecter sur Facebook aujourd’hui !» ou « oui, j’ai –vu- ça sur Facebook» sont des phrases qu’on entend presque dans toutes les conversations.
L’usage excessif du réseau social, a poussé la sphère politique à s’adapter. Sa présence ne s’est pas réduite à publier des communiqués ou interagir avec les internautes. Facebook est devenu un canal indispensable voire prioritaire pour la diffusion d’informations. D’ailleurs, c’est sur sa page officielle sur Facebook que la Présidence de la République a annoncé en premier, le renvoi de l’ambassadeur syrien le 4 février dernier. La cellule de communication du Président de la République provisoire a visiblement jugé qu’il était inutile de passer par une agence de presse pour informer les gens. Il suffit de publier l’information sur Facebook, le bouton « partage » s’occupera du reste. Il faut croire qu’en Tunisie, Facebook joue le rôle d’une chaîne d’information. Et d’ailleurs, pour les journaux électroniques, le réseau social se classe souvent en tête des sources de trafic.
Cela dit, la Tunisie ne fait pas vraiment l’exception. Tous les grands médias du monde sont présents sur Facebook et essaient d’optimiser au maximum leurs pages pour avoir plus d’audience. Sa croissance exponentielle lui permet désormais de concurrencer Google News tout en étant plus «sociable», car sur Facebook, tu ne cherches pas l’information, c’est l’information qui vient à toi. Les «j’aime», «recommander» et «partager» de tes amis sont là pour te servir sans que t’aies demandé quoi que ce soit. Malorie Lucic, employée chez la firme de Zuckerberg l’a affirmé en 2010 avec son billet Créez votre chaîne d’informations personnalisée, dans lequel elle a souligné l’incroyable croissance du taux de partage et de consommation d’information sur le réseau social. Deux ans plus tard, on ne peut que constater ces effets : selon toutfacebook.com, Facebook représente une page vue sur 5 sur le web mondial et le fameux « J’aime » est cliqué plus de 2,7 Miliards de fois par jour !
Il est bien loin le temps où sur Tekiano on lisait «C’est fait. Les Tunisiens ont finalement franchi la barre symbolique des 300.000 membres», et pourtant ça ne datait que de 2009. Aujourd’hui, le site des statistiques Facebook checkfacebook.com recense 2 925 040 utilisateurs sur le réseau social pour la Tunisie. Près de 3 millions d’utilisateurs sur 4 millions d’utilisateurs Internet (ATI, mai 2011) soit plus de 73%. Même si on prend en compte le fait que certains utilisateurs détiennent plus d’un compte, le chiffre reste élevé.
800 millions d’utilisateurs, numéro dans plusieurs pays, Facebook demeure, malgré toutes les attaques concernant la vie privée des utilisateurs, indétrônable. Pis, pour certains internautes tunisiens, le web se résume presque à Facebook.
Sarah Ben Hamadi
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