Réélu président du Mouvement Ennahdha avec une confortable majorité, Rached Ghannouchi a fait l’actualité sur les réseaux sociaux. Ses adeptes l’érigent subtilement au rang d’une autorité religieuse. Et ses détracteurs usent de satire. Propagande et contre-propagande.
Paumes tournées vers le ciel, Rached Ghannouchi s’illustre dans «Awled Ennahdha», le 16 juillet, glorifié par les administrateurs de cette page Facebook comptant plus de 128.000 habitués. Le caractère sacré de l’autorité dont il se trouve réinvesti est plus que jamais tape-à-l’œil. Evidemment, sans manquer de le qualifier de «Cheikh». C’est que la réélection du leader historique du Mouvement Ennahdha à la tête de ce parti politique a été célébrée, en grandes pompes, par les multiples pages nahdhaouies.
Elu par 744 voix sur un total de 1025 voix exprimées (72,58 %), Rached Ghannouchi brigue ainsi un nouveau mandat. Sans critiques ni protestations, une vague de félicitations émaille les pages pro-Ennahdha. Sa photo poings levés est donc massivement partagée sur des pages à l’instar de «Kolna maâa harakat Ennahdha» réunissant environ 72.650 fans. Et pour fêter la victoire de Ghannouchi, ces vecteurs de la propagande nahdhaouie font part des témoignages-hommages rendus à l’homme. Des leaders de l’AKP, parti islamiste turc, ainsi que ceux d’Ismael Hanyeh, figure emblématique du Hamas, sont pris comme des références par des pages dont «Soukour Ennahdha ettounissya el-islemya» forte de ses 71.150 abonnés.
Fidèles à leurs habitudes, les détracteurs du Mouvement Ennahdha n’ont pas lésiné sur les railleries. La page «Ennahdha dégage», rassemblant près de 35.000 fans, représente Ghannouchi vêtu à la façon d’un pape. Les administrateurs ironisent en relevant que les 27.2 % n’ayant pas voté pour lui sont des mécréants, faisant ainsi écho à sa déclaration lors de l’ouverture du Congrès d’Ennahdha. «Trahir les objectifs de la révolution, c’est trahir le bon Dieu, le Prophète et les croyants» lançait Ghannouchi, jeudi dernier.
Quant à la page «lierje3 rached Ghannouchi ila London», comptant plus de 53.000 abonnés, elle assimile l’élection de Ghannouchi à une parodie, comparant ainsi ses concurrents aux candidats «en carton» que Ben Ali affrontait lors des Présidentielles. Usant de satire mordante, la page «Pour que cette tomate aie plus de fan que Rached Ghannouchi» qui réunit environ 42 300 fans, s’intéresse à la proximité entre Mustapha Ben Jaafar et Ennahdha. Pour eux, le leader d’Ettakatol et Président de l’Assemblée Constituante était le seul à pouvoir vaincre Ghannouchi lors de ces élections.
Khalil Hajeri
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