Dans le cadre du projet intitulé «L’utilisation durable de l’eau dans le bassin méditerranéen» le Centre de recherches et technologies des eaux, Pôle technologique Borj Cedria (CERTE), a organisé à Tunis un atelier consacré à l’aspect institutionnel d’une bonne gouvernance de l’eau.
Plusieurs représentants du secteur public et privé, des experts, des chercheurs et des acteurs de la société civile étaient présents à cette rencontre.
Limiter les obstacles qui freinent la gestion durable de l’eau en Tunisie
Cet événement a pour objectif de mettre en place une nouvelle gouvernance de l’eau participative, faisant intervenir tous les acteurs en rapport avec la gestion et l’utilisation de l’eau par le renforcement et la mise en place d’un système d’institutions qui interagissent entre elles de manière claire et adaptée, selon les priorités actuelles et en éliminant les limitations et les obstacles qui freinent le développement du secteur de l’eau en Tunisie.
«Le CERTE, à travers son Laboratoire de traitement des eaux usées, a réalisé des projets de recherche et de développement sur la gestion locale de l’eau et a démontré la faisabilité des résultats obtenus», a indiqué Latifa Bousselmi, coordinatrice en Tunisie du projet SWMED pour une utilisation durable de l’eau dans le bassin méditerranéen.
«Les stations pilotes de gestion locale de l’eau ont été réalisées et testées dans le contexte tunisien en consortium avec d’autres institutions de recherche. Il serait important, pour une gestion durable de l’eau, d’intégrer les résultats de recherche obtenus en agissant à différents niveaux du système de gouvernance de l’eau», a précisé Mme Bousselmi.
En effet, «il est difficile de réaliser une mise en œuvre de plans d’actions tant que l’aspect institutionnel et légal n’a pas pris en compte les solutions identifiées par les différents acteurs dans les mécanismes existants», a-t-elle ajouté.
Une multiplicité d’intervenants et une incohérence des décisions
Aujourd’hui, la gestion de l’eau se situe essentiellement au niveau du ministère de l’agriculture qui n’est autre que le département qui représente le plus gros secteur consommateur d’eau.
Il est également simple de constater que la multitude d’intervenants et la verticalité dans la prise de décision, handicapent le processus de régulation de la gestion de l’eau, ce qui limite l’efficacité des actions qui pourraient être mises en place.
ll n’existe pas non plus une institution pour la régulation éthique, l’observation, l’évaluation et le suivi des décisions et de la cohérence des différentes stratégies.
Boubaker Houman, enseignant universitaire, actif dans la société civile, a expliqué que «la multiplicité des acteurs dans la gestion de l’eau se traduisait par la diversité des stratégies». Il est primordial et urgent de créer une coordination efficace et une cohérence entre les différentes parties prenantes (Ministères, offices et agences publiques, directions déconcentrées, autorités locales, exploitants de services, usagers…)», a-t-il soutenu.
Les parties prenantes, réunies par le CERTE autour de ce sujet, ont ainsi exprimé l’urgence de créer un mécanisme et des outils permettant une gestion locale, équitable, transparente, efficace et durable de l’eau.
Lors de la dernière table ronde organisée par le CERTE pour l’étude d’une meilleure gouvernance de l’eau, la plupart des intervenants se sont accordés sur le fait que la gestion du secteur de l’eau ne doit plus être attribuée au ministère de l’agriculture et qu’il devrait faire l’objet d’une nouvelle institution indépendante ou qui agit horizontalement sous la tutelle du premier ministère, et ce en plus de l’activation effective du Conseil supérieur de l’eau et de son rôle pour le développement d’une stratégie de l’eau.
Le Partenariat Public-Privé
Le secteur privé doit contribuer à l’amélioration du système de gestion de l’eau. Durant la rencontre, les représentants des différentes institutions actives dans le secteur de l’eau en Tunisie, se sont accordés pour que la mission du secteur privé devrait être orientée vers des prestations de services, sous le contrôle des services publics. L’eau est considérée comme un bien commun.
Le citoyen est également amené à jouer un grand rôle afin de préserver le caractère «public» de la gestion de l’eau en respectant ses devoirs, mais aussi en utilisant ses droits à l’information et à la participation à la prise de décision. Dans ce contexte, il est urgent de considérer l’eau, et ceci d’une façon claire, comme un «patrimoine» commun national et d’éliminer toute confusion au niveau des textes juridiques.
Le CERTE rappelle que compte tenu de la rareté de l’eau et du droit à l’eau et à la vie dans n’importe quelle région de la Tunisie, il est urgent de proposer une nouvelle approche pour la gouvernance de l’eau par les différents organismes et départements impliqués de près ou de loin dans la gestion de l’eau. Le CERTE rappelle aussi le rôle primordial de la société civile qui devra contribuer à plusieurs niveaux pour soutenir et atteindre les objectifs d’une bonne gouvernance de l’eau.
Tekiano avec Communiqué CERT
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