L’avant-première du dernier long-métrage Le Dernier Mirage, le thriller psychologique de Nidhal Chatta, s’est déroulée le mardi 18 février en présence d’un grand nombre d’artistes et politiciens tunisiens ainsi que les acteurs principaux du film, à savoir le Franco-américain Jean Marc Barr, Hichem Rostom, Monem Chwayet, Moez Mrabet et Ferid Memmich.
Projeté pour la première fois dans le cadre des Journées Cinématographiques de Carthage en 2012, ce film sort enfin dans les salles tunisiennes. Il a déjà fait parler de lui à l’époque et pour cause, le film nous plonge au cœur de la guerre entre les USA et l’Irak et fait intervenir le sud tunisien pour être le théâtre d’une lutte afin de récupérer un précieux manuscrit «Le troisième infini»; un document qui date de l’époque de Haroun Errachid attestant que les Arabes de l’Age d’Or ont découvert la théorie de l’évolution des espèces bien avant Darwin…
Bagdad ne sera plus jamais Bagdad !
Dès le début du film, on replonge dans l’ambiance morose de la chute du régime de Saddam Hussein en Irak en 2003. L’invasion américaine a détruit Bagdad et a essayé d’enfuire l’histoire de ce pays en subtilisant ses trésors archéologiques. «Le Troisième Infini» a réussi à s’échapper grâce à un archéologue tunisien, “Dr Oussema” (Hichem Rostom), pour atterrir dans le Sahara tunisien, dans le Grand Erg Oriental. Ainsi commence la bataille pour récupérer ce manuscrit.
Le réalisateur du film, Nidhal Chatta, déclare: «J’ai choisi l’invasion de l’Irak en 2003 comme point d’ancrage pour ma fiction. C’est aussi ma façon de dénoncer le massacre des innocents et la mise à sac du patrimoine et de la civilisation d’un grand pays et d’un grand peuple».
On suit les périples d’un biologiste franco-américain, “Livingstone” (Jean Marc Barr), qui se rend dans le sud tunisien pour étudier sa faune et gagne la confiance de tout le monde alors qu’on se méfiait de lui au début.
Il rencontre un inspecteur redoutable “Abdallah” (Monem Chwayet) lisse malgré ces allures de grand dur qui le soupçonne au début d’être l’acteur d’une série de meurtres effectués réellement par le docteur du village “Rachid” (Lotfi Dziri) pour ensuite se rendre compte que c’est ce dernier qui a tout manigancé.
Dr Oussema vit dans ce village depuis 8 mois avec sa fille “Selima” (Elisa Tovati), cette dernière vivait une idylle avec l’inspecteur mais le délaisse aux dépens du biologiste qui réussit à les manipuler, elle et son père, pour arriver à ses fins. Le seul rôle féminin semble au début presque de trop si ce n’est qu’elle semble orienter les chercheurs dans leur quête du trésor et c’est elle qui marquera la fin du film…
Un jeu d’acteurs saisissant
Le rythme long de la fiction (100 minutes) et les scènes superflues ont pu être dépassées grâce à la prestation d’acteurs de grands calibres, notamment de Jean Marc Barr et de Lotfi Dziri, qui crèvent littéralement l’écran dans le film. Lotfi Dziri dans le rôle d’un docteur manipulateur, méchant et perfide, a concentré toute l’intrigue sur lui jusqu’à son déploiement final. Une grande dernière prestation du défunt artiste qui mérite d’être saluée.
Jean Marc Barr a su nous tenir en haleine jusqu’au bout. Connu auprès du public pour son rôle dans «Le Grand Bleu» de Luc Besson, l’acteur Franco-américain a incarné un gentil biologiste pacifiste qui cache bien son jeu. Dans son souci de se faire accepter en tant qu’étranger dans un moment où on se méfie hautement des Américains, l’acteur séduit et déçoit, c’est dire qu’il a joué sur l’ascenseur émotionnel du public.
Le sud tunisien mis à l’honneur
Le film met en avant les excellents paysages du sud tunisien et la beauté de la région de Tozeur. Il sert de support pour promouvoir cette région de la Tunisie, le Chott Jrid et l’entrée d’un village authentique berbère (probablement celui de Tamerza) qui sont sublimés par des plans tantôt larges tantôt serrés offrant de véritables tableaux artistiques. Les ruelles aux petites briques aux teintes ocres, caractéristiques de la ville de Tozeur, son architecture et les montagnes de la région sont embellies avec la lumière du désert.
Le film ne manque pas de symboles et de clins d’œil qui évoquent le rôle des USA et sa dominance sur les pays du Moyen-Orient, notamment la Tunisie et le bras de fer pour trouver en premier le trésor, tant désiré, traduit une lutte et un acharnement qui n’a rien de fictif..
Vous pouvez voir le film à partir du mercredi 19 février dans les salles Mad’art de Carthage (à 17H, 19H et 21H), au ciné Théâtre le Rio de Tunis ( tous les jours sauf le lundi à 15H30 et 18H30) et à la salle Amilcar d’El Manar.
Sara Tanit
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