El Kobba : La grève des étudiants-architectes qui se transforme en un mouvement organisé

Les étudiants architectes de l’ENAU (Ecole nationale d’architecture et de l’urbanisme) de Sidi Bou Saïd sont en phase de révolutionner le mouvement de grève en Tunisie en lançant leur mouvement «El Kobba» visant à protester contre le système éducatif de leur école sans pour autant boycotter les cours ou organiser des manifestations houleuses et scander des slogans hostiles.

El Kobba c’est quoi?

Il s’agit d’un mouvement qui annonce une grève d’un nouveau genre en Tunisie et qui a débuté le 7 novembre 2014 sous la coupole de l’école qui a inspiré l’appellation «El Kobba». Les étudiants se sont organisés en comités afin de gérer l’évolution de la grève et chacun s’est chargée d’un domaine précis.

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Le premier comité s’occupe de l’édition du journal qui est à la fois informatif et indiquant l’avancement de la grève. Un deuxième comité de communication qui gère l’actualité ainsi que les mails, la relation média et les réseaux sociaux, un comité de sensibilisation pour être à l’écoute des étudiants et le comité le plus imposant celui de la réforme qui rassemble les anciens documents de réforme faits dans l’école et ceux qui se sont passés à l’étranger pour s’en inspirer afin de proposer des réformes en adéquation avec la réalité tunisienne.

Des étudiants de l’école d’architecture expliquent dans la vidéo qui suit le mouvement El Kobba:

Revendications des étudiants architectes

Les étudiants d’architecture appellent avant tout à une nouvelle réforme. Ils considèrent que le système actuel, créé en 1996, ne répond plus à leurs attentes d’aujourd’hui, il est devenu obsolète. Le programme n’est plus cohérent avec l’évolution continue du domaine de l’architecture dans le monde.

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Ils considèrent qu’il est nécessaire que l’étudiant architecte soit prêt à s’adapter à la vie professionnelle en établissant une tri-communication étudiants-enseignants-administration afin de pouvoir apporter les évolutions pédagogiques (matériel, stages, utilisation des salles, système de charrette…) et éducatives améliorant la formation et les rendant capables de s’imposer avec leur diplôme tunisien partout.

Ils appellent également à revoir le barème de notation lors de la présentation du projet de fin d’étude devant le jury, à gérer avec l’administration le système d’assiduité et demandent plus de flexibilité de la part des professeurs.

Avis de l’administration et corps enseignant

Plusieurs enseignants se sont montrés solidaires avec le mouvement «El Kobba» en précisant que les étudiants avaient raison sur plusieurs points, notamment les réformes concernant les notations et mode d’évaluation et les assistent dans leur démarche auprès des membres de l’administration qui semblent moins flexibles… Néanmoins, un dialogue est en train de s’établir notamment avec le ministère de l’Enseignement supérieur et des délais ont été fixés afin de répondre à certaines revendications.

El Kobba, et après?

Les revendications exigées par les étudiants peuvent facilement se généraliser sur l’ensemble des facultés et écoles tunisiennes. D’ailleurs, parallèlement à la grève de l’ENAU, les étudiants de l’ESTI (École supérieure de technologie et d’informatique) sont aussi en grève. Les étudiants s’accordent qu’il est impératif d’améliorer les relations étudiants-enseignants et entamer un dialogue avec l’administration pour éviter les abus.

Les étudiants des facultés publiques deviennent de plus en plus exigeants quant à la qualité de leur diplôme qui devient de moins en moins adapté à la réalité du marché, et c’est totalement compréhensible dans un contexte envahi par les écoles privées qui mettent le paquet en termes de méthodes d’enseignements modernes et innovantes. Si les revendications d’El Kobba se concrétisent ceci pourrait être le déclencheur d’autres mouvements dans d’autres facultés afin de hausser le niveau de l’éducation supérieur qui est à la traîne par rapport aux autres instituions du monde…

Sara Tanit

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