Lundi 26 mars, Ennahdha a annoncé que la Chariâa ne sera pas mentionnée dans la nouvelle constitution tunisienne. La presse en Tunisie comme à l’étranger se réjouit. «Ces islamistes qui disent non à la Chariâa» titre le journal Le Monde. Mais en fait, quels sont les «islamistes» qui appliquent la Chariâa ?
«La Chariâa source de droit dans la constitution », c’était la crainte de plusieurs Tunisiens durant les dernières semaines. Son application fait directement allusion à l’obligation du voile, la polygamie, la répudiation, la lapidation, etc. Il faut dire que les pays qui en font la publicité ne rassurent pas : Arabie Saoudite, Iran, Soudan…des sociétés fermées, où les droits humains sont bafoués, et où la religion sert, malheureusement, de bouc émissaire à toutes les dérives. Même si la Tunisie, tout comme les autres pays du Maghreb, adopte depuis des siècles le courant Malékite, beaucoup plus modéré que celui des Hanbalites (ou Wahabites) qu’adoptent les saoudiens, l’angoisse était bien présente. Les incidents provoqués par le salafistes ne faisaient que renforcer cette inquiétude.
Mais après avoir maintenu le flou et le suspense, Ennahdha a enfin exprimé sa décision. Maintien du premier article de la constitution de 1959, œuvre de Bourguiba : «La Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain: sa religion est l’Islam, sa langue l’arabe et son régime la République.» Par contre, La Chariâa ne sera pas mentionnée dans la nouvelle constitution tunisienne. «La question de la charia a provoqué une grande polémique au point que le pays a failli être divisé» a déclaré Rached Ghannouchi, leader du mouvement Ennahdha. Certains sont rassurés, d’autres restent méfiants.
En octobre dernier, le journal Le Nouvel Observateur a publié une cartographie des pays qui appliquent la Chariâa. Dans la plupart des pays musulmans, elle reste une des sources et non la source principale de droit. Son interprétation reste par ailleurs tributaire du l’école de jurisprudence adoptée : Malikisme, Hanafisme, Chaféismes et Hanbalisme ou Wahabisme ( le plus conservateur).
En Iran comme en Arabie Saoudite, la Chariâa constitue la principale source de droit. D’ailleurs le royaume dispose d’une police religieuse «La Mutawa» qui veille à l’application de la Chariâa.
D’autres pays, la considèrent également comme principale source de droit. C’est le cas du Soudan, la Somalie, le Yémen, certains Etats du nord du Nigéria et la Mauritanie, seul pays du Maghreb se retrouvant dans cette catégorie.
La Tunisie et le Maroc ont préféré mentionner que l’Islam est la religion d’Etat. Le cas de l’Algérie n’en demeure pas loin, sa Constitution est «un mélange de droit yougoslave et français respectant les valeurs de l’Islam, les références à la charia sont quasi-inexistantes.» rapporte Le Nouvel Observateur. La Libye, dont les nouveaux dirigeants ont exprimé leur souhait de faire de la Chariâa un des fondements de la nouvelle constitution, reste pour le moment une source parmi d’autres. C’est également le cas en Egypte, où la Chariâa a été introduite comme l’une des sources de législation en 1980. La Turquie, reste le seul pays musulman, où rien ne fait allusion ni à la Chariâa ni à l’Islam même si le parti au pouvoir est un parti conservateur… question de laïcité.
S.B.H
Crédit-photo : Le Nouvel Observateur
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