Les non-jeûneurs tunisiens comptent se réunir dans l’après-midi du dimanche 11 juin pour manifester devant le théâtre municipal de la ville de Tunis et riposter aux sanctions et privation de libertés imposées durant le mois saint.
Les revendications des non-jeûneurs sont nombreuses. Ils exigent entre autres l’ouverture des cafés et restaurants durant le mois de Ramadan et le droit de manger et de boire dans les rues en toute liberté, ceci étant un droit personnel.
Ils précisent que la décision de fermer et limiter les endroits où on peut manger et boire pénalise non seulement les personnes qui refusent de jeûner mais aussi les malades, les non musulmans et les touristes et qu’il est important de tolérer les différentes croyances.
Réunis sous les hashtags #مش_بالسيف #mouch_bessif ( on n’est pas forcé) #mouchbessif ou #fater, des Tunisiens expriment quotidiennement leur ras-le-bol de cette décision arbitraire qui met en danger la santé de plusieurs citoyens et qui condamne même à l’emprisonnement des personnes qui mangent en public.
Il est possible de lire des anecdotes sur ce que subissent les Tunisiens non jeûneurs et comment ils passent le Ramadan en suivant le hashtag.
Une pétition en ligne intitulée “L’Etat Tunisien: Non aux intimidations, le jeûne est un choix individuel! ” à été également lancée afin de dénoncer cette atteinte aux libertés personnelles, la discrimination entre Tunisiens et étrangers.
6 millions de Tunisiens ne doivent pas jeûner selon un calcul approximatif partagé par un internaute tunisien, Ouissem Ghobal. Les cafés et restaurants doivent ouvrir pendant le ramadan. L’Etat doit les protéger pour cela et arrêter l’hypocrisie ambiante, précise-t-il.
Selon ses calculs approximatifs, sur presque 11 millions d’habitants tunisiens:
– 2 500 000 ont moins de 14 ans
– 1 700 000 sont diabétiques
– 1 000 000 ont d’autres maladies chroniques
– 600 000 femmes ont leurs règles durant quelques jours
Ce sont en tout presque 6 millions de Tunisiens, soit presque la moitié de la population tunisienne qui est obligée de ne pas observer le jeûne en faisant abstraction de ceux qui ne veulent pas le faire volontairement.
L’article 6 de la Constitution tunisienne stipule que : “L’État est gardien de la religion. Il garantit la liberté de croyance, de conscience et le libre exercice des cultes ; il est le garant de la neutralité des mosquées et lieux de culte par rapport à toute instrumentalisation partisane“. Le droit de jeûner ou de ne pas jeûner est donc garanti selon la Constitution tunisienne.
Les personnes qui ont été condamnées à un mois de prison pour avoir mangé dans un jardin public en pleine journée à Bizerte ont été inculpés pour “outrage public à la pudeur”. Il faut militer pour arracher ce droit au sein d’une société qui malheureusement refuse de tolérer une vérité ‘jeûner ou ne pas jeûner est un droit’.
S.B.
Caricature : Djamel Lounis
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