Sur le chantier du Musée National d’art moderne et contemporain logé dans la nouvelle cité de la Culture à Tunis, les ouvriers, ici et là, sont à pied d’oeuvre dans le rez-de-chaussée, et au niveaux des premier et deuxième étages, pour achever les travaux dans les délais.
Empruntant les escaliers menant vers l’étage supérieur, un bruit assourdissant venait des marteaux piqueurs des ouvriers qui perçaient les pièces de marbre et autres matériaux dans les dépôts qui abriteront une grande collection du patrimoine national d’art plastique estimé à 12 milles oeuvres ainsi que des objets d’art, propriété de l’Etat actuellement en mauvais état de conservation.
Lors d’une visite guidée dans le chantier de ce joyau architectural de la cité de la culture, Sami Ben Ameur, artiste-plasticien et chargé des préparatifs du musée depuis le mois d’août dernier a fait savoir qu’en amont aux travaux, des préparatifs sont en cours pour la préparation d’une grande exposition temporaire qui sera inaugurée à l’ouverture du musée. S’étalant sur une période de six mois, l’exposition dressera l’histoire et l’évolution des arts plastiques en Tunisie, à travers la sélection d’une variété d’oeuvres appartenant à divers courants et à différentes époques.
Les expositions temporaires qui seront organisées dans le Musée auront des thèmes puisant dans le patrimoine déjà existant et feront l’objet de “recherches et réflexions dans les conférences à venir”.
Le musée se veut une fenêtre ouverte sur l’autre
Parlant des grandes orientations du musée, Sami Ben Ameur, qui occupe également la fonction de conseiller auprès du ministre des Affaires Culturelles, a indiqué que ce nouvel espace se veut un lieu d’échanges entre plasticiens locaux et leurs homologues de la région arabe, orientale et de l’étranger. Le musée a-t-il ajouté, vise à être ” une fenêtre ouverte sur l’autre, en accordant un intérêt particulier à l’expérience africaine pour booster l’image de la Tunisie comme une plaque tournante pour le continent africain et le reste du monde”.
Le musée sera, en outre, ouvert à des “expositions personnelles bien étudiées en vue de faire rayonner, à l’échelle nationale et internationale, les différentes expériences d’art plastique tunisiennes”.
Par ailleurs, a-t-il mentionné, l’aspect pédagogique sera au coeur de la médiation culturelle en créant ce lien entre oeuvres d’art et public par divers outils pédagogiques, et ce, en ciblant le public scolaire et estudiantin. A cet effet, des conventions de partenariat seront signées avec les ministères de l’Education et de l’Enseignement supérieur et les Instituts supérieur des Beaux Arts afin d’assurer des visites quotidiennes au musée. Le ministère du Tourisme et de l’Artisanat sera un associé du musée pour une médiation culturelle à l’international, a-t-il fait observer.
Une première conférence aura lieu au mois de décembre prochain sur l’histoire des arts plastiques en Tunisie avec la participation d’experts et chercheurs scientifiques en la matière. Cette conférence sera “le noyau édifiant pour le livre qui sera édité sur le même thème”, en guise de mémoire écrite et visuelle sur le riche héritage plastique national. Illustré de photos à partir d’une sélection d’œuvres d’art, le livre rassemblera des recherches scientifiques, des témoignages d’artistes et des articles de presse.
En se référant à la définition de l’ICOM (Conseil international des musées) qui considère le musée comme “une institution permanente, dont le but est d’être au service de la société et de son développement ouvert au public qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d’études d’éducation et de délectation”, Ben Ameur a souligné que le musée sera ouvert sur de multiples activités susceptibles d’en faire ” non seulement un espace d’exposition et de conservation mais aussi une institution en évolution”.
Les dépôts abriteront une grande partie du patrimoine national d’art plastique
D’un fonds estimé à 12.000 oeuvres et objets d’art datant de 1894 jusqu’à aujourd’hui, une bonne partie de ce patrimoine d’art plastique national a subi d’énormes dégâts qui nécessitent du temps pour sa restauration à moyen et long termes.
Placée dans des dépôts provisoires au palais beylical de Ksar Saïd, une bonne partie de cet héritage a été transférée depuis plus d’un an dans des dépôts plus appropriés et équipés à la Bibliothèque nationale de Tunisie (BNT). Une autre partie du patrimoine national d’art plastique se trouve actuellement dans le dépôt du ministère des Affaires culturelles.
Les efforts sont actuellement centrés sur le respect des normes internationales, l’adoption de techniques adéquates et le recours à des matériaux appropriés qui prennent en considération les méthodes de conservation muséale, en évitant à titre d’exemples la chaleur, la luminosité et l’humidité.
Dans une première étape, seront placées dans les dépôts du musée uniquement les œuvres réalisées entre 2006 et 2016. Ce choix est dicté par deux éléments majeurs liés au mauvais état de certaines œuvres et l’accès devenu difficile pour d’autres.
Architecture du musée, constats sur la gestion des espaces
Une vue d’ensemble donne à voir un bel édifice. Cela dit, certaines défaillances sont à reconnaître, comme l’a confirmé Sami Ben Ameur. En effet, les œuvres de grands formats ou certaines sculptures et objets d’art d’une certaine taille risquent de ne pas pouvoir entrer facilement par les portes ou bien par les escaliers. C’est pourquoi, a-t-il indiqué, certaines modifications seront introduites dans la structure architecturale du musée, pour faciliter l’accès des œuvres de toute taille.
Pour la scénographie d’exposition, des panneaux visuels selon le thème seront installés afin d’assurer plus de visibilité permettant de la sorte de faciliter la visite du public.
Le musée d’art moderne et contemporain sera parmi d’autres unités où les travaux sont presque à terme avant d’entamer l’exploitation effective des différents espaces avec l’ouverture officielle prévue le 20 mars 2018.
L’entrée sera gratuite pour les groupes d’écoliers sachant que les salles d’exposition seront réservées également à des ateliers d’enfants.
Tekiano avec tap
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