Le guitariste espagnol Paco de Lucia, légende du flamenco, est décédé au Mexique à l’âge de 66 ans, a annoncé mercredi la mairie d’Algésiras, sa ville natale du sud de l’Espagne, qui rendait hommage à «la plus grande figure qu’ait connu le monde de la guitare». …
Le guitariste espagnol Paco de Lucia, légende du flamenco, est décédé au Mexique à l’âge de 66 ans, a annoncé mercredi la mairie d’Algésiras, sa ville natale du sud de l’Espagne, qui rendait hommage à «la plus grande figure qu’ait connu le monde de la guitare».
Le guitariste flamenco Paco de Lucía a été pris d’un malaise, mardi 25 février, alors qu’il jouait avec ses enfants sur une plage de Cancún (Mexique), où il possédait une maison. Son cœur, qu’il avait profondément gitan, sans en être un lui-même, a lâché sur le chemin de l’hôpital.
Rappelons qu’en Tunisie, et précisément, sur la scène du théâtre romain de Carthage, lors de 49ème édition du festival international de Carthage, Paco de Lucia avait déployait toute la splendeur de sa musique flamenco durant une heure et 40 minutes pour chavirer et émerveiller plus que 7’000 fans qui étaient venus assister, le 1er août 2013, à son concert « envivo ».
Paco de Lucia, de son vrai nom Francisco Sanchez Gomez, était né le 21 décembre 1947 dans cette ville de la région de Cadix, avant de devenir un guitariste mondialement connu, qui a su moderniser le flamenco traditionnel en l’associant avec le jazz et en puisant son inspiration dans divers horizons musicaux, y compris dans la musique classique. En 2004, il avait reçu le prix Prince des Asturies des Arts, l’une des plus hautes distinctions espagnoles.
«Considéré comme le plus universel des artistes flamenco, son style a fait école parmi les plus jeunes générations et son art est devenu un des meilleurs ambassadeurs de la culture espagnole à travers le monde», avait souligné le jury.
Paco de Lucia, soulignait la Fondation Prince des Asturies, «a dépassé les frontières et les styles pour devenir un musicien de dimension universelle. A partir de la guitare flamenco, il a aussi exploré le répertoire classique espagnol, d’Isaac Albeniz à Manuel de Falla, l’émotion de la bossa nova et du jazz». «Tout ce qui peut s’exprimer avec les six cordes de la guitare est entre ses mains», ajoutait le jury.
Malgré la célébrité, le guitariste était toujours resté discret, habitué à monter sur scène dans une tenue d’une grande sobriété, en pantalon noir, chemise blanche et veste noire. Il avait notamment contribué au succès de la voix légendaire du flamenco espagnol, Camaron de la Isla, qui a enregistré avec lui ses neuf premiers albums.
La famille de Paco de Lucía était pauvre. Il a grandi dans le triangle magique du Sud andalou. Il a appris la guitare avec son père, ses oncles, qui jouaient pour les riches dans des fêtes, après avoir parfois attendu toute la nuit qu’ils manifestent leur bon vouloir. Il est le seul guitariste flamenco à avoir étendu son champ d’expérience, son succès, son public, sans y laisser son âme. Paco de Lucía était comme le vin de Sanlúcar et respirait le parfum du Guadalquivir.
Chaque rythme était pris avec le même sens du frôlement, comme des vagues, comme des brises.
Paco de Lucia commence sa carrière à l’âge de 14 ans, engagé comme guitariste pour la compagnie de danse José Greco. En tournée aux Etats-Unis, il croise Mario Escudero et Sabicas, deux guitaristes espagnols de renommée qui l’encouragent à mener une carrière de soliste. Il enregistre son premier disque en 1965 et donne un concert au Teatro Real de Madrid. En 1975, année charnière enEspagne qui revenait à la démocratie, Paco de Lucía connaît un grand succès commercial avec une rumba, Entre dos Aguas.
Rien n’est plus simple que de jouer virtuose et hystérique, Paco de Lucía était tout le contraire : la douceur des violences. Les caresses animées sur les cordes. Le jazz avait changé son regard, pas sa musique. Sa technique fascinante l’a fait intégrer le trio (guitares acoustiques) de John McLaughlin et Al Di Meola. Il a également rencontré Larry Coryell, Carlos Santana et Egberto Gismonti.
A.A d’après lemonde.fr