La danse est sans doute l’expression ultime du corps, quand tout semble muet et immuable. C’est un déchaînement, une libération et un cri pour dire ce que la parole ne peut exprimer. Et c’est ce que Cyrine Douss ,Wael Marghni et Nawal Skandrani ont tenté de faire ce lundi 8 aout 2016 à la Basilique St Cyprien, dans le cadre du programme hors les murs de la 52ème édition du Festival International de Carthage.
Le public était nombreux ce soir-là, témoignant de son soutien à cette expression artistique à la quête d’une place plus large dans le paysage culturel national, aux danseurs et chorégraphes qui œuvrent à perpétuer cet art en dépit de toutes les vicissitudes d’une société en phase de transition douloureuse mais certaine.
La Basilique St Cyprien en tant qu’espace et scène, était très adaptée à de tel spectacle qui impose la rigueur et la concentration. En témoignent le bonheur des artistes et la joie du public.
A 22h00 tapante a inauguré la soirée placée sous le thème «Trois pièces chorégraphiques courtes» avec «Mille peaux», un spectacle de danse à travers lequel, la chorégraphe part à la conquête d’elle-même dans l’espace incertain de la rue et des faits qui se sont succédées depuis la Révolution.
Sur un fond sonore qui reprend par moment les slogans des protestataires, elle a déployé son corps enveloppé de journaux pour écrire ses déchirements avec un corps à la fois singulier et pluriel, réceptacle des bouleversements. Par la danse elle a recollé les 100 peaux dans une valse de réconciliation où le décor minimaliste et les costumes sont devenus de fortes métaphores.
Après Cyrine Douss, c’est Wael Marghni qui a enchainé avec son spectacle Koffirto à travers lequel il s’est interrogé sur la place de l’artiste dans la société tunisienne.
L’écriture chorégraphique de Koffirto» prend son inspiration du soufisme, faisant état du lien profond et antique de la religion et de l’art. Seul avec corps à moitié couvert, le danseur chorégraphe s’est lancé dans des élans magnifiques en surfant sur des sonorités profondes qui ont plongé l’assistance dans un univers de mysticisme cher à El hallaj.
Et c’est en guise de clôture de cette soirée dédiée à la danse contemporaine que Nawal Skandrani a présenté Récapitulatin, qui raconte la solitude et l’isolement de l’individu.
Un désert où deux êtres se retrouvent en état d’urgence et d’impuissance face aux tourments, à l’immensité et au vide.
Tekiano avec communiqué
Plus : Art Kult TopNews