Voici un discours qui a marqué l’Histoire. Devant 60.000 personnes, après son élection à la tête de l’Afrique du Sud, le héros de la lutte contre le régime raciste d’apartheid, et premier président noir de l’Afrique du Sud, avait prononcé pour son investiture, le 10 mai 1994, l’un des 100 discours qui ont marqué le XXe siècle.
Majestés, Altesses, invités distingués, camarades et amis,
Aujourd’hui, nous tous, par notre présence ici et par nos célébrations dans d’autres régions de notre pays et du monde, nous conférons gloire et espoir à une liberté tout juste née.
De l’expérience d’un désastre humain inouï qui a duré beaucoup trop longtemps, doit naître une société dont toute l’humanité sera fière.
Nos actions quotidiennes, en tant que simples Sud-Africains, doivent susciter une réalité sud-africaine concrète qui renforcera la foi de l’humanité en la justice, confirmera sa confiance en la noblesse de l’âme humaine et maintiendra tous nos espoirs envers une vie glorieuse pour tous.
Tout ceci, nous le devons tant à nous-mêmes qu’aux peuples du monde qui sont si bien représentés ici, aujourd’hui.
Je n’hésite pas à dire à mes compatriotes que chacun d’entre nous est aussi intimement attaché à la terre de ce beau pays que le sont les célèbres jacarandas de Pretoria et les mimosas du bushveld.
Chaque fois que l’un d’entre nous touche le sol de ce pays, nous ressentons un sentiment de renouveau personnel. L’humeur nationale change avec les saisons.
Nous sommes mus par un sentiment de joie et d’euphorie lorsque l’herbe verdit et que les fleurs s’épanouissent.
Cette unité spirituelle et physique que nous partageons tous avec cette patrie commune explique l’intensité de la douleur que nous avons tous portée dans nos cœurs lorsque nous avons vu notre pays se déchirer dans un conflit terrible, et lorsque nous l’avons vu rejeté, proscrit et isolé par les peuples du monde, précisément parce qu’il était devenu la base universelle de l’idéologie et de la pratique pernicieuse du racisme et de l’oppression raciale.
Nous, le peuple d’Afrique du Sud, nous sentons profondément satisfaits que l’humanité nous ait repris en son sein, et que le privilège rare d’être l’hôte des nations du monde sur notre propre terre nous ait été accordé, à nous qui étions hors-la-loi il n’y a pas si longtemps.
Nous remercions tous nos distingués invités internationaux d’être venus prendre possession avec le peuple de notre pays de ce qui est, après tout, une victoire commune pour la justice, la paix, la dignité humaine.
Nous sommes sûrs que vous continuerez à être à nos côtés lorsque nous aborderons les défis de la construction de la paix, de la prospérité, de la démocratie, et que nous nous attaquerons au sexisme et au racisme.
Nous apprécions infiniment le rôle qu’ont joué les masses de nos concitoyens et leurs dirigeants politiques, démocratiques, religieux, féminins, jeunes, économiques, traditionnels et autres pour parvenir à cette conclusion. Et parmi eux se trouve notamment mon second vice-président, l’honorable Frederik Willem De Klerk.
Nous aimerions également rendre hommage à nos forces de sécurité, tous grades confondus, pour le rôle distingué qu’elles ont joué en protégeant nos premières élections démocratiques et la transition vers la démocratie des forces sanguinaires qui refusent toujours de voir la Lumière.
Le temps est venu de panser nos blessures.
Le moment est venu de réduire les abîmes qui nous séparent.
Le temps de la construction approche.
Nous avons enfin accompli notre émancipation politique. Nous nous engageons à libérer tout notre peuple de l’état permanent d’esclavage à la pauvreté, à la privation, à la souffrance, à la discrimination liée au sexe ou à toute autre discrimination.
Nous avons réussi à franchir le dernier pas vers la liberté dans des conditions de paix relative. Nous nous engageons à construire une paix durable, juste et totale.
Nous avons triomphé dans notre effort pour insuffler l’espoir dans le cœur de millions de nos concitoyens. Nous prenons l’engagement de bâtir une société dans laquelle tous les Sud-Africains, blancs ou noirs, pourront marcher la tête haute sans aucune crainte au fond de leur cœur, assurés de leur droit inaliénable à la dignité humaine – une nation arc-en-ciel en paix avec elle-même et avec le monde.
Comme gage de son engagement dans le renouveau de notre pays, le nouveau gouvernement transitoire d’unité nationale examinera, comme cas d’urgence, la question de l’amnistie pour plusieurs catégories de concitoyens qui purgent actuellement des peines d’emprisonnement.
Nous dédions ce jour à tous les héros, hommes et femmes, de ce pays et du reste du monde qui ont sacrifié, de diverses manières, et mis en jeu leur vie afin que nous puissions être libres. Leurs rêves sont devenus réalité. La liberté est leur récompense.
Nous sommes à la fois rendus modestes et exaltés par l’honneur et le privilège que vous, citoyens d’Afrique du Sud, nous avez conféré, en tant que premier président d’un gouvernement uni, démocratique, non-racial et non-sexiste, de conduire notre pays hors de la vallée des ténèbres.
Nous comprenons bien qu’il n’y a pas de voie facile vers la liberté. Nous savons bien que nul d’entre nous agissant seul ne peut obtenir la réussite. Nous devons donc agir ensemble en tant que peuple uni, pour la réconciliation nationale, pour la construction de la nation, pour la naissance d’un nouveau monde.
Que la justice soit présente pour tous!
Que la paix soit là pour tous!
Que le travail, le pain, l’eau et le sel soient à la disposition de tous!
Que chacun sache cela, car tant le corps que l’esprit et l’âme ont été libérés pour leur plein épanouissement!
Que jamais, au grand jamais ce beau pays ne subisse l’oppression de l’un par l’autre et ne souffre l’indignité d’être le pestiféré du monde.
Que règne la liberté!
Le soleil ne se couchera jamais sur une réussite humaine si glorieuse.
Dieu bénisse l’Afrique.
Merci.
Voici un discours qui a marqué l’Histoire. Devant 60.000 personnes, après son élection à la tête de l’Afrique du Sud, le héros de la lutte contre le régime raciste d’apartheid, et premier président noir de l’Afrique du Sud avait prononcé pour son investiture, le 10 mai 1994, l’un des “100 discours qui ont marqué le XXe siècle :
Majestés, Altesses, invités distingués, camarades et amis,
Aujourd’hui, nous tous, par notre présence ici et par nos célébrations dans d’autres régions de notre pays et du monde, nous conférons gloire et espoir à une liberté tout juste née.
De l’expérience d’un désastre humain inouï qui a duré beaucoup trop longtemps, doit naître une société dont toute l’humanité sera fière.
Nos actions quotidiennes, en tant que simples Sud-Africains, doivent susciter une réalité sud-africaine concrète qui renforcera la foi de l’humanité en la justice, confirmera sa confiance en la noblesse de l’âme humaine et maintiendra tous nos espoirs envers une vie glorieuse pour tous.
Tout ceci, nous le devons tant à nous-mêmes qu’aux peuples du monde qui sont si bien représentés ici, aujourd’hui.
Je n’hésite pas à dire à mes compatriotes que chacun d’entre nous est aussi intimement attaché à la terre de ce beau pays que le sont les célèbres jacarandas de Pretoria et les mimosas du bushveld.
Chaque fois que l’un d’entre nous touche le sol de ce pays, nous ressentons un sentiment de renouveau personnel. L’humeur nationale change avec les saisons.
Nous sommes mus par un sentiment de joie et d’euphorie lorsque l’herbe verdit et que les fleurs s’épanouissent.
Cette unité spirituelle et physique que nous partageons tous avec cette patrie commune explique l’intensité de la douleur que nous avons tous portée dans nos cœurs lorsque nous avons vu notre pays se déchirer dans un conflit terrible, et lorsque nous l’avons vu rejeté, proscrit et isolé par les peuples du monde, précisément parce qu’il était devenu la base universelle de l’idéologie et de la pratique pernicieuse du racisme et de l’oppression raciale.
Nous, le peuple d’Afrique du Sud, nous sentons profondément satisfaits que l’humanité nous ait repris en son sein, et que le privilège rare d’être l’hôte des nations du monde sur notre propre terre nous ait été accordé, à nous qui étions hors-la-loi il n’y a pas si longtemps.
Nous remercions tous nos distingués invités internationaux d’être venus prendre possession avec le peuple de notre pays de ce qui est, après tout, une victoire commune pour la justice, la paix, la dignité humaine.
Nous sommes sûrs que vous continuerez à être à nos côtés lorsque nous aborderons les défis de la construction de la paix, de la prospérité, de la démocratie, et que nous nous attaquerons au sexisme et au racisme.
Nous apprécions infiniment le rôle qu’ont joué les masses de nos concitoyens et leurs dirigeants politiques, démocratiques, religieux, féminins, jeunes, économiques, traditionnels et autres pour parvenir à cette conclusion. Et parmi eux se trouve notamment mon second vice-président, l’honorable Frederik Willem De Klerk.
Nous aimerions également rendre hommage à nos forces de sécurité, tous grades confondus, pour le rôle distingué qu’elles ont joué en protégeant nos premières élections démocratiques et la transition vers la démocratie des forces sanguinaires qui refusent toujours de voir la Lumière.
Le temps est venu de panser nos blessures.
Le moment est venu de réduire les abîmes qui nous séparent.
Le temps de la construction approche.
Nous avons enfin accompli notre émancipation politique. Nous nous engageons à libérer tout notre peuple de l’état permanent d’esclavage à la pauvreté, à la privation, à la souffrance, à la discrimination liée au sexe ou à toute autre discrimination.
Nous avons réussi à franchir le dernier pas vers la liberté dans des conditions de paix relative. Nous nous engageons à construire une paix durable, juste et totale.
Nous avons triomphé dans notre effort pour insuffler l’espoir dans le cœur de millions de nos concitoyens. Nous prenons l’engagement de bâtir une société dans laquelle tous les Sud-Africains, blancs ou noirs, pourront marcher la tête haute sans aucune crainte au fond de leur cœur, assurés de leur droit inaliénable à la dignité humaine – une nation arc-en-ciel en paix avec elle-même et avec le monde.
Comme gage de son engagement dans le renouveau de notre pays, le nouveau gouvernement transitoire d’unité nationale examinera, comme cas d’urgence, la question de l’amnistie pour plusieurs catégories de concitoyens qui purgent actuellement des peines d’emprisonnement.
Nous dédions ce jour à tous les héros, hommes et femmes, de ce pays et du reste du monde qui ont sacrifié, de diverses manières, et mis en jeu leur vie afin que nous puissions être libres. Leurs rêves sont devenus réalité. La liberté est leur récompense.
Nous sommes à la fois rendus modestes et exaltés par l’honneur et le privilège que vous, citoyens d’Afrique du Sud, nous avez conféré, en tant que premier président d’un gouvernement uni, démocratique, non-racial et non-sexiste, de conduire notre pays hors de la vallée des ténèbres.
Nous comprenons bien qu’il n’y a pas de voie facile vers la liberté. Nous savons bien que nul d’entre nous agissant seul ne peut obtenir la réussite. Nous devons donc agir ensemble en tant que peuple uni, pour la réconciliation nationale, pour la construction de la nation, pour la naissance d’un nouveau monde.
Que la justice soit présente pour tous!
Que la paix soit là pour tous!
Que le travail, le pain, l’eau et le sel soient à la disposition de tous!
Que chacun sache cela, car tant le corps que l’esprit et l’âme ont été libérés pour leur plein épanouissement!
Que jamais, au grand jamais ce beau pays ne subisse l’oppression de l’un par l’autre et ne souffre l’indignité d’être le pestiféré du monde.
Que règne la liberté!
Le soleil ne se couchera jamais sur une réussite humaine si glorieuse.
Dieu bénisse l’Afrique.
Merci.
D’après ragemag.fr
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