Le Musée national de Carthage accueille durant 2 semaines à partir du vendredi 19 janvier 2018 une exposition archéologique intitulée “Carthage et les Etrusques, une si vieille amitié”. L’exposition est organisée par la direction générale du patrimoine au sein du ministère des affaires culturelles en collaboration avec la Biat en tant que mécène.
Le public aura à découvrir pour la première fois une collection de plus de 2000 pièces archéologiques des Etrusques. Le vernissage de l’exposition le 19 janvier (17h00) sera une occasion pour annoncer le démarrage d’une série de projets notamment le réaménagement d’autres sites archéologiques à Carthage comme le parc archéologique à Sidi Bou Saïd et la création d’un autre musée archéologique à vocation interactive et pédagogique, a déclaré à l’agence tap Abdelhamid Largueche directeur général de la direction du patrimoine.
La journée du 19 janvier sera marquée par une série d’hommage à des chercheurs spécialisés dans le domaine du patrimoine et de l’archéologie en l’occurrence Leila Sebai, historienne spécialisée dans l’archéologie, l’urbaniste et architecte-paysagiste Jalel Abdelkefi et l’archéologue Abdelmajid Nabli.
L’hôte de cette journée sera le professeur Jean Gran-Aymerich, directeur de recherches au centre national de la recherche scientifique de Paris (CNRS) qui présentera une conférence sur l’histoire de Carthage et des étrusques au cours de laquelle il donnera un aperçu des fouilles archéologiques entamées dès la fin du 19ème siècle, et qui ont révélé la présence d’oeuvres étrusques sur le site de Carthage.
Lors d’une visite qu’il avait effectuée en 2012 en Tunisie, le professeur Jean Gran-Aymerich avait précisé que “les chantiers archéologiques de Carthage, mais aussi de Marseille et de Malaga ou de nombreux autres en Méditerranée occidentale révèlent la richesse et la complexité des entreprises maritimes, diplomatiques, commerciales et militaires du temps des trois premiers pouvoirs maritimes (thalassocraties) définis par les historiens anciens: navigateurs grecs, phéniciens (puniques) et étrusques”.
Il a, dans ce sens, signalé que “des enquêtes confirment leurs liens étroits et offrent la possibilité d’identifier l’existence des premiers fondouks ou consulats de la mer” rappelant que “les sources historiques, épigraphiques et archéologiques manifestent le rôle prépondérant de l’alliance entre des villes étrusques maritimes comme Caeré (l’actuelle Cerveteri) et Carthage.
Ayant dirigé plusieurs programmes de fouilles en France, Espagne et Italie, le professeur Aymerich, auteur de plusieurs ouvrages articles et interventions sur les étrusques, les phéniciens et les puniques et leurs relations avec les cultures protohistoriques de la péninsule ibérique et du monde celtique, avait ,lors d’une visite en novembre 2009 en Tunisie, annoncé à l’agence TAP qu’en ce qui concerne les objets étrusques de Carthage, trois découvertes essentielles, voire exceptionnelles confirment la présence notamment en Afrique du Nord d’offrandes étrusques dans des sanctuaires. Ce sont des témoignages épigraphiques étrusques exceptionnels trouvés en dehors de l’Italie.
La première découverte concerne le premier plus ancien passeport connu d’un carthaginois voyageant en Italie et en Etrurie. Il s’agit d’une “tessera hospitalis” en ivoire bronze, jeton d’hospitalité, signe d’identité qui remonte au VIe siècle avant notre ère.
Les deux autres découvertes consistent en un petit monument funéraire d’un étrusque décédé et enseveli à Carthage et en une figurine de bronze à Dar-Seniat, près de Sidi Bou Saïd et qui représente l’offrande d’une dame étrusque de haut rang dans un sanctuaire de divinité féminine dans ce qu’il faut situer près du lieu de découverte.
Après plus de deux millénaires depuis leur passage à Carthage, les étrusques continuent de faire parler d’eux. Très peu connu, ce peuple de “la mer tyrrhénienne, berceau de la marine étrusque et romaine”, amis et les alliés de Carthage, a eu un apport dans l’élaboration de la civilisation méditerranéenne. De ces riches relations, il ne reste que quelques empreintes archéologiques.
En effet, plusieurs centaines de vases étrusques connus par “Bucchero” ont été jusqu’ici identifiés, qu’il s’agisse de vases complets recueillis dans les tombes de Carthage, datés du VII au IV siècle avant notre ère, ou encore parmi les fragments livrés par les fouilles de la cité et dont, sans doute, des investigations approfondies livreront encore des découvertes inattendues, sur ce peuple de la différence, dont la langue demeure indéchiffrable malgré le prestige des signes et de l’écriture -de droite à gauche-, et qui représentent toujours une énigme.
Énigmatique, la race des étrusques continue de susciter la curiosité des historiens et des archéologues. Ces chercheurs du passé tentent, dans leurs fouilles et recherches, de porter à jour les traces de ce peuple de la mer tyrrhénienne “berceau de la marine étrusque et romaine”, en dehors de l’Etrurie et du territoire italique. Et peu importe les origines, la langue ou les rites des étrusques, les découvertes entreprises jusque là sont suffisantes, selon lui, pour attester que le monde s’est fait, dès le commencement, sur la diversité culturelle.
D’après la TAP
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