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Quand la société civile bouge !

Le forum du citoyen actif n’était pas juste un simple événement où les associations se réunissent, il a montré qu’après un an de révolution, une société civile s’est construite et commence à imposer une force de pression mais aussi de représentation face au monde politique.

 

Le forum du citoyen actif n’était pas juste un simple événement où les associations se réunissent, il a montré qu’après un an de révolution, une société civile s’est construite et commence à imposer une force de pression mais aussi de représentation face au monde politique.

« L’idée est venue l’année dernière avec la révolution et l’explosion des associations. Nous nous sommes dit qu’il fallait dégager une certaine dynamique inter associative. Nous avons mis cette année côte-à-côte les associations dites « historiques » comme l’ATFD (Association Tunisienne des femmes démocrates), la LiTDH (Ligue Tunisienne des Droits de l’homme) avec les associations jeunes. L’idée était de faire un mélange entre les associations jeunes, innovatrices, et les anciennes avec plus d’expérience», déclare Mouna Ben Halima, coordinatrice de l’événement et présidente de l’association Touensa. Le forum du citoyen actif, tenu à la Cité des sciences les 18 et 19 mai, a été l’occasion de voir la nouvelle configuration du paysage associatif en Tunisie. 200 associations étaient présentes parmi les stands d’un village associatif monté pour l’occasion tout comme certains députés de l’ANC tels que Lobna Jeribi d’Ettakatol ou Nadia Chabaâne du Pôle.

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D’une association pour la Culture et la citoyenneté environnementale à la fameuse Atuge, en passant par l’Open Gov et le Bus citoyen, il y en avait pour tous les goûts. L’originalité reposait sur le nombre d’associations régionales présentes, 90 en tout, venues de tous les coins de la Tunisie, et les ateliers et tables rondes organisés en marge de la la manifestation, comme celle sur l’engagement des jeunes dans la vie associative ou celles consacrées aux bons outils du citoyen engagé: comment plaider sa cause? Comment trouver un financement pour son association? Ou comment s’engager?

Une des questions au centre des débats portait sur l’avancée de la société civile depuis la révolution et son réel pouvoir au sein du paysage politique. L’engagement des jeunes a été évoqué. Où sont passés les jeunes révolutionnaires, sont-ils devenus des acteurs passifs ou actifs de la nouvelle Tunisie ? Pour certains, le trop-plein d’activité sur Facebook peut générer une certaine passivité dans l’action sur le terrain. « Les réseaux sociaux sont un grand gâchis d’idées éparpillées ici delà sans réel débat constructif, quand on commence à écrire un blog, c’est déjà un pas en avant », a déclaré Abdelkrahim Ben Abdallah. Pour d’autres, le jeune est au centre de l’engagement associatif comme le montre l’initiative du Bus citoyen monté essentiellement par des jeunes tunisiens qui avaient sillonné le pays pour sensibiliser aux élections.

L’objectif final de cette édition est à la fois pratique -gérer les questions d’employabilité pour les jeunes- mais aussi de créer des synergies entre les associations afin d’asseoir un certain contre-pouvoir pouvant relayer la voix des citoyens auprès des officiels. Pour la présidente de l’association Kolna Tounes, Emna Menif, qui a animé le panel sur la citoyenneté et la solidarité, «l’individualisme prime encore trop sur la solidarité». Selon Mouna Ben Halima, le « réel problème c’est la coordination entre les régions et Tunis, les associations régionales ont été très courtisées, ce qui est essentiel, mais il faut qu’elles trouvent un meilleur moyen de s’exprimer et d’être visibles».

Le forum s’est clôturé sur la question du financement, et des relations entre les bailleurs de fonds institutionnels et les associations. L’accord avec le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) est confirmé tout comme avec l’ambassade de Suisse, l’Union européenne. Selon Valery Freland, chargée de la coopération et de l’action culturelle à l’Institut français de coopération (IFC), près de 2,4 millions de dinars ont déjà été mobilisés pour le monde associatif et 200.000 euros supplémentaires sont prévus pour des projets culturels.

Lilia Blaise

A Lire :

Tunisie : Forum du citoyen actif, les 18 et 19 mai à la cité des sciences

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