Dans le cadre du Programme d’Appui au Système de Recherche et de l’Innovation (PASRI) financé par l’Union européenne (UE) et mis en œuvre par la GIZ (Coopération allemande au développement), des actions de grande envergure ont été mises en place au niveau national afin de promouvoir le transfert de technologie et de savoir.
Actuellement, la création d’entreprise à partir des résultats de la recherche scientifique joue de plus en plus un rôle décisif dans la compétitivité des pays, et que la commercialisation des connaissances et des techniques provenant d’unités de recherches est le vecteur de leur valorisation économique.
Un coaching individuel mis à la disposition des intéressés
Connu le plus sous la nomination «essaimage scientifique», un module de formation a été planifié en octobre prochain au profit d’acteurs de transfert de technologie à ce sujet, pour une meilleure sensibilisation sur ce concept et donc une meilleure exploitation. Il sera assuré par des experts tunisiens et étrangers.
«Ce module couronnera un cycle de formation-action en transfert de savoir et de technologie constitué de huit modules et a pour objectifs principaux de présenter les différentes étapes de création d’une entreprise à partir de résultats de recherche (développement d’un business plan, etc.), ainsi que les mécanismes de soutien (incubateur, coaching, financement) disponibles au niveau national. Un coaching individuel sera également mis à disposition des intéressés à l’issue de ce module», déclare Fatma M’Selmi, experte au Programme d’Appui à l’Entrepreneuriat et à l’Innovation (PAEI).
De nombreux pays se sont efforcés de favoriser la création d’entreprises à partir de résultats de recherche en créant des ”incubateurs d’entreprises” et des parcs scientifiques pour créer les conditions favorables à ce processus. Mais qu’en est-il en Tunisie?
Selon une étude menée en 2012 sous l’égide de la GIZ-PAEI, en partenariat avec le ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, un état des lieux de l’essaimage scientifique en Tunisie a été décelé.
Essaimage conventionnel et essaimage scientifique
Sous forme de parrainage, d’aide financière, d’assistance technique, de transfert de technologies ou d’activité, etc., l’essaimage conventionnel constitue un ensemble de mesures conditionnelles qu’une organisation -l’essaimante- apporte à un entrepreneur -l’essaimé- lors d’un projet de création ou de reprise d’une activité économique.
En mettant en œuvre l’accès au savoir, l’accès au marché et l’accès au financement, il contribue à une diversification économique, au transfert du savoir-faire, à la reconversion de l’emploi et au développement social.
L’essaimage peut également prendre la forme d’un acte de développement ou de création d’une nouvelle entité économique à partir d’une entité existante. Cette démarche relève d’une capitalisation ou d’une valorisation d’un savoir existant, protégé ou non par un droit de propriété intellectuelle, et objet d’une transaction entre l’entité essaimante et l’entité essaimée en vue d’en tirer un avantage commercial. L’essaimage scientifique peut être intégré à cette typologie. Il permet la création d’une RBSO (Research Based Spin-off) -entreprise née ou axée sur la recherche- en associant le cas échéant une entreprise existante soit pour bénéficier d’un accès au marché soit au financement.
Alors que l’essaimage ”expansif”, requiert un investissement des deux parties, l’essaimage ”défensif” nécessite un investissement de la part de l’essaimé.
Essaimage scientifique en Tunisie
En Tunisie, le premier acte en faveur de l’essaimage scientifique a été initié en 1992 dans le cadre du programme VRR- Valorisation des résultats de recherche dans le champ économique. La réforme de 2002 consacrera le régime dit ”mobilité des Chercheurs ”par lequel ils peuvent devenir entrepreneurs en initiant des spin-off scientifiques ou participer par leur savoir au développement d’entreprises existantes.
Cependant, même si la Tunisie est le pays le plus prolifique en matière de publications scientifiques au Maghreb, leur contribution au développement socio-économique se fait toujours attendre.
Le concept d’essaimage scientifique demeure inconnu voire ignoré par les chercheurs parce lié à la commercialisation des connaissances, l’incubation des projets et l’évaluation des risques, 3 notions étrangères au monde de la recherche publique.
Le cadre réglementaire tunisien de l’essaimage scientifique laisse voir d’importantes défaillances au niveau de l’efficacité et de l’efficience pour être un véhicule de transfert de technologies et de dynamisation de la création d’entreprises innovantes. D’où une situation actuelle, marquée par la pauvreté des initiatives des chercheurs pour fructifier les résultats de leurs recherches par essaimage, conjuguée à une quasi-impossibilité pour les opérateurs économiques d’exploiter les inventions et découvertes réalisées par les chercheurs.
Pour booster l’essaimage scientifique
Les connaissances qui permettent la formation des RBOS sont souvent le fruit de plusieurs années de recherche, d’expérimentation et de développement.
En Tunisie, même si le potentiel existe et est reconnu à l’échelle internationale, la valorisation économique des fruits de la recherche scientifique demeure en deçà des attentes. Phénomène quasi inconnu ou incompris, les RBSO ne représentent aujourd’hui que quelques très rares cas de succès. Seul le nombre de publications a augmenté sans que la contribution au développement socio-économique ne soit enclenchée.
Mettre en œuvre des mécanismes spécifiques favorisant l’essaimage sous toutes ses formes, en particulier expansives, contribuera à relever le défi de la création d’entreprises à haute valeur ajoutée et de l’emploi qualifié en Tunisie.
L’essaimage est une forme de création d’entreprises où les restrictions sont censées être très limitées, voir compensées par des dispositifs incitatifs. Il est donc urgent de commencer par simplifier le cadre juridique de l’essaimage, faciliter l’accès à son financement et développer un écosystème qui lui est favorable.
Tekiano avec GIZ
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