Akinwumi Adesina, président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a lancé le Groupe consultatif présidentiel de la jeunesse (acronyme PYAG venant de l’anglais « Presidential Youth Advisory Group»). L’annone a été effectuée ce lundi 27 novembre 2017, en marge du 6ème Forum des affaires Union européenne-Afrique à Abidjan.
Ce groupe consultatif, qui travaillera en étroite collaboration avec la Banque africaine de développement, est destiné à proposer des idées et des solutions innovantes pour créer des emplois pour les jeunes Africain(e)s, dans la droite ligne de l’initiative de la BAD « Des emplois pour les jeunes en Afrique ».
« L’Afrique connaît une crise du chômage des jeunes »
Cette initiative entend créer 25 millions d’emplois et profiter à 50 millions de jeunes au cours des dix prochaines années, en leur octroyant les compétences nécessaires pour obtenir des emplois décents et pérennes. Il s’agit de la plus importante action jamais déployée, en faveur de l’emploi des jeunes en Afrique.
« C’est une opportunité énorme pour l’Afrique. Si nous réglons le problème du chômage des jeunes, l’Afrique gagnera 10 à 20 % de croissance annuelle. Ce qui signifie que le PIB de l’Afrique augmentera de 500 milliards de dollars par an durant les trente prochaines années. Le revenu par habitant augmentera quant à lui de 55 % par an jusqu’en 2050 », a déclaré Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD) lors de la présentation du groupe à la presse.
Adesina, pour qui la jeunesse est le plus grand atout du continent africain, a rappelé une amère réalité : sur les 13 millions de jeunes qui entrent chaque année sur le marché du travail, seuls 3 millions (environ 33 % des jeunes Africains) occupent un emploi salarié décent. Les autres demeurent sous-employés ou ont un emploi précaire. Si rien n’est fait, le déficit d’emplois – plus de 8 millions par an – va aller en s’aggravant, car le nombre de jeunes en Afrique devrait doubler pour atteindre plus de 800 millions dans les prochaines décennies.
« L’Afrique connaît une crise du chômage des jeunes », a martelé Adesina, soulignant qu’à moins de leur offrir des opportunités d’emploi, la croissance rapide de la population des jeunes en Afrique pourrait poser de sérieux problèmes, tant au plan social, qu’économique, politique et sécuritaire.
Les jeunes Africains, dynamiques et courageux, en viennent à traverser le désert ou la mer Méditerranée, faute de trouver des emplois décents sur leur continent. Les diplômés chômeurs peuplent les rues. En Afrique, le manque d’opportunités d’emploi nourrit également la violence et l’extrémisme. « 40 % des jeunes Africains qui prennent les armes, rejoignent des gangs ou des groupes terroristes en raison du peu d’opportunités qui leur sont offertes dans leurs pays », a déploré le président Adesina.
« 66 millions de jeunes Africains gagnent moins de 2 dollars par jour, moins que le prix d’un hamburger » a souligné le président de la BAD, avant de conclure : « 66 millions, c’est huit fois la population de la Suisse, six fois celle de la Belgique, la même que celle du Royaume-Uni, de la France ou de l’Italie, ou encore 80 % de la population allemande».
Le Groupe consultatif présidentiel de la jeunesse (PYAG) compte neuf membres, tous âgés de moins de 40 ans et qui ont contribué de manière significative à la création d’opportunités d’emploi pour la jeunesse africaine.
Outre Ashish Thakkar, de nationalité ougandaise et PDG-fondateur du Groupe Mara qui préside le PYAG, celui-ci compte parmi ses membres : Uzodinma Iweala, auteur primé du Nigeria ; le Camerounais Mamadou Touré, PDG-fondateur d’Africa 2.0 / Ubuntu Capital ; la Tchadienne Vanessa Moungar, directrice du développement humain et social à la BAD et membre du Conseil présidentiel pour l’Afrique du président français Emmanuel Macron ; Francine Muyumba de la République démocratique du Congo, présidente de l’Union panafricaine de la jeunesse ; l’AméricainJeremy Johnson, co-fondateur de la start up Andela ; la Rwandaise Clarisse Iribagiza, PDG de Heh ; la Nigérianne Ada Osakwe, PDG d’Agrolay Ventures ; et la Zambienne Monica Musonda, PDG de Java Foods.
Le président de la Banque africaine de développement a expliqué les motivations qui ont conduit à la mise sur pied du Groupe consultatif présidentiel de la jeunesse : « Nous sommes conscients de l’énergie, de la créativité, de l’innovation et de l’excellence entrepreneuriale phénoménales qu’offrent beaucoup de nos jeunes. C’est pour cette raison que la Banque africaine tient à être conseillée par des jeunes d’avant-garde sur ses politiques, ses actions et programmes en faveur de la jeunesse d’Afrique. »
« Les membres du Groupe consultatif présidentiel de la jeunesse doivent activement impliquer les partenaires du secteur privé, les chefs de gouvernement, la société civile, les partenaires donateurs et les autres parties prenantes, a ajouté le président Adesina. Ils soutiendront le travail colossal que la Banque africaine de développement accomplit déjà et qu’elle promeut à travers le continent avec sa stratégie ‘Des emplois pour les jeunes en Afrique’ ».
Un programme de transformation économique mené par et pour les jeunes
Le PYAG offre aux jeunes leaders africains l’opportunité de développer de nouvelles perspectives et de recommander des solutions innovantes qui façonneront l’appui de la Banque africaine de développement aux pays africains et réduiront le fléau du chômage des jeunes.
La Banque s’est pleinement engagée à travailler avec le PYAG pour intensifier et accélérer la création d’emplois décents et pérennes pour les jeunes Africains, à travers des emplois formels et l’entrepreneuriat des jeunes, qui permettront aux jeunes Africains de prendre eux-mêmes en main la prospérité économique, la stabilité sociale et la viabilité environnementale.
« C’est pour moi un grand honneur de servir notre continent dans ce rôle, a déclaré Ashish Thakkar, PDG du groupe Mara et président du PYAG. Nous savons que les enjeux sont énormes, mais nous sommes déterminés à remplir cette mission qui est de créer des entreprises de jeunes florissantes qui génèrent une forte valeur ajoutée. Nous nous attellerons également à aider à concrétiser les High 5(http://APO.af/xjqhmW) de la Banque africaine de développement et les objectifs de développement durable. Nous venons de boucler notre programme de travail pour l’année prochaine et nous sommes déjà sur le pied de guerre. » Et de raconter comment sa famille avait tout perdu pendant le génocide au Rwanda dans les années 1990.
« J’ai emprunté 5 000 dollars pour lancer mon entreprise sans soutien d’aucune sorte. Aujourd’hui, le groupe Mara compte 14 000 employés dans le monde. J’étais seul, alors imaginez ce que nous pourrions faire avec le soutien d’une institution comme la Banque africaine de développement ! », s’est-il enthousiasmé.
« Je n’ai jamais entendu parler d’une institution aussi importante que la Banque africaine de développement qui ait créé un groupe consultatif composé exclusivement de jeunes, a déclaré à son tour Mamadou Touré, membre du groupe. Un proverbe chinois dit : « si vous voulez une année de prospérité, plantez une graine ; si vous voulez dix ans de prospérité, plantez un arbre ; si vous voulez un siècle de prospérité, investissez dans développement humain ».
« 40 % des entrepreneurs au Nigeria sont des femmes, mais 73 % d’entre elles opèrent dans des systèmes de vente au détail, a tenu à souligner l’entrepreneuse nigériane Ada Osakwe. Nous devons y remédier et offrir aux jeunes des emplois plus rémunérateurs. »
Afin de rendre l’agriculture plus attrayante pour les jeunes, la BAD a investi l’an dernier 800 millions de dollars pour soutenir les jeunes entrepreneurs agricoles dans 8 pays, et devrait passer à 15 pays d’ici à la fin de cette année. Au total, la Banque africaine de développement prévoit d’investir 1,5 milliard par an au cours des 10 prochaines années pour soutenir les jeunes « agripreneurs ».
Mise en œuvre de la stratégie pour les jeunes : des progrès
La Banque africaine de développement a fait de grands progrès dans la mise en œuvre de sa stratégie à travers trois piliers clés : l’innovation, l’intégration et l’investissement. Dans une perspective d’intégration, la Banque a conclu un partenariat avec l’Organisation internationale du travail pour renforcer la capacité des pays africains à harmoniser leurs politiques nationales respectives pour l’emploi des jeunes.
Le Fonds fiduciaire multi-donateurs pour l’innovation et l’esprit d’entreprise des jeunes servira d’instrument financier et opérationnel pour le déploiement de l’initiative « Des emplois pour les jeunes en Afrique », qui a bénéficié dès ses débuts d’un soutien du Danemark et de la Norvège à hauteur de 4,4 millions de dollars américains.
La Banque africaine de développement a également développé l’index « Favoriser l’emploi des jeunes » (dit EYE par acronyme pour l’anglais Enabling Youth Employment), conçu pour mesurer les résultats en termes d’emploi des jeunes et inciter les pays africains à adopter des politiques incitatives en ce domaine.
« Avec ce groupe formidable de jeunes provenant d’horizons différents, nous espérons même dépasser l’objectif qu’a la Banque africaine de développement de créer 25 millions d’emplois et doter 50 millions de jeunes des compétences adéquates » a déclaré Thakkar avec enthousiasme. « Il est temps de changer le discours sur la jeunesse d’Afrique ! »
Tekiano avec communiqué
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