Sous le signe “Mémoire et avenir du cinéma tunisien”, la cinémathèque tunisienne a ouvert officiellement ses portes, dans la soirée de mercredi, en marge de l’inauguration officielle de la Cité de la Culture. La cérémonie de l’inauguration a été l’occasion de rendre hommage à la “fille du pays” et à “la plus belle Italienne de Tunisie” Claudia Cardinale avec une rétrospective de ses plus beaux films et une exposition photos et affiches de films qui démarrent jeudi 22 et se poursuit jusqu’à dimanche 25 mars 2018.
Tout en rendant hommage à “la fille du pays”, l’actrice Claudia Cardinale, le ministre des affaires culturelles, Mohamed Zine El Abidine a, à cette occasion, indiqué que la fête du cinéma se conjugue avec l’inauguration à la fois des nouveaux locaux du Centre National du Cinéma et de l’Image (CNCI) à la Cité de la Culture en plus de l’ouverture de la cinémathèque tunisienne.
La cinémathèque tunisienne, un lieu de mémoire et de transmission
A cette occasion, la présidente de la CNCI Chiraz Laatiri a tenu à souligner que la cinémathèque tunisienne est “un lieu pour tous et ouvert à tous ” précisant que l’accent sera mis sur “une programmation diversifiée soucieuse de la transmission de la mémoire du cinéma tunisien “qui est encore, selon elle, ” largement méconnu par la nouvelle génération”.
De son côté, le président de la cinémathèque tunisienne, Hichem Ben Ammar a estimé que la cinémathèque tunisienne est un “lieu privilégié pour sauvegarder le trésor patrimonial tunisien”. Il a, à ce propos indiqué que dans la fonction de collecte, de sauvegarde, de restauration et de transmission des films qui retracent l’histoire la mémoire de la Tunisie, la cinémathèque permet de cultiver l’identité et illustrer la souveraineté nationale du pays.
Hommage à Claudia Cardinale, la fille du pays
Dans sa présentation de l’actrice internationale Claudia Cardinale, le directeur artistique de la cinémathèque tunisienne Mohamed Challouf a tenu à souligner l’amour inconditionnel de l’actrice pour la Tunisie, en se remémorant de son entretien avec elle en 1993 dans le cadre du documentaire de Mahmoud Ben Mahmoud autour de la mémoire de la communauté italienne en Tunisie.
Et d’ajouter “Grâce à cette rencontre, nous avons eu la chance de connaitre son père Franco et sa mère Yolanda Cardinale qui nous ont accueilli dans la banlieue de Rome par un couscous dans les règles des traditions tunisiennes” se souvient-il.
Emue, l’actrice Claudia Cardinale a tenu à exprimer sa joie et son honneur d’être présente dans sa “chère Tunisie” à l’occasion de l’inauguration de la cinémathèque tunisienne, que l’actrice la compare à une “flamme” où la mémoire du cinéma pourra être conservée et partagée sans être dispersée”.
Claudia Cardinale, a tenu, par ailleurs, à réaffirmer son amour inconditionnel et son attachement pour la Tunisie en ces termes “je suis une fille du pays …un pays que mon cœur n’a jamais quitté ” a-t-elle déclaré en se souvenant de ses parents : “je pense à ma mère qui avait rempli son jardin italien de bougainvillier et de figue de barbarie.”
Se rappelant de sa jeunesse passée dans son pays natal, Claudia Cardinale témoigne ” Ma naissance sous le sol tunisien m’a tant donné, ma jeunesse vécue dans le profond respect des peuples et des différences m’a armé contre toute forme d’exclusion. J’ai pu être fière toute ma vie d’être née dans un pays où les femmes se sont battues avant l’heure.” Et de rappeler “un pays qui avant tant d’autres a reconnu notre droit de vote”.
“Chaîne d’or” de Mustapha Fersi et René Vautier et “Goha ” de Jacques Baratier, la mémoire tournée vers l’avenir
L’inauguration de la cinémathèque tunisienne et l’hommage à la star tuniso-italienne Claudia Cardinale ont été ponctués par la rétrospective dédiée à l’actrice avec la projection de deux films tunisiens dans lesquels Claudia Cardinale a fait ses premières apparitions à l’écran à la fin des années cinquante.
Le premier court-métrage de 18 minutes “Chaîne d’or” de Mustapha Fersi et René Vautier raconte d’une manière poétique l’histoire vraie des femmes des pêcheurs de Mahdia qui ont décidé au moment de l’indépendance de mettre en commun leurs anneaux d’or pour les vendre et aider leur maris à acheter collectivement des bateaux de pêche en moteur. Dans ce film, Claudia Cardinale joue la chef de file des jeunes femmes de Mahdia qui se mobilise avec ses compatriotes pour collecter les anneaux d’or. Gros plan sur le chalutier décoré par les drapeaux tunisiens et naviguant dans la mer, la voix off du narrateur clôture le film sous l’applaudissement du public et en rendant hommage aux femmes tunisiennes “Or de cheville des femmes , Or de la tradition, la cheville légère mais la tête plus haute et fière tournée vers l’avenir” .
Premier long métrage tunisien en couleur, prix “Un certain regard” au festival de Cannes en 1958, “Goha”, un film de 83 minutes de Jacques Baratier raconte l’histoire d’un vieil homme qui se remarie avec une ravissante jeune femme. Celle-ci s’ennuie et tombe amoureuse d’un jeune homme pauvre “Goha” . Ainsi, à travers le personnage mythique de Goha, et une histoire qui se veut imaginaire, le réalisateur Jacques Baratier évoque dans ce film la condition de la femme tunisienne avant l’indépendance, sous l’emprise d’une société conservatrice patriarcale.
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