Glamour et volupté. Le festival Jazz à Carthage by Tunisiana s’est ouvert, le 5 avril, sous le signe de la douceur. Deux artistes pour cette première soirée : la Tunisienne Badiâa Bouhrizi alias Neyssatou, et l’Américaine Stacy Kent.
Deux femmes ont ouvert le bal de la 7ème édition de Jazz à Carthage by Tunisiana. Deux femmes frêles à la voix puissante et cristalline. Deux femmes seules sur scène entourées d’une équipe masculine. Deux femmes qui n’ont pas hésité à partager leur intimité avec le public : la Tunisienne Badiaa révélant le nom de son «amoureux», l’Américaine Stacey Kent présentant son mari, le saxophoniste de son groupe, Jim Tomlinson.
Artiste engagée
Ouvrant le bal chez elle, en Tunisie, Badiaa a eu à faire à un public conquis, connaissant son répertoire mais aussi son humour. Sa chevelure sauvage contraste avec son physique mince. Telle une poupée désarticulée, Badiaa interprète Salam sur des airs de samba douce et aérée. Accompagnée de deux guitares, d’un violon, d’une batterie et d’un percussionniste, elle a offert une version légèrement électro de Salma.
« Un peu de glamour, un peu douceur ». Sa voix suave retentit dans la salle du Barcélo Carthage, à Gammarth, alors qu’elle s’installe sur un tabouret. Son timbre vocal est une invitation à l’évasion rappelant des plaines immenses où souffle une brise fraiche caressant le visage et faisant bruisser l’herbe. Une artiste engagée qui chante avec douceur, la stupeur. La musique lui permet de passer des messages de liberté et d’espoir, n’estimant pas cependant pouvoir faire changer les choses : «Je veux juste que ceux qui croient qui sont seuls sachent qu’ils ne le sont pas. Parce que je sais qu’il y en a beaucoup qui le croient », déclare-t-elle lors d’un point presse, les yeux rougis par des larmes montantes.
« C’est merveilleux »
Partager, soutenir et aimer, sont aussi les leitmotivs de Stacey Kent. Cette Américaine pétillante, souriante, enjouée est une vraie boule de fraîcheur. Dans une robe de soirée noire et sobre qui contrastait avec les tentures rouge bordant la scène, elle a interprété un répertoire en anglais et en français. Des chansons d’amour de George Umberto, son «héros» découvert lorsqu’elle avait 14 ans, ou encore de Marcus Valley avec qui elle a partagé la scène au Brésil, mais aussi des compositions de son mari, Jim Tomlinson. Contrebasse, saxophone, piano à queue et batterie, sont la «famille» de la chanteuse . Une scène resserrée et cosy. Une ambiance intimiste dans laquelle, Stacey Kent n’hésite pas à livrer son passé au public, racontant l’histoire de son grand-père. Ce russe qui a traversé l’Europe et a appris le français : «On ne parlait que français à la maison». Son album «Raconte-moi» lui rend hommage.
The Ice Hotel, une ballade jazzy humoristique demandée par des internautes, ou encore une sublime version de « Jardin d’hiver » d’Henri Salvador, sont quelques uns des titres qu’elle a chanté pendant 1h30. Et c’est avec une standing ovation que le public a salué cette artiste hors pair qui a exprimé tout au long du spectacle «sa joie d’être en Tunisie».
Reste qu’une partie du public s’est déclarée «déçue» par l’emplacement. «C’est une aberration, on ne voit rien. On a payé nos places quand même», lâche un jeune étudiant, installé en zone C qui avait «tant attendu pour voir Stacey Kent. Elle est vraiment sublime».
Line
Crédit-photo : Samy Snoussi
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