Jeudi 15 novembre, un mouvement de protestation a été organisé à Tunis, pour condamner l’agression sioniste contre la bande de Gaza. Les manifestants ont dénoncé l’absence de décision chez les gouvernants arabes, et appelé à l’inscription dans la constitution de la criminalisation des relations avec Israël. Reportage.
«Ce sont nos frères qui sont attaqués. Ce n’est pas une question de religion, il y a des musulmans et des chrétiens à Gaza, mais c’est une question de justice, d’humanité», s’égosille Nissaf, une jeune avocate de 26 ans. Jeudi 15 novembre, cette sympathisante du Front populaire a répondu à l’appel lancé par le nouveau parti politique pour protester contre l’offensive israélienne sur Gaza baptisée « Pilier de défense ». Depuis le début de l’opération de Tsahal, déclenchée mercredi, avec la mort d’Ahmad Jaabari, le chef des opérations militaires du Hamas, 19 civils ont été tués et une douzaine d’autres blessées, dans la bande de Gaza. Des roquettes ont alors été lancées en direction de la ville de Kiryat Malachi, située à 30 km de Gaza, faisant 3 morts et 5 blessés, jeudi.
A l’angle de la rue d’Annaba et de la rue Mohamed Ali El Hammi, non loin du siège de l’UGTT, les policiers tentent de repousser les manifestants qui arrivent à se faufiler après avoir déplacé une petite Renault 5 bleue. Ils se dirigent alors sur l’avenue Habib Bourguiba, à l’instar de Fathi. Cet enseignant tient dans ses mains une affiche sur laquelle on peut lire : «Les gouvernements du soi-disant printemps arabe sont tendres avec l’entité sioniste qui assassine le peuple palestinien, alors qu’ils sont fermes avec la Syrie».
Salem, lui, se souvient avoir manifesté pour la première fois pour la cause palestinienne le 5 juin 1967. «Ce n’est pas une question de nationalité. On n’accepte pas la torture, l’injustice. Et quand on voit que les citoyens européens se mobilisent pour cette cause, on se dit que cette petite manifestation peut servir à quelque chose», estime ce retraité.
« Redeyef, Gaza, même combat »
Devant le théâtre national, les slogans fusent : «Notre âme et notre sang pour la Palestine», «Redeyef, Gaza, même combat», «Les Etats-Unis et les frères islamistes contribuent à l’attaque sioniste à Gaza». Des drapeaux tunisiens, palestiniens, mais aussi du régime syrien flottent au-dessus des quelque 300 manifestants. Devant un cordon de policiers, chargés de contenir la protestation, Meriem, 20, un pull et béret rose, estime que «les frères islamistes sont le reflet du mouvement sioniste dans le monde arabe : ce sont eux qui renforcent militairement, mais aussi économiquement Israël. Ils ont des intérêts stratégiques et sont profondément liés au gouvernement sioniste». A ses côtés, un jeune homme porte un tee-shirt frappé d’une « 1948 », date de la création d’Israël et de la Nakba (la catastrophe) pour les Palestiniens.
Samedi, la Ligue Arabe devrait tenir une réunion d’urgence sur la situation. « Il faut désarabiser la cause palestinienne. Tous les Etats arabes essaient d’intervenir. Ils utilisent cette cause à des fins politique et cela nuit à la cause palestinienne. Il faut arrêter avec ce marketing de la cause palestinienne. Ennahda l’a aussi utilisé pendant les élections et maintenant, ils viennent de laisser tomber l’inscription dans la constitution de la criminalisation des relations avec Israël », surenchérit Sofiane, un militant du Parti socialiste qui tient une pancarte peinte en noir où est écrit «Stop the assault on Gaza» (Arrêter l’assaut sur Gaza, en français). «Nous avons grandi avec la cause palestinienne, il est normal que cela figure dans la Constitution», lance de son côté, Mourad qui ajoute que «c’est une bonne chose qu’un parti politique (Wafa, ndlr) porte plainte contre des agents israéliens pour l’assassinat en 1988 d’Abou Jihad», le numéro deux de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) tué à Tunis.
Alors que les manifestants fustigeaient l’absence de décision du gouvernement, ce dernier a appelé, jeudi soir, la communauté internationale à se mobiliser pour arrêter l’offensive israélienne à Gaza. Ce vendredi, le ministre des Affaires étrangères, selon Shems FM, et le Premier ministre égyptien se rendent à Gaza. Israël a accepté une courte trêve.
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