Le feuilleton «Omar Ibn Al-Khattab» a provoqué une polémique au Mashreq. Et pour cause, le 2ème calife, compagnon du prophète, y a été représenté. Pour l’instant, la question est loin de provoquer les Tunisiens, y compris les plus radicaux d’entre-deux. On dirait que les salafistes sont en congé.
«Je n’ai pas reçu de menace de mort et ce n’est pas prêt d’arriver vu la réaction positive de l’opinion publique tunisienne» déclare l’acteur tunisien Ghanem Zrelli, mardi dernier, sur les ondes de Mosaïque Fm. En fait, le jeune comédien interprète du rôle d’Ali Ibn Abi Taleb dans ce feuilleton. Diffusé par Nessma Tv, «Omar Ibn Al-Khattab» n’a pour le moment pas crée de polémique en Tunisie.
Véto d’Al-Azhar et de Dar Al-Ifta
30.000 acteurs et figurants, 15.000 chevaux, 3800 chameaux, et plus de 300 jours de tournage dans le désert du Maroc, le feuilleton «Omar Ibn Al-Khattab» est l’une des plus grandes productions arabe si ce n’est la plus grande. Son premier épisode a été visionné par environ 318.000 internautes sur Youtube. Mais ce n’est pas pour cela que cette série tv ne cesse de faire parler d’elle durant ce mois de Ramadan. Omar est au cœur d’une polémique tout autre depuis le premier jour de sa diffusion : la personnification des compagnons du prophète.
En effet, les quatre compagnons du prophète qui n’avaient pas été «dévoilés» dans «Al Rissala», célèbre film de Mustapha Akkad, apparaissent, pour la première fois, dans le feuilleton réalisé par le syrien Hatem Ali, sur la vie d’Omar Ibn Al-Khattab. La pensée musulmane a-t-elle changé durant ces dernières décennies? Pas vraiment. L’une des principales institutions religieuses de l’islam sunnite, basée au Caire, Al-Azhar, a émis une fatwa affirmant que l’interdiction des représentations figuratives touche aussi bien prophètes que leurs compagnons. Dar Al-Ifta en Arabie saoudite est du même avis. Et Pourtant, le feuilleton est diffusé sur la chaîne saoudienne privée MBC, qui se trouve également être co-productrice de ce mégaprojet. «Un signe d’une défaite des institutions islamiques officielles comme Al-Azhar et Dar al-Ifta en Arabie saoudite» estime le critique de cinéma égyptien Tarek Al Chennaoui.
Deux Kaâba, deux mesures !
Du côté maghrébin, la journaliste Amira Soltane s’interroge dans le quotidien algérien L’Expression :«Comment se fait-il que l’Arabie Saoudite, qui avait refusé de produire le film Errissala dans les années 1970 a investi aujourd’hui à travers le groupe MBC dans cette superproduction audiovisuelle arabe?». Et d’ajouter : «L’Arabie Saoudite, qui avait interdit qu’on construise une seconde Kaâba, a mobilisé 299 décorateurs artistiques issus de 10 pays différents pour concevoir la Kaâba, recouverte de 12.000 mètres carrés de tissu pour les besoins du feuilleton Omar».
Diffusé sur MBC, Qatar Tv, la chaîne algérienne A3 et Nessma TV, le feuilleton semble attirer des millions de téléspectateurs dans le monde arabe. «Les producteurs de la série disent avoir reçu le soutien de plusieurs dignitaires religieux qui ont également examiné la véracité des faits historiques évoqués dans la série, notamment celui de l’influent théologien égyptien cheikh Youssef Al-Qaradaoui» rapporte l’AFP. Mais ceci n’a pas empêché la polémique d’enfler, notamment sur les réseaux sociaux, entre ceux qui demandent l’interdiction de sa diffusion et ceux qui la soutiennent.
Rappelons que la question de la représentation des prophètes et leurs compagnons n’est soulevée que chez les sunnites. Chez les Chiites, cette interdiction reste infondée. D’ailleurs, les productions iraniennes le prouvent, notamment avec les feuilletons sur le prophète «Youssef» ou encore «La Vierge Marie», les deux déjà diffusés sur Nessma Tv.
Sarah Ben Hamadi
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