L’African Innovation Foundation (AIF) (www.AfricanInnovation.org) a annoncé le 15 juin, les 10 nominés qui se disputeront le Prix de l’Innovation pour l’Afrique (http://APO.af/iaUJZd) 2017 qui sera décerné à Accra le 18 juillet 2017.
Des innovateurs de neuf pays africains, dont la République Démocratique du Congo, l’Égypte, le Kenya, le Liberia, le Maroc, le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Ouganda et le Zimbabwe, ont été présélectionnés pour se disputer ce prix prestigieux.
Les innovateurs de cette année se sont illustrés par leurs solutions innovantes aux problèmes dans les secteurs de l’agriculture, de la santé, de l’énergie, des communications, des services ainsi que de la surveillance par le biais des drones.
La crème de la crème de cette année a franchi le processus de sélection rigoureux d’un jury reconnu composé de représentants d’entreprises, de scientifiques et d’experts en matière de technologie et représentant des personnes d’influence dans le domaine de l’innovation africaine.
«Nous sommes heureux de partager avec vous les noms des lauréats du PIA 2017 tout en poursuivant notre mission visant à stimuler l’esprit d’innovation et à libérer le potentiel inexploité de l’Afrique. Pour la première fois, on recense des innovateurs du Zimbabwe, du Liberia et de la République Démocratique du Congo parmi les nominés. En outre, étant donné le rôle déterminant des femmes africaines dans la transformation de l’Afrique, nous sommes enchantés de constater la présence de plus de femmes parmi les 10 nominés qui présenteront leurs innovations révolutionnaires. En fournissant des plateformes contribuant à reconnaître l’excellence de l’innovation africaine et à mobiliser les innovateurs africains, nous continuons à incarner notre credo d’engagement, d’inspiration et de transformation. Les histoires inspirantes de ces candidats nous rappellent que l’innovation et les solutions axées sur les pays africains constituent la solution qui garantira la croissance et la prospérité de l’Afrique », a indiqué Walter Fust, Président du Conseil de Fondation de l’AIF.
Le PIA, aujourd’hui dans sa sixième édition sous le thème «Innovation africaine : Investir dans la prospérité», est la principale initiative en faveur de l’innovation sur le continent africain et offre une récompense totale de 185 000 USD et des mesures incitatives pour stimuler la croissance et la prospérité en Afrique par le biais de solutions locales.
Le PIA a connu une croissance phénoménale dans les candidatures reçues ainsi qu’un intérêt croissant des innovateurs et des acteurs de l’innovation au fil des ans. À ce jour, le PIA recense plus de 7 500 innovateurs originaires de 52 pays africains, ce qui en fait une initiative véritablement panafricaine. L’édition 2017 du PIA a reçu les candidatures d’un nombre record de plus de 2 530 innovateurs originaires de 48 pays d’Afrique. La Fondation a soutenu les précédents gagnants et lauréats à hauteur d’un montant d’environ 1 million de dollars dans le but de développer leurs innovations. Grâce à l’exposition générée par le PIA, les précédents lauréats sont parvenus à lever plus de 30 millions de dollars d’investissements afin de développer leurs entreprises.
«Au fil des ans, le PIA a soutenu des innovations percutantes et axées sur le marché en vue d’améliorer la vie des citoyens et de transformer l’Afrique. Pour cette sixième édition, nous souhaitons promouvoir davantage l’investissement dans les innovations locales ainsi que la collaboration et le commerce intra-africain, dans le but de permettre l’intensification des innovations viables au-delà des frontières. Nous sommes impatients de travailler avec nos partenaires afin de garantir que les innovations des 10 nominés soient disponibles sur les marchés africains et au-delà. Nous vous invitons à nous rejoindre et à libérer le potentiel des innovateurs africains, en commençant par investir dans ces 10 nominés », a déclaré Pauline Mujawamariya Koelbl, Directrice du PIA.
L’AIF organise la cérémonie de remise des prix du PIA 2017 et son second connecteur d’écosystèmes d’innovation les 17 et 18 juillet prochains à Accra, au Ghana. L’événement mettra l’accent sur la façon dont les entreprises et les catalyseurs de l’innovation peuvent exploiter les flux de financement, les investissements et les ressources qui sont essentiels pour libérer le potentiel des innovateurs africains. Les participants à la cérémonie de remise des prix du PIA auront la possibilité d’assister à l’ouverture officielle de cet évènement, de visiter une exposition panafricaine d’innovations, de participer à des tables rondes de haut niveau, à des réunions Zua Hub et à des activités de réseautage, qui s’achèveront par une célébration de l’ingéniosité africaine au cours de laquelle les gagnants du PIA 2017 seront annoncés.
Cet événement consacré à l’innovation est organisé en collaboration avec le Gouvernement du Ghana, représenté par le Ministère de l’Environnement, des Sciences, de la Technologie et de l’Innovation (MESTI), le Ghana Investment Promotion Centre (GIPC) et le Comité Ghana 60 Years On Planning. Le PIA a reçu l’appui de S. E. Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, Président du Ghana, qui prononcera le discours d’ouverture de la cérémonie de remise des prix.
Présentation des 10 innovations du Prix de l’Innovation pour l’Afrique 2017 :
Innovations dans le domaine des communications et des solutions intelligentes
Peris Bosire, Kenya : FarmDrive
FarmDrive est une société de technologie financière qui a mis au point une application de téléphonie mobile qui recueille des données et fournit un modèle d’évaluation des risques pour les petits exploitants. Tandis que le continent reste largement tributaire de l’agriculture, l’un des plus grands défis auxquels sont confrontés les petits exploitants est l’accès au crédit ou au financement. La plupart des institutions financières sont réticentes à octroyer des crédits aux agriculteurs, car leurs modèles d’évaluation des risques désignent les petits agriculteurs comme étant à haut risque. FarmDrive a mis au point une nouvelle méthodologie permettant d’évaluer la solvabilité des agriculteurs qui a conduit à une plus grande acceptation des demandes de prêt par les agriculteurs, tout en conservant un taux par défaut très faible. Cela pourrait avoir accroître significativement la production agricole sur le continent tout en aidant les institutions financières à augmenter efficacement leurs portefeuilles de prêts agricoles.
Nokwethu Khojane, Afrique du Sud : Lakheni, transformer le capital social en pouvoir d’achat
Lakheni est une innovation de modèle social et commercial qui vise à rassembler des ménages à faible revenu en groupes d’achat, afin de négocier des tarifs favorables pour les biens et services qui leur sont fournis. La plupart des citoyens pauvres finissent par payer leurs biens et services à un prix unitaire qui est habituellement beaucoup plus élevé que celui payé par d’autres personnes dont le revenu disponible est plus élevé. En effet, les biens et services étant regroupés dans des unités de plus en plus petites pour être plus abordables, ils deviennent moins efficaces sur le plan économique et finissent par coûter plus cher que s’ils étaient achetés en vrac ou en unités plus grandes. En substance, les personnes plus démunies finissent par payer une prime de pauvreté. Lakheni résout ce problème en regroupant les ménages à faibles revenus dans un marché d’acheteurs en s’appuyant sur la technologie mobile.
Omolabake Adenle, Nigeria : Reconnaissance vocale et logiciel de synthèse vocale pour les langues africaines
Il s’agit d’une solution logicielle capable de comprendre et de numériser les langues africaines et de synthétiser les discours des langues africaines sous forme de texte numérisé. Cette numérisation des langues africaines permet aux Africains d’interagir avec les périphériques matériels, tels que les téléphones mobiles, et les services numériques, comme les applications de centre d’appels, en utilisant leur langue locale. Le logiciel peut être intégré dans un large éventail de périphériques et d’applications de logiciels tiers. Bien que des logiciels de synthèse vocale et de reconnaissance vocale aient été développés pour diverses langues occidentales et asiatiques, les applications commerciales et la recherche académique sont très limitées pour les langues africaines. La difficulté réside dans la tonalité présente dans la plupart des langues africaines et des ressources de données limitées dans le domaine de la modélisation du langage. Grâce à cette innovation, les Africains ayant un faible niveau d’alphabétisation ont la possibilité de profiter eux aussi des avantages de la révolution numérique.
Nzola Swasisa, République Démocratique du Congo : Lokole
Lokole est un dispositif qui permet d’accéder à une communication électronique efficace depuis tout endroit bénéficiant d’une couverture cellulaire, pour un prix qui est cent à mille fois inférieur à celui demandé pour accéder à la messagerie électronique via la bande passante cellulaire normale. Lokole y parvient en créant tout d’abord un réseau local partagé, qu’une centaine d’utilisateurs dans un rayon de 25 mètres peuvent utiliser afin de partager les coûts. Deuxièmement, il contient des algorithmes avancés qui compriment les messages et organisent les chargements et téléchargements de données lorsque les coûts des paquets de données sont les plus intéressants. Le coût par utilisateur peut être de seulement 0,01 $/personne/jour. Plus de 71 % de la population africaine ne bénéficie pas d’un accès à une communication efficace. Lokole résout ce problème de communication et permet à de nombreuses communautés d’accéder pour la première fois à un système de communication efficace. Les applications de Lokole comprennent : la santé (soins à distance), l’éducation (enseignement à distance), le commerce (bons de commande par courrier électronique), les entreprises (documents en pièces jointes) et bien plus encore.
Tirer parti de l’intelligence artificielle et des solutions mécaniques
Badr Idriss, Maroc : Atlan Space
Atlan Space développe une technologie logicielle qui est ensuite déployée pour gérer le fonctionnement des véhicules aériens sans pilote ou drones. Le logiciel est actuellement testé pour être utilisé dans le cadre de la gestion des opérations de détection des activités maritimes illégales ou nuisibles, telles que la pêche illégale ou les déversements d’hydrocarbures dans les zones de vaste étendue. Les drones commandés via ce logiciel peuvent être lancés et déployés dans le cadre d’opérations de surveillance sans passer par un opérateur d’aéronef. De plus, à l’aide de l’intelligence artificielle, ils sont en mesure de collecter, d’analyser et de produire des rapports exploitables. Les gouvernements africains font face à de nombreux défis en matière de surveillance des activités et opérations dans des zones étendues. Cela inclut les patrouilles frontalières, la déforestation, le braconnage et les activités maritimes. Le logiciel permet de déployer des drones à un prix très rentable, sans intervention humaine hautement qualifiée et pour un grand nombre d’utilisations.
Aly El-Shafei, Égypte : Dispositif électromagnétique intelligent intégré au palier d’essieu ou «SEMAJIB»
L’innovation brevetée (SEMAJIB), présentée par le Dr El-Shafei, est un dispositif intelligent et polyvalent qui peut modifier ses caractéristiques en cours d’utilisation. Il se compose d’un palier magnétique encastré dans un palier lisse rempli d’huile, formant ainsi un roulement contrôlable intelligent. L’inondation du roulement avec de l’huile est un facteur déterminant étant donné que le but des roulements consiste traditionnellement à expulser l’huile. La performance des turbines utilisant la technologie SEMAJIB est sensiblement améliorée, en particulier dans les centrales à cycles combinés, ainsi que dans le cadre de la technologie conventionnelle de générateur. L’appareil est conçu pour soutenir les turbines produisant de l’énergie et peut être utilisé pour améliorer l’efficacité et réduire les coûts de production d’énergie en Afrique.
Découvertes en matière de soins de santé
Dougbeh-Chris Nyan, Liberia : Nouvelle technologie pour la détection rapide de nombreuses infections à l’aide d’un même test
Il s’agit d’un test de diagnostic rapide qui peut détecter et différencier simultanément au moins trois à sept infections en même temps dans un délai de 10 à 40 minutes. La plupart des pays africains souffrent d’un manque de dispositifs de diagnostic sophistiqués et possèdent une expertise limitée dans le diagnostic de haute technologie. Cela entrave la capacité de prise de décision clinique des prestataires de soins de santé. Ce test fournit une solution à ce problème clinique. L’innovation est facile à utiliser dans tous les milieux et particulièrement dans les zones rurales. En outre, l’appareil est capable de détecter et de distinguer des infections multiples, qui présentent les mêmes symptômes, par exemple lorsqu’un patient a de la fièvre jaune, la malaria et Ebola. Alors que la plupart des méthodes de test requièrent entre 3 et 7 jours, ce dispositif fournit des résultats de test dans un délai de 10 à 40 minutes. Cela constituerait un pas important dans la détection et la gestion des maladies infectieuses sur le continent.
Olanisun Olufemi Adewole, Nigeria : Test de dépistage de la tuberculose par la sueur
“Sweat TB Test” est un test rapide et non invasif de la peau permettant de détecter la tuberculose (TB).La tuberculose est la deuxième principale cause de décès en Afrique, après le VIH/SIDA. Les méthodes de diagnostic disponibles sont de haute technologie et ne peuvent pas être déployées dans les centres ruraux, où le diagnostic se base seulement sur les expectorations qui ne sont parfois pas prélevées, et sont considérées comme malpropres par les patients. Ces méthodes sont également largement chronophages : elles impliquent de nombreuses consultations cliniques des patients avant qu’un diagnostic ne puisse être posé. Le délai du diagnostic et les diagnostics manqués de 3 millions de cas de tuberculose entraînent la propagation continue de la maladie. Sweat TB Test s’appuie sur le marqueur spécifique de la TB présent dans la transpiration des patients afin de produire un test applicable sur site, permettant de détecter la tuberculose dans un délai de 10 minutes, sans aucune piqûre. En quelques étapes simples, les rapports sont lus et les patients débutent le traitement nécessaire lors de la même consultation clinique. Ce test a le potentiel de contribuer de façon efficace à la lutte antituberculeuse, de réduire les décès imputables à la TB et d’éviter la résistance aux médicaments de la TB en Afrique.
Gift Gana, Zimbabwe : Dr CADx
Dr CADx est un logiciel qui aide les médecins et le personnel soignant à diagnostiquer les images médicales avec plus de précision. En raison de la rareté des radiologues sur le continent, la majorité des images médicales sont interprétées par les médecins généralistes ou d’autres travailleurs de la santé qui manquent de compétences, ce qui donne lieu à un diagnostic erroné dans plus de 30 % des cas examinés. En conséquence, des millions de patients ne parviennent pas à obtenir le bon traitement ou le traitement est retardé, impliquant davantage de complications et même parfois la mort. Dr CADx utilise des techniques d’apprentissage profond pour interpréter les images médicales et atteindre une précision de 82 % par rapport à la moyenne de 70 % obtenue par les radiologues. Dr CADx est conçu pour fonctionner dans un contexte à ressources limitées avec une connexion Internet de mauvaise qualité, adaptant ainsi son usage au sein des nombreux milieux ruraux d’Afrique.
Philippa Ngaju Makobore, Ouganda : Perfusion à commande électronique ou «ECGF»
La perfusion à commande électronique (ECGF) est un dispositif médical conçu pour administrer avec précision des fluides intraveineux (IV) et des médicaments, en contrôlant le taux d’écoulement sur la base des indications fournies par un capteur de chute. Plus de 10 % des enfants admis dans les hôpitaux d’Afrique de l’Est présentent un besoin immédiat de traitement par perfusion. Les résultats de l’essai FEAST indiquent que l’excès de perfusion chez ces enfants a augmenté le risque absolu de mortalité de 3,3 % sur 48 heures. Des débits d’administration erronés peuvent entraîner des effets indésirables graves. L’ECGF résout ce problème car il est très facile à utiliser et dispose de fonctionnalités de sécurité clés, dont des alarmes concernant le débit de perfusion (rapide ou lente), le volume total (supérieur ou inférieur) et les capteurs défectueux. Une batterie utilisant une charge hybride (secteur et solaire) alimente l’appareil. L’ECGF a le potentiel de sauver des vies en garantissant la précision et la sécurité de la perfusion pour 8 % du coût d’une pompe à perfusion neuve.
Pour de plus amples détails concernant les 10 nominés et leurs innovations, veuillez consulter le portail :http://InnovationPrizeForAfrica.org/fr.
Tekiano avec communiqué