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Grève des enseignants des écoles françaises en Tunisie

A l’occasion de la visite d’Emannuel Macron,  Président de la République française, tous les syndicats d’enseignants des écoles et lycées français (réseau AEFE) ont tenu une grève le jeudi 1er février. La raison invoquée ? Leur désaccord face aux restrictions budgétaires imposées par le gouvernement Macron et qui impactent le nombre de postes pour les résidents mais aussi la rémunération des contrats locaux qui est entièrement liée au budget toujours plus réduit des établissements.

Au cours de cette journée, les syndicats enseignants,  parents d’élèves, conseillers consulaires, anciens élèves qui ont rejoint ces revendications ont rédigé une lettre commune adressée au Président de la République Française et que nous publions telle quelle :

« Monsieur le Président de la République,

A toutes les personnes concernées par l’AEFE et son avenir,

Nous, anciens élèves, parents d’élèves, enseignants et Conseillers Consulaires, nous tenons à vous rappeler notre attachement sans faille à nos établissements français en Tunisie.

Nous avons été élèves dans ces établissements, nous avons fait le choix pour nos enfants de cet enseignement, nous y travaillons, nous représentons la communauté française. Tous, à ces divers titres, nous souhaitons vous interpeller sur les décisions prises envers l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger ainsi que sur les annonces concernant son avenir.

Rappelons que l’amputation de 8 % du budget de l’AEFE a été une décision lourde de conséquences en Tunisie.

– déjà 8 (peut-être 9) postes d’enseignants titulaires sont fermés pour la prochaine année scolaire sans que nous n’ayons la certitude que cette hémorragie ne soit accentuée par des non-renouvellements de détachements – situation récurrente chaque année maintenant- ou des refus de détachements par les académies d’origine, ou simplement, par de nouvelles fermetures qui ne seraient pas encore annoncées. Nous demandons qu’aucun poste ne soit non pourvu au motif de refus de détachement ou de refus de renouvellement de détachements. La baisse constante de la proportion de titulaires français remet en cause l’enseignement dispensé. Les discours volontaires sur la formation future des personnels recrutés localement ne tiennent pas devant les disparitions des postes d’enseignants dont la mission était justement d’assurer la formation de ces personnels.

– les frais de scolarité sont en augmentation de 9 % pour la prochaine rentrée scolaire, sans prendre en compte l’explosion des frais de première inscription (qui vont plus que doubler). Ces choix financiers auront des conséquences pour les familles qui devront dorénavant s’acquitter de frais encore plus conséquents. Nous ne voulons pas d’un enseignement réservé à une élite économique, si éloigné de l’esprit de l’éducation à la française. L’avenir budgétaire de ce réseau ne peut s’appuyer davantage sur les familles.

– nos établissements cumulent une dette qui, sous l’effet de la dévaluation du dinar et l’inconvertibilité de la monnaie, augmente mécaniquement et fragilise grandement les budgets de nos établissements. Jusqu’en 2012, il était possible à nos établissements, par l’intermédiaire de la Chancellerie, de s’acquitter de leurs participations au budget de l’agence. Ce n’est plus possible aujourd’hui, ce qui entraîne à la fois une augmentation de leurs dettes mais aussi une perte de ressources conséquente pour l’AEFE. Nous demandons à ce que les établissements puissent à nouveau s’acquitter de leurs participations au budget de l’agence par l’intermédiaire de la Chancellerie.

– nous constatons des difficultés accrues pour recruter des personnels localement avec les mêmes compétences qu’au préalable. La langue française est malheureusement en recul en Tunisie. Si nous regrettons cette situation, nous ne pouvons envisager que cela soit le cas au sein de nos établissements. De plus, si les programmes tunisiens et français étaient par le passé très proches, ce n’est plus le cas aujourd’hui. La différence pédagogique et le niveau linguistique ne permettent pas d’assurer l’enseignement promis. On nous parle de « riche vivier » en Tunisie alors que depuis dix ans, un très grand nombre de formations universitaires sont dispensées désormais en langue arabe (en juin 2017, plus de 7000 élèves ont eu 0 à l’épreuve de français au baccalauréat alors que le français est enseigné depuis le primaire).

                Nous, anciens élèves et parents d’aujourd’hui, avions fait le choix de cette éducation pour sa culture, sa langue, son savoir-faire et l’excellence de l’enseignement qui y était dispensé. La Tunisie a largement participé à l’effort collectif, nous vous demandons de stopper cette « hémorragie ». Nous vous prions de nous entendre et de réfléchir à l’avenir de ce réseau qui nous a tellement apporté et que nous ne pouvons nous résoudre à voir fragilisé. Nous vous demandons de revenir sur les décisions prises et de tout mettre en œuvre afin de préserver et même de développer ce réseau qui voit grandir les futurs ambassadeurs de la francophonie et de l’amitié entre nations.

                Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre haute et cordiale considération.

Les signataires :

Association de parents d’élèves 

          APEESFT : association des parents d’élèves des établissements scolaires français en Tunisie

          LIPE ERT : Liste indépendante des parents d’élèves ERT

          FCPE : représentant de l’école Guy De Maupassant et Charles Nicolle

Association des anciens élèves :

          Association Les anciens de PMF/Mutu 

          Association des Anciens élèves du lycée Français de la Marsa 

          Association des anciens élèves du lycée Carnot de Tunis (lycée français fermé en 1983!)            

Syndicats d’enseignants : 

          Snes-FSU 

          SNUipp-FSU 

          Se-UNSA

Conseillers Consulaires : Madeleine Berger Ben Naceur / Martine Vautrin Djedidi / Laurent Caizergues / Francis Gaetti / Michel Zucchero / . »

 

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