Le parcours de ce trentenaire démontre qu’à force de persévérance et de patience, il est possible de faire de sa passion sa profession. Ce qu’il faut? Ne pas hésiter à frapper à toutes les Portes et puis dépasser les limites fixées par sa formation académique…
Maher Hanefi, à tout juste 30 ans, est ingénieur en télécommunications, R&D Software Development Engineer chez Tamaggo Montréal, l’entreprise qui a lancé la caméra 360°, retenue en 2012 comme la meilleure innovation technologique. Il est aussi auto-entrepreneur.
Un cursus universitaire entre la Tunisie et le Canada
Maher Hanafi est à la base un ingénieur télécom diplômé de l’Ecole supérieure des communications de Tunis, Sup’Com. Il fut classé 66ème sur 2.500 étudiants à l’école préparatoire de Montfleury, par la suite il a passé son PFE au Québec dans un laboratoire de photonique et laser.
Au cours de son projet de fin d’études qui a duré 4 mois, il a décroché une possibilité d’effectuer un master au Canada en génie électrique et génie informatique spécialité traitement d’image 3D et réalité augmentée en collaboration avec UBISOFT; compagnie française de jeux vidéos. Il a été chargé de faire un module de suivi de mouvement des personnes avec une caméra et sans connexion.
«Pour avoir des PFE au Canada, j’ai envoyé plusieurs lettres et CV pour enfin ne recevoir que deux réponses… Pendant ce PFE, j’ai visité des universités et j’ai cherché à avoir une bourse. Finalement j’ai réussi à convaincre un professeur canadien et on m’a accordé le master avec bourse…», précise-t-il.
L’auto-apprentissage chez EA – Electronics Arts
«J’ai postulé pour la compagnie EA – Electronics Arts, une grande société spécialisée en jeux vidéo qui a lancé plusieurs jeux dont le célèbre FIFA. J’ai été recruté en tant que développeur de jeux mobiles étant moi-même fan de jeux vidéo depuis toujours, et je savais qu’il n’y avait pas en Tunisie des boites qui pouvaient allier à la fois ma passion et le domaine dans lequel je souhaitais évoluer.
Je suis ingénieur en télécom. Je n’ai eu pas eu de cours en informatique, je me suis auto-formé, j’ai appris à développer notamment avec Java et à développer des applications pour androïde et iOS…», raconte-t-il.
Après EA, chez qui il a travaillé 2 ans, il a été contacté par plusieurs compagnie parmi lesquelles Tamaggo et a eu un poste en adéquation avec son profil, ce qui lui a permis de développer des solutions en traitement d’image en 3D pour le mobile. Il a rejoint la boîte en 2012. Actuellement chez Tamaggo, il développe la solution 3D de la caméra 360.
Etre tunisien au Canada
Le parcours de Maher Hanafi n’a pas été de tout repos! Il a tout de suite dû faire face à des obstacles de grandes tailles dès qu’il a mis les pieds au Canada. Il a commencé son aventure à Montréal sans papiers (volés à son arrivée) et a commencé avec 20 dollars en poche… Tout est parti de là!
La récupération de ses documents et son passeport a relevé du parcours du combattant… Avec un peu de chance, il a réussi à renouveler son passeport, cet incident l’a incité à s’accrocher encore plus et à préserver …
Il explique qu’en tant que Tunisien, pour travailler aux USA, au Canada ou en Australie, tout ce qui compte c’est le talent et ce que tu as dans le ventre: «Quand j’ai travaillé chez EA, il y avait un Chinois, un Américain, un Italien avec qui je partageais le bureau et un Tunisien à l’autre bout du couloir. On n’y parle jamais origine, tant qu’on est bon dans ce qu’on fait, on ne trouve pas de difficultés».
«Travailler dans la plus grande boite de monde m’a donné beaucoup de visibilité et j’ai reçu des propositions venant de Google, Apple et Microsoft entres autres…», ajoute Maher.
Auto-entrepreneur, un rêve qui se réalise
Parallèlement à son activité professionnelle, Maher a lancé depuis peu sa propre start-up «Diginium Graphics» en Tunisie, spécialisée dans le développement des applications mobiles. «Dans ma boite, j’ai réussi à m’épanouir mais j’ai aussi embauché des personnes ici en Tunisie… », dit-il.
«Je suis sorti de ma zone de confort et j’ai commencé à développer des applications personnelles dédiées au mobile, pour l’instant j’ai presque 15 applications avec 2 millions de téléchargements …», ce qui est assez performant pour des applications tunisiennes.
«J’ai visé le global market, une approche mondiale, je n’ai pas visé seulement les Tunisiens mais tous les pays en traduisant les applications en d’autres langues internationales comme le chinois, le japonais ou l’allemand, d’où le grand nombre de téléchargements…»
«J’ai travaillé dans les plus grandes boites au monde à force de persévérance, mais l’idée de lancer mon propre projet m’a aussi séduit. Mon plus grand défi? J’ai été obligé de m’adapter à chaque fois, ce qui m’a mis face à des challenges et des obstacles à dépasser.», souligne-t-il.
Maher Hanafi conseille aux jeunes d’aller dans la direction des choses qu’ils aiment, des projets qui les passionnent, même si ça ne rapporte pas beaucoup d’argent au début; toute expérience est bonne à prendre, il faut toujours oser aller en avant…
Sara Tanit
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