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Tunisie : Clashs entre journalistes et admins Facebook au congrès d’Ennahdha

Le Mouvement Ennahdha a tenu 9ème congrès du 12 au 16 juillet. Il s’agit du premier après la sortie de ce parti de la clandestinité. Les caméras et les plumes sont là. Tensions entre les journalistes et les blogueurs nahdhaouis

 

Le Mouvement Ennahdha a tenu 9ème congrès du 12 au 16 juillet. Il s’agit du premier après la sortie de ce parti de la clandestinité. Les caméras et les plumes sont là. Tensions entre les journalistes et les blogueurs nahdhaouis

congres-ennahdha-170712Le couloir mène à la salle du Congrès d’Ennahdha. A droite, l’entrée est interdite. L’espace est réservé aux blogueurs et administrateurs des pages Facebook. A gauche, une feuille A4 indique «presse». Entre les deux, le couloir de trois mètres de large fait office de faussé culturel mis en exergue lors de l’altercation entre les journalistes et le service d’ordre dans la matinée du 14 juillet.

Agression des journalistes

Ce jour-là, des mères de migrants disparus sont venues interpeller le Premier ministre, Hamadi Jebali, sur le sort de leurs enfants dont elles n’ont aucune nouvelle. Depuis plus d’un an, elles demandent des explications aux gouvernements italien et tunisien. En vain. Les journalistes présents sur place ce jour-là, ont voulu couvrir l’échange mais ont rapidement été empêché. La situation a dégénéré lorsque des journalistes s’en sont pris à des cameramen des pages Facebook, munis de badges spéciaux leur donnant accès aux conférences de presse et aux leaders du parti. Certains militants ont, alors, formé une chaîne humaine pour empêcher l’accès à la confrontation qui devenait violente, pendant que d’autres chantaient comme pour détourner l’attention. Face au tollé médiatique de l’affaire, les responsables du parti ont réuni les journalistes pour entendre leurs doléances.

Violence physique, mais aussi morale. «On nous a insulté. On nous a dit qu’on était des milices venues perturber le congrès. On est des professionnels, on n’est pas des gamins», a fustigé de son côté Amina Zayani, journaliste pour Radio Kalima. «C’est un acte déplorable» a concédé Arbi Soussi, attaché de presse du congrès. «Des jeunes du mouvement n’ont pas encore compris ce qu’est la démocratie. Etre neutre c’est porter un avis et son contraire», a soutenu, de son côté, Néjib Gharbi. Des excuses ont alors été présentées. Mais les journalistes ont soulevé un autre problème : les blogueurs et administrateurs des pages Facebook.

Retrait des badges des Facebookers

«Ils ont accès à tout, nous filment. Ils essaient de contrôler le travail des journalistes. Ils sont partout. Ce n’est pas normal», a souligné Chaker Besbes, journaliste à Mosaïque FM lors de cette réunion tenue le 14 juillet. Tous les journalistes présents dans la salle du premier étage du Palais des Congrès du Kram sont allés en ce sens. Les organisateurs du congrès ont alors décidé de retirer les badges presse des blogueurs et administrateurs des pages Facebook. Impossible pour eux désormais d’accéder aux conférences de presse, comme le confirme Yahya Boureb, un des contestés administrateurs de pages Facebook.

«Ils nous filment. Alors, nous le faisons aussi, lance-t-il. On ne fait pas confiance aux journalistes. Tous ceux qui travaillent en ce moment sont ceux qui travaillaient déjà sous Ben Ali. Ils disent que nous sommes les milices médiatiques d’Ennahdha. Mais ils ne montrent que les côtés négatifs». Il poursuit en citant l’exemple de Nessma TV dont le cameraman a été pris à partie. Pour lui, la couverture de l’altercation avec les mères des migrants «n’était pas objective. Ils ont dit que le Premier ministre les [familles, ndlr] a ignorées, mais il est revenu pour leur parler après. Quand on fera confiance aux journalistes, on arrêtera».

Selon quels critères les administrateurs des pages Facebook ont-ils obtenu des badges presse? Le service des relations presse du Mouvement Ennahdha ne fait-il pas la différence entre communicateurs et journalistes ? Qu’il s’agisse d’un choix étudié ou d’un dérapage par méconnaissance, le mal est fait. Par conséquent, l’information est la victime collatérale du congrès d’Ennahdha.

 

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