Regarde-Moi est l’intitulé du nouveau long-métrage de l’acteur réalisateur Néjib Belkadhi. L’humoriste Nidhal Saâdi joue le premier rôle de cette fiction qui réunit les acteurs Idryss Kharroubi, Sawsen Maalej, Aziz Jebali et Anne Paris. Le film était en sélection officielle au Toronto International Film Festival (TIFF) 2018 et concourt dans la compétition officielle des JCC 2018.
L’autisme sous la lumière des projecteurs
Le réalisateur Néjib Belkadhi indique que le projet d’un film autour de cette ‘différence comportementale’ le travaille depuis des années et s’est imposé après la vision d’une série de photos effectuées par un photographe célèbre l’américain, Timothy Archibald et son fils autiste.
Si dans la réalité ce dernier à essayer de tisser des ponts avec son fils à travers la photo, Lotfi, le père dans le film interprété par Nidhal Saadi, s’est muni d’une caméra pour essayer de cerner le comportement et collecter des souvenirs avec son fils Youssef, un rôle brillamment joué par l’enfant révélation Idryss Kharroubi.
Nejib confie qu’il a dû bien se documenter auprès des centres spécialisés ou encore auprès des familles et des enfants autistes, afin de mieux comprendre le fonctionnement de ces enfants différents. L’autisme est un sujet qui est de plus en plus abordés en Tunisie sous fond des dépassements qui ont été enregistrés dans certains centres en Tunisie et les incompréhensions dont souffrent les enfants autistes qui ont du mal à s’imposer avec leurs différences.
Un regard sur une relation Père-fils très particulière
Le film “Regarde-moi” pose un regard sur une relation qui se dessine graduellement entre un père et son fils. Ayant ignoré son fils pendant de longues années et fui à l’étranger incapable d’assumer sa différence, Lotfi, qui s’est construit une vie ailleurs, s’est vu obligé de renouer avec sa famille après l’hospitalisation de son ex-femme des suites d’un AVC.
Bande-annonce film regarde-moi
Le réalisateur indique qu’il a remarqué que les mères sont souvent les plus impliquées dans l’accompagnement des enfants et que 50% des pères tunisiens fuient leur responsabilité ou divorcent à la suite de la révélation du diagnostic.
Lotfi va renouer avec son instinct paternel et essayer de créer un lien avec son fils. Une aventure spéciale qui forcera le personnage principal à faire face aux crises de Youssef, qui n’a jamais connu ce père et évite constamment son regard, et à gérer ses peurs sous le regard inquiet de sa belle soeur qui veut obtenir la garde de l’enfant.
Exposition de certains tabous et non-dits de la société tunisienne
Le long-métrage “Regarde-moi” a finement abordé certains non-dits et tabous de la société tunisienne. Le déni du concubinage et des relations extra-conjugales alors qu’elles existent bel et bien en Tunisie. Considérer l’autisme comme étant une maladie mentale par certaines tranches de la société et ne pouvant être contrôlé alors que d’autres considèrent que ça relève carrément du monde occulte.
La schizophrénie sociale est exposée à travers certaines réactions qui semblent anodines mais qui reflètent tout la difficulté à imposer la différence comme par exemple critiquer et insister pour couper les longs cheveux d’un petit garçon, fumer un joint en cachette…
Le Film touchant à souhait, ultra-réaliste dont il est difficile de sortir indemne “Regarde-Moi” de Néjib Belkadhi d’une durée de 1h38, qui a fait appel à Sadrumet pour sa bande originale musicale, et dont on note la présence d’un des titres de Wael Jegham alias Ghoula, sera projeté dans les salles de cinéma de Tunisie à partir du 11 novembre 2018.
Sara Tanit
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