A l’heure où l’affaire de Myriam, la jeune fille qui a été violée par des policiers refait surface, le slammeur Hatem Karoui, le musicien Skander Guetari et le jeune réalisateur Oussema Boukhris ont choisi ce moment pour montrer leur soutien à la victime/accusée en lançant le clip soutien « Lemra ».
Hatem Karoui et Oussema Boukhris se sont rencontrés à Paris, lors d’une manifestation contre le procès de la jeune fille violée, organisé à Châtelet en septembre dernier. Oussema était tenté par l’idée d’un clip soutenant la cause, et Hatem avait déjà écrit un texte à cet effet et a proposé de le sortir à l’occasion.
Plus tard, ils se retrouvent dans le studio d’enregistrement de Skander Guetari, également auteur de la musique accompagnatrice, et emballé par l’idée d’enregistrer le clip avec l’actrice Ons Trabelsi. En voici le résultat :
Etudiante en théâtre à Paris, Ons a été choisie à l’unanimité pour ses traits tunisiens et son expérience sur scène. Le tournage de ce clip a duré 3 jours non complets et la poste production a duré deux semaines.
E 29 novembre, le juge d’instruction du Tribunal de première instance de Tunis a prononcé un non-lieu en faveur de la jeune fille et de son petit ami, accusés d’outrage à la pudeur. Les policiers accusés ont décidé de faire appel contre la décision du juge d’instruction.
C’est cette décision qui a amené le trio à sortir le clip en temps et en heure, afin d’essayer de mettre l’accent sur la gravité de la situation des droits de la femme tunisienne « en danger imminent », précise Oussema Boukhris. «Même si le clip ne plaira pas à tout le monde, je pense que l’essentiel est là, le buzz est fait ».
Il est d’ailleurs repris par des pages Facebook à l’instar de celle défendant les droits de la femme arabe et qui est devenu un symbole de lutte pour défendre leur cause « The uprising of women in the Arab world ».
«J’espère que la justice accordera plus d’attention à cette affaire qui a marquée toute la Tunisie et surtout les tunisiennes… On est tous violé, on est tous avec Myriam. Vive la femme tunisienne libre», déclare le jeune réalisateur.
La traduction des paroles du clip (par Sana Sassi) :
La femme
La femme, c’est Eve, La femme, c’est Didon,
La femme, c’est Kahena, La femme, c’est Jezia Lehlaliya
La femme, c’est Zina & Aziza, c’est aussi Aziza Othmana
La femme, c’est Saïda Mannoubia & Saïda Alya,
La femme, c’est Saïda Olaya ; Saliha ; Hibaba Msika,
Et puis, c’est Ommi Traki ness mleh….
La femme est un bienfait ; pas un châtiment ; c’est une rose…
La femme, c’est ma grand-mère paternelle ; ma grand-mère maternelle ; la tienne aussi d’ailleurs…
La femme, c’est ma mère, c’est ma tante paternelle, ma tante maternelle…
La femme, c’est ma cousine, voire la fille de mon cousin…
La femme, c’est ma sœur, et ta sœur aussi…
La femme, c’est ma belle-mère… soit la mère de ma femme, oui MA femme, ne vous en déplaise !
La femme : cassée, engrossée, fatiguée, endormie, anesthésiée, accouchée, massacrée, blessée, révoltée autant que celle qui l’a engendrée ! Séparée de sa mère, pesée, nettoyée, étouffée, nourrie au sein, endormie, réveillée, sevrée, élevée, amusée, présentée au petit oiseau, excisée, altérée, abusée, cachée comme l’on cacherait le soleil avec un tamis…
La femme n’est pas dissimulable ! Elle n’est ni à vendre ni à se procurer, ni à soudoyer !!!
Honte à cette fausse « virilité » dont s’habillent certains hommes pour s’attaquer à la femme…
Et honte à ladite « virilité » qui fait que l’homme devienne une « merde » !!!
Sara Tanit
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