Près de 1.500 juifs sont attendus à Djerba pour le pèlerinage de la Ghriba. Un dispositif de sécurité a été mis en place pour assurer le bon déroulé de cette fête. Jeudi, le ministre du Tourisme Elyes Fakhfakh a assisté à la cérémonie de clôture.
Des youyous retentissent dans la synagogue d’El Griba, à Djerba alors qu’une jeune femme sort sa tête par une petite porte. Les larmes aux yeux, elle vient de déposer un œuf dans une petite grotte située au fond de ce lieu de culte. La légende veut qu’une jeune souillon, «une étrangère», se soit rendue à Djerba il y a plusieurs siècles. Elle aurait été accueillie par un Rabbin après avoir été repoussée par les villageois. «Des enfants l’ont brûlée vive et elle est décédée en criant : «j’ai faim, donnez-moi un œuf et je réaliserai vos voeux » », raconte Nicole. Cette Française, qui se rend tous les ans à Ghriba, assure que tous ses vœux se sont exaucés. D’autres, à l’instar de Liz-Hanina, sont venus faire des vœux pour des amis ou de la famille.
Pendant deux jours, près de 1.500 pèlerins sont attendus dans cette synagogue «bâtie sur une pierre de Jérusalem», contre «en moyenne 8.000 chaque année», assure Perez Trabelsi, le président d’El Ghriba et le chef de la communauté juive de Djerba qui compte près de 1.200 âmes. En 2011, pour des raisons de sécurité, il avait été annulé.
Sécurité
A l’entrée, Saïd distribue des foulards et des kipas. Des paillasses ont été disposées au sol. Des femmes déposent des pièces dans des vases remplis d’eau et suspendus. Organisé tous les ans au 33e jour de la Pâque juive, ce pèlerinage commémore deux Rabbins. Des touristes viennent de Tunis ou de Sfax, d’autres de France ou d’Italie. Alors que le 3 mai, Israël a «déconseillé» aux juifs de se rendre en Tunisie, accusant des activistes de planifier des attentats, Rachel, Française qui n’avait pas fait le voyage depuis 4 ans à cause de son travail, n’en a cure.
Après les slogans antisémites proférés lors de la visite d’Ismaël Haniyeh, le chef du gouvernement du Hamas, et les propos d’un orateur posté avenue Habib Bourguiba appelant au meurtre des juifs, diffusés sur le net et condamnés par la classe politique, Moncef Marzouki s’est rendu à Djerba pour la commémoration du 10ème anniversaire de l’attentat de 2002 contre la synagogue qui avait fait une vingtaine de morts.
Un détecteur d’explosifs à la main, un homme parcourt la synagogue d’el Ghriba à Djerba. A l’extérieur, un hélicoptère patrouille. Des chiens renifleurs tournent autour des voitures et plusieurs dizaines d’agents de sécurité ont été déployés pour le pèlerinage de la plus ancienne synagogue d’Afrique. Un dispositif de sécurité important, mais moindre selon les habitants. «Avant c’était l’enfer pour circuler», se souvient un chauffeur de taxi, «maintenant, ça va, on peut souffler un peu».
Fête
Dans la cour du foundouk de la synagogue recouverte de chaux blanche, la vente aux enchères commencent. Une sono crache de la musique tandis qu’on homme vend des bouquets sur une petite estrade. Certains déboursent plus de 500 dinars. Les recettes reviennent à ce temple religieux situé à Erriadh pour assurer notamment son entretien estimé à 30.000 dinars par le président des lieux. Le petit char se met en marche et les pèlerins circulent en musique dans une petite partie de la ville, un parcours révisé par rapport aux années précédentes. Mais les organisateurs assurent que ce n’est pas à cause de menaces diverses.
Rapidement, la synagogue aux céramiques bleues et vitraux colorés, se transforme en lieu de rencontre. Les familles de Djerba ont rejoint les lieux. Dans le restaurant, la fête bat son plein.
Jeudi, un mariage a été célébré. La future femme de Marciano s’est rendu tous les ans pendant 12 années à La Ghriba pour trouver l’amour. «Je suis juif marocain, je ne connaissais pas cette coutume et j’ai été très sensible à la croyance de ma fiancée qui a voulu remercier cette synagogue. Et je voulais aussi apporter une aura particulière à mon mariage», avoue-t-il, précisant être venu avec près de 120 membres de leurs deux familles. Le même jour, le ministre du Tourisme Elyes Fakhfakh, était présent pour assister à la cérémonie de clôture. Car, comme aime le répéter Perez Trabelsi : «Si le pèlerinage se passe, l’année touristique se passera bien».
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