La dernière vidéo de Jalel Brick a fait couler beaucoup d’encre. Le phénomène du web tunisien, dont le langage grossier et vulgaire a fait de lui un personnage incontournable de la toile,est finalement tombé en disgrâce…
Avec Jalel Brick, il n’y a jamais eu de tabous. Dès ses premières vidéos, postées au lendemain du 14 janvier 2011, ses ennemis ont toujours été cités : l’armée et à sa tête le général Rachid Ammar qu’il traite de tous les noms, le parti Ennahdha et «El Khwanjia»(les islamistes, ndlr). Et il ne faut pas croire que Dieu et son prophète aient été épargnés. Bien au contraire. Jusque là, on applaudissait. On admirait son franc-parler et justifiait même ses raisonnements souvent confus. Pourquoi alors, cette fois, les réactions ont été différentes ? C’est peut-être parce que Jalel Brick, au même titre que Nadia El Fani, est en train de nuire à la cause…
Dans un billet intitulé «De l’hypocritocratie dans l’affaire Jalel Brick», le blogueur caricaturiste _Z_ revient sur les réactions qui ont suivi cette polémique : «Les extrémistes lancent des appels au meurtre, les conservateurs applaudissent, et les dits “progressistes” approuvent en admettant qu’il avait franchit la ligne rouge. Bravo! ». Tout en soulignant les contradictions du personnage «Il soutenait Ben Jaafar la veille pour appeler au soutien d’un Essebsi le lendemain. Il trouvait des excuses à Ben Ali, fricote avec Nessma TV et ne cache pas son respect pour l’ex-larbin du mauve Mezri Haddad. Il aime les dictateurs de Assad à Kaddafi et honnit tous les barbus de la terre», _Z_ qui reste l’un des seuls a afficher son soutien à Jalek Brick, estime que c’est ainsi qu’on «accepte de faire des concessions aux esprits conservateurs au nom d’un soi-disant risque de polarisation de la société.».
Malheureusement, la polarisation de la société, si elle est crée par les politiques, elle est alimentée par des affaires comme celles-ci, où liberté et respect du sacré finissent par s’entremêler, où on pense combattre l’extrémisme religieux avec un extrémisme «irréligieux».
Les Tunisiens qui se retrouvent confrontés dans un débat identitaire et religieux, invité surprise de la transition post-révolutionnaire, s’embrouillent et se divisent chaque jour un peu plus. Devraient-ils, parce qu’ils sont progressistes, ne pas condamner des propos insultants et irrespectueux? Devraient-ils, parce qu’ils sont musulmans appeler à son meurtre ? Devraient-ils, parce qu’ils sont athées, soutenir quelqu’un dont les propos sont à la limite du fascisme ? Et surtout, jusqu’à quand la religion va nous dévier de nos réels problèmes ?Des questions que je me pose aujourd’hui,au vu des déchainements de tous bords auxquels on assiste…
Sarah Ben Hamadi
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