Plus que tout autre réseau social numérique, Facebook s’est imposé depuis le 14 janvier 2011 comme un outil de participation politique et militante. Une importante littérature a été consacrée au rôle qu’a joué Facebook en Tunisie (et d’autres médias sociaux tels que Twitter, blogs dans d’autres pays arabes), dans les soulèvements populaires.
Contrant l’engouement médiatique, et parfois scientifique, autour des médias sociaux, au point de parler de révolution 2.0, plusieurs auteurs ont relativisé l’impact de ce qui est convenu d’appeler le cyberactivisme dans l’avènement de la révolution. Dans cette optique, l’Association Tunisienne d’Études Politiques (ATEP), en collaboration avec la Konrad Adenauer Stiftung organisent le dimanche 22 mai 2017 à l’hôtel Radisson Blu Hammamet, à partir de 9h une conférence autours du thème “Facebook : Faiseur de politique ou espace public?”.
Internet, et plus précisément Facebook aurait joué davantage un rôle de catalyseur, en donnant une visibilité au mécontentement de jeunes défavorisés et déconnectés.
En effet, très peu d’attention a été accordée jusque-là aux usages politiques de Facebook aussi bien par les acteurs politiques que par les citoyens ordinaires, bien qu’ils constituent un élément incontournable pour mieux saisir le fonctionnement et les transformations de la démocratie dans un pays en transition.
Il est de ce fait important d’interroger les effets des usages politiques de ces dispositifs sur l’espace politique au sens étroit, c’est-à-dire en tant qu’espace d’action et de décision et dans une plus large mesure sur l’espace public, en tant qu’espace symbolique d’échange discursif et de délibération (Dominique Wolton). Les travaux qui y ont été consacrés dans les démocraties occidentales font état de l’élargissement de l’espace public grâce à Internet en rendant possible la participation des citoyens ordinaires à la démocratie.
La conception habermassienne de l’espace public fondée sur l’exigence normative de rationalité se trouve dépassée, dans la mesure où ces outils introduisent des modalités nouvelles de participation au débat démocratique.
La capacité de l’Internet de dépasser les inégalités sociétales hors ligne est en revanche largement remise en question. Bien que ces dispositifs en ligne réduisent les distances entre les bases et les dirigeants des partis politiques ou des organisations militantes, l’inégalité au niveau des capacités argumentatives des participants entraîne l’exclusion des catégories les moins dotées en ressources.
Ce colloque interdisciplinaire se propose d’explorer la dimension proprement politique de Facebook, dispositif numérique le plus utilisé en Tunisie pour s’informer des questions politiques, débattre, communiquer, mobiliser, sensibiliser, pour in fine questionner les reconfigurations de l’espace public en contexte de transition.
Dans quelle mesure Facebook permet-il l’inclusion dans l’espace public d’acteurs généralement exclus de la sphère de participation, à savoir les citoyens ordinaires ? Reproduit-il les clivages sociaux en termes de niveau d’éducation, de classes sociales, de compétence politique, de genre, ou au contraire permet-il de les effacer dans une certaine mesure ? De quelle manière, le recours à Facebook comme plate-forme d’échange entre acteurs politiques/ militants associatifs/ cyberdissidents et citoyens transforme-t-il les modalités d’argumentation politique et remodèle-t-il le débat démocratique ? La participation politique via Facebook a-t-elle réellement un impact sur les décisions politiques et comment cet impact peut-il être mesuré ? Réponse le 22 mai.
Tekiano avec communiqué