L’actrice Hend Sabry de nouveau en tête d’affiche aux côtés de Hichem Rostom dans le film tunisien « Fleur d’Alep ». Un film plus que jamais d’actualité, qui avait ambitionné de faire découvrir aux cinéphiles « La planète terrorisme ». Ce 9ème film du réalisateur Ridha Béhi, est l’un des longs-métrages les plus attendus par les tunisiens en cette fin d’année 2016.
Hend Sabry une mère courage, une femme qui lutte
Hend Sabry n’est pas seulement une actrice dans ce long métrage, elle participe également à sa réalisation. Elle y assure le rôle de Salma, 37 ans, une ambulancière urgentiste accaparée par son travail et en instance de divorce avec Hicham, son mari (ndlr Hichem Rostom) sculpteur de 55 ans, père agressif, alcoolique et effacé.
Mourad leur fils âgé de 17 ans (Bedis Béhi) est élevé en France. De retour en Tunisie, il souffre du divorce de ses parents et est rapidement récupéré et endoctriné par un jeune voisin qui l’initie à l’Islam radical. Il se met à se soumettre aveuglement aux ordres du caïd (Mohamed Ali Ben Jomâa). Parti en Syrie en cachette, sa mère décide de le suivre pour le sauver de l’ornière djihadiste. Pour ce, elle et se fait passer pour une militante pour la cause islamiste…
Le film est presque entièrement dominé par l’actrice tunisienne installée en Egypte qui a su présenter un personnage attendrissant et déterminé qui surplombe tous les autres acteurs. Salma est l’une des centaines de femmes tunisiennes qui souffrent de la radicalisation de leurs enfants. La mère courage déchirée entre son travail et son fils et prête à tout abandonner pour le sauver… Une Hend Sabry qui conforte sa position en tant qu’actrice préférée des tunisiens.
Le terrorisme tel que vécu aujourd’hui
Le réalisateur Ridha Béhi a déclaré s’être inspiré de faits réels pour concevoir son film. Il a été témoin de la radicalisation des fils de ses voisins, deux jeunes pourtant assez instruit : l’un physicien et l’autre étudiant en médecine résidant à la Marsa. Il a déclaré avoir été touché par un reportage sur une mère partie chercher sa fille de 17 ans partie faire le Jihad en Syrie via la Turquie.
Le film a été riche en témoignages véridiques émanant de familles qui ont perdu leurs enfants convertis en Jihadisme. On peut y voir des extraits montrant leur désarroi et leur peine. Une bien triste vérité qui frappe le monde entier et un phénomène de migration pour le Djihad inconnu il n’y a même pas deux décennies.
Fleur d’Alep : le récit terre à terre d’une guerre absurde
Le film tunisien fleur d’Alep traite d’un sujet brûlant, qui relate une vérité douloureuse : celle d’une guerre où des jeunes tunisiens épris de nouveaux idéaux, souffrant d’une crise identitaire et formatés par des prêcheurs ont participé. Sans s’en rendre compte, ils ont terni l’image de la Tunisie, mais… L’endoctrinement du jeune homme s’est fait brusquement, se rendre en Syrie a été tellement facile que l’on ne peut que s’interroger sur les raisons d’une telle aisance, un voyage presque ordinaire, la guerre en elle-même est décrite platement, comme si c’était une promenade dans des paysages idylliques. Ceux pourtant d’une Syrie ensanglantée.
Le sentiment que nous avons est que le réalisateur a voulu ménager le spectateur et n’a pas voulu l’horrifier par des clichés d’une guerre barbare. Le tournage a été fait en Syrie, mais les images qu’on en tire sont insipides. Elles ne montrent pas l’horreur de la violence qui y règne. Même les scènes de violence, torture et viol sont banalisées, c’est à se demander si les terreurs diffusées dans les vidéos de Daech n’ont pas fait de nous des individus habitués à la violence, au sang et blasés. Nous laissons aux cinéphiles le soin d’en juger par eux-mêmes…
Le Film « Fleur d’Alep » de Ridha Behi, concoure pour les Golden Globes 2016 dans plusieurs catégories. Il sera projeté dans les salles tunisiennes à partir du lundi 07 Novembre 2016 et en avant-première au Cinévog du Kram, et ce dimanche 06 novembre ainsi que dans plusieurs régions de Tunisie.
Heureusement qu’il y a eu Hynd Sabri pour sauver relativement la mise !
Sara Tanit
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