Terrain privilégié de toutes les rumeurs et intox, Jamel Touir, le président de la commission des instances constitutionnelles a appelé lundi 18 juin à un contrôle juridique des réseaux sociaux. Internet est-il devenu le bouc-émissaire de tous les dérapages ?
Terrain privilégié de toutes les rumeurs et intox, Jamel Touir, le président de la commission des instances constitutionnelles a appelé lundi 18 juin à un contrôle juridique des réseaux sociaux. Internet est-il devenu le bouc-émissaire de tous les dérapages ?
Il est clair que les réseaux sociaux ont permis la propagation rapide des informations, ce qui est positif. Mais ils sont aussi devenus de véritables outils de propagande par certains groupuscules (l’affaire de la Abdellia où des photos d’œuvres non exposées ont fait le tour de Facebook, en est un parfait exemple). L’inquiétude suscitée par les dérapages survenus est donc tout à fait légitime. Comment lutter contre ces dérives ? La question reste délicate, surtout dans un climat propice aux rumeurs et la paranoïa. Certains tentent de parler de contrôle, mais du contrôle à la censure, il n’y a souvent qu’un pas.
Des constituants ont critiqué la position de Jamel Touir en affirmant que les sites sociaux «ne sont pas des sites d’information et ne diffusent pas de contenus journalistiques» et proposent de placer les réseaux sociaux sous l’autorité d’une instance supérieure de l’information ou régit par des lois spéciales sur l’Internet. Ces sites, ne diffusent effectivement pas de contenus journalistiques mais leur influence peut des fois s’avérer beaucoup plus grande que les médias. Car si l’outil est neutre, son usage peut être négatif.
En août 2011, et suite aux émeutes en Grande Bretagne, le Premier ministre David Cameron avait souhaité le contrôle des réseaux sociaux. C’est dire s’il n’y pas tendance à rendre les réseaux sociaux, responsables de tous les maux de la société. Cameron avait à l’époque essuyée toutes les critiques négatives de la part des médias anglais n’ont pas hésité à comparer cela à la politique chinoise. Journaliste américain et spécialiste des médias sociaux, Jeff Jarvis avait alors estimé que «frapper un mauvais usage et détruire l’outil est une politique à courte vue et vraiment très dangereuse pour une société libre».
En Tunisie, l’Internet a toujours été surveillé sous Ben Ali sans lois. Mais la censure et filtrage de la toile ont démontré leur inefficacité. Va-t-on légiférer aujourd’hui alors qu’on pensait avoir enterré Ammar 404 ? N’est-il pas mieux de réfléchir aux enjeux de croissance du numérique plutôt que de chercher à comment affaiblir sa portée ?
S.B.H
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