Mardi 1er mai, deux manifestations à Tunis pour célébrer la fête du Travail, l’UGTT à l’Avenue Habib Bourguiba, l’UTT à Mohamed V. Journée syndicale par essence, les politiques n’hésitent pourtant pas à s’incruster dans l’évènement.
Pour retrouver l’origine du 1er mai, il faut remonter à 1886, aux Etats-Unis, quand les syndicats américains ont décidé d’entamer une grève générale pour limiter la journée de travail à 8h. La protestation des ouvriers a occasionné plusieurs morts dans les jours suivants.
Trois ans plus tard, en 1889, l’Internationale Socialiste s’est réunie à Paris pour célébrer le centenaire de la révolution française et l’Exposition Universelle. A cette occasion, le militant syndicaliste français Raymond Lavigne, a proposé de faire du 1er mai une journée de manifestation avec comme objectif la réduction de la journée de travail à huit heures. La proposition a été adoptée et l’année suivante plusieurs pays célèbre cette journée. En 1891, la journée s’avère particulièrement sanglante en France avec la mort de 9 ouvriers, sur lesquels la police avait tirés. L’évènement, connu sous le nom de la Fusillade de Fourmies, du nom de la ville où il a eu lieu le drame, renforce le caractère de lutte ouvrière du cette journée. Progressivement, plusieurs organisations syndicales dans le monde ont réussi à imposer le 1er mai, comme une journée chômée. Aux Etats-Unis, là où tout à commencé, la commémoration de la fête du travail est célébrée le 1er lundi de septembre. Au Royaume-Uni, c’est le 1er lundi du mois de mai.
De part son origine, la journée du 1er mai revêt donc un caractère contestataire. Les slogans ont toujours été emploi, promotion des salaires, droits sociaux, pouvoir d’achat… Des revendications syndicales, et souvent contre le pouvoir en place. Pourtant pour ce 1er mai 2012, Ennahdha, parti à la tête de la coalition gouvernementale tripartite et dont la relation électrique avec l’UGTT n’est plus à démontrer a lancé samedi 28 avril un appel à manifester auprès des travailleurs et à participer au meeting de organisé par l’UGTT : «La fête du travail est la fête de tous les Tunisiens auxquels la révolution a permis de se libérer de l’oppression, de l’exploitation et de la répression ». Tentative de récupération, de réconciliation ou volonté de gêner l’UGTT ? Les raisons qui pourraient derrière cet appel à manifestation seraient multiples et surtout réfléchies.
Mais l’UGTT reste ferme et publie ses revendications dans un communiqué virulent publié lundi 30 avril. La centrale syndicale estime que les réalisations du Gouvernement provisoire ne correspondent pas aux promesses faites lors de la campagne électorale et ne sont pas à la hauteur des sacrifices consentis par la Tunisiens. «Au lieu d’établir des relations de confiance et de dévoiler la vérité, aussi amère soit-elle, le gouvernement a choisi d’entretenir avec les différentes composantes de la société civile et les catégories sociales des rapports qui nourrissent l’incertitude quant à l’avenir du pays.». L’UGTT ne manque pas de revenir sur le traitement des affaires survenus dans le pays en dénonçant l’agression bien orchestrés des établissements et universitaires à l’instar de la faculté des lettres et des arts de la Manouba, ainsi que la politique de limogeage des responsables pour les remplacer par des partisans.
Ennahdha n’est pas le seul parti à avoir appelé à rejoindre les manifestations du 1er mai. Son allié au gouvernement, Congrés pour la République en a fait de même, ainsi que le parti d’opposition, Le Parti Républicain, qui annoncé le début de la marche à partir du siège du journal Al Mawkif (journal officiel du PDP) avant de rejoindre la Place Mohamed Ali. Tout le monde se réunira donc à l’avenue Habib Bourguiba pour ce 1er mai 2012. UGTT, UTT, société civile, gouvernement et opposition, la célébration de la fête du Travail risque d’être la journée du tout contre tout…
S.S
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