La Loi 52, la fameuse loi tunisienne qui condamne les consommateurs de stupéfiants en Tunisie à un an de prison et 1000 dinars d’amende, frappe encore et toujours et surtout les jeunes toutes catégories confondues. Les derniers en date, 5 jeunes artistes tunisiens talentueux…
A la une des médias internationaux le week-end du 11 décembre 2015, à la même période où la Tunisie recevait le prix Nobel de la paix, on peut lire des titres comme «Des artistes tunisiens condamnés à de la prison pour usage de stupéfiants».
Condamnation pour possession de feuilles de tabac à rouler et suspicion d’activité terroriste
Ils s’appellent Fakhri El-Ghezal, Adnen Meddeb, Amine Mabrouk, Atef Maatallah et Ala Eddine Slim. Auteurs de films, photographes, artistes dont les œuvres sont exposées dans les galeries du monde, actifs pour faire bouger la scène culturelle en Tunisie. Ils se retrouvent finalement en prison accusés de consommation ou détention de cannabis.
Les jeunes Adnène Meddeb et Amine Mabrouk ont été condamnés à un an de prison pour simple possession d’un paquet de feuilles de tabac à rouler trouvé dans leurs voiture. Walid Loughini, chargé de communication au sein du ministère de l’Intérieur, affirme dans une interview « …Même des feuilles à rouler peuvent être considérées comme une preuve de culpabilité. Un test de dépistage peut confirmer ou infirmer cette culpabilité »…
Fakhri El-Ghezal, Atef Maatallah et Ala Eddine Slim ont été soupçonnés d’organiser des activités terroristes. Deux individus arrivent chez Ala et sa femme Yosra, l’un d’eux est barbu (Atef) et l’autre transporte un sac « étrange » (Fakhri). A cause de ce sac, un mandat est émis et une descente a été effectuée dans leur domicile. Ce sac contient une caméra Panasonic que Fakhri utilise pour entamer un nouveau projet de film, indique le communiqué de soutien des artistes. Par manque de preuves, l’affaire a été orientée, les artistes sont accusés de détention de cannabis.
Le cannabis plus nocif que la cigarette et l’alcool ?
La cigarette et l’alcool font des dizaines de milliers de morts chaque année en Tunisie alors qu’ils se vendent légalement et que l’Etat encaisse des taxes astronomiques au passage. Le cannabis, qui ne fait absolument aucun mort ni en Tunisie (ni ailleurs dans le monde), remplit les prisons à hauteur du tiers de la population carcérale environ: parmi 25.000 incarcérés, 8.000 sont emprisonnés dans des affaires en relations avec la cannabis.
Les substances qui tuent remplissent les comptes de l’Etat et une substance qui soigne envoie son consommateur au moins un an en prison (la peine étant de un à trois ans). Des institutions carcérales communément considérées par les autorités elles-mêmes comme surpeuplées et globalement considérées par les ONG internationales et les observateurs tunisiens comme extrêmement difficiles à vivre et comme usines à créer des frustrations sociales et des tentations extrémistes, lit-on encore dans le communiqué émis par le Comité de soutien à Fakhri El Ghezal, Ala Eddine Slim & Atef Mâatallah.
La scène artistique tunisienne sous le choc et s’engage pour la réforme de cette loi arbitraire
Suite à ces arrestations basées sur des soupçons, plusieurs artistes et membres de la société civile s’indignent devant ces emprisonnements arbitraires.Découvrez l’intervention mouvementée de l’acteur et réalisateur Nasreddine Shili concernant l’utilisation abusive de cette loi :
نصر الدين السهيلي ينقش على التونسية …الفنان نصر الدين السهيلي في مداخلة قوية برشة على قانون الزطلة.#بدل_القانون#السجين_52
Posted by رايــــــــة حــــمـــراء RED FLAG on Thursday, December 10, 2015
La galerie d’art Ammar Farhat appelle les citoyens à montrer leur soutien aux victimes de cette loi en se photographiant portant la pancarte Prisonnier N° #52 :
Posted by Galerie Ammar Farhat on Sunday, December 13, 2015
Par ailleurs, les initiatives sur les réseaux sociaux se multiplient à l’instar de la page « Soutien aux artistes Atef, Fakhri et Alaeddine » https://www.facebook.com/Soutien-aux-artistes-Atef-Fakhri-et-Alaeddine-1637775319819543/ , la pétition en ligne « Pour la libération de Atef, Fakhri et Alaeddine » , la pétition en ligne « Pour la libération de Atef, Fakhri et Alaeddine » https://secure.avaaz.org/fr/petition/le_tribunal_de_premiere_instance_de_Nabeul_Liberation_immediate_des_amis_Atef_Ala_et_Fakhri/ ou la page « Les familles du prisonnier 52 » https://www.facebook.com/FamilleLoi52/.
Lors de sa campagne életorale, Béji Caid Essebssi avait condamné cette arrestation arbitraire et avait promis de l’alléger. Ci-dessous un pic de rappel dans la vidéo du blogueur Sahri Bahri. Des promesses électorales du parti au pouvoir ont été émises concernant la refonte ou la révision à la baisse de la Loi 52… Où en est-on aujourd’hui ?
Sahri Bahri – Stop 52« L’herbe, c’est la guérison d’une nation, alors que l’alcool est la destruction » – Bob Marley#Stop52 #AlSajin52 #Saybouna #loi52 #SahriBahri
Posted by Sahri Bahri on Saturday, December 12, 2015
Sara Tanit