Sassi Alaya est un pêcheur tunisien âgé de 36 ans et originaire de Ghannouch (Gabès). Alors qu’il était technicien supérieur dans la gestion touristique, il a vu sa carrière professionnelle prendre une nouvelle tournure en 2007, suite à la mort de son père.
Sassi Alaya s’est trouvé d’abord président d’un groupement de pêche et ensuite marin pêcheur, un métier auquel il s’est adonné cœur et âme. “Suite à la mort de mon père, je me suis trouvé dans l’obligation de poursuivre son activité de pêche sur son petit bateau qui ne dépasse pas les 5 mètres. Après 11 ans de labeur, je suis actuellement propriétaire d’un navire de 12 mètres de long et j’emploie 6 pêcheurs “, a-t-il confié à l’agence TAP, en marge d’une visite au gouvernorat de Gabès, organisée par l’Union européenne pour promouvoir le Projet d’appui à la gouvernance environnementale locale de l’activité industrielle à Gabès.
Alaya déclare que le projet ADMIR Gabès a aidés les pêcheurs de la région à changer leur activité et à mettre en place une unité de transformation du crabe bleu en aliments de haute qualité pour les poissons. Lesquels aliments sont généralement importés à des coûts très élevés.
Optimiste et enthousiaste malgré les difficultés générées par la pollution industrielle qui touche le gouvernorat de Gabès, il estime ” qu’ils sont (lui et ses partenaires du projet) aujourd’hui capables de développer cette unité, de viser des marchés extérieurs et de contribuer ainsi aux entrées de devises au pays “.
Le Projet ADMIR Gabès, ” Agir face à la Dégradation du Milieu et des Ressources dans le gouvernorat de Gabès ” est l’une des composantes de ce projet.
Lancé en 2016 et mis en œuvre par Expertise France, ADMIR Gabès dont le coût s’élève à 270 mille euros ( 927 mille dinars) vise à améliorer les capacités de gestion des ressources naturelles marines et côtières et à favoriser l’augmentation et la diversification des revenus des pêcheurs du Groupement de développement de la pêche de Ghannouch qui regroupe 600 pêcheurs.
Le Projet ADMIR Gabès a aussi permis de former 20 pêcheurs aux techniques de la pêche au crabe bleu et 40 femmes aux techniques de ramendage des filets de pêche.
Il a aussi, favorisé le renforcement des capacités de valorisation des produits issus du palmier, dans l’objectif d’aider certaines espèces de la faune maritime menacées de disparition à cause de la pollution, à se reproduire, à travers des techniques simples, mais efficaces.
Sassi Alaya explique cette technique de pêche au crabe bleu; des pierres provenant des déchets de construction sont attachés à des régimes de dattes récoltés qui sont jetées par la suite au fond de la mer, pour remplacer la flore maritime dégradée par la pollution. Cette technique a permis d’aider les calamars à se reproduire d’une façon remarquable .
Avec nos propres moyens, nous avons aussi, mis en place des barrières artificielles pour entraver le passage des navires pratiquant la pêche anarchique et limiter la surexploitation des ressources halieutiques ” ajoute Sassi.
Toujours selon lui ” le projet ADMIR a aussi, permis de regrouper les marins pêcheurs au niveau d’un seul port, alors qu’ils travaillaient éparpillés sur 20 km des côtes de Ghannouch. Il leur a aussi, garanti une meilleure protection contre les risques de navigation nocturne ou par mauvais temps, à travers l’utilisation des appareils GPS “.
Alaya œuvre également, avec les autres pêcheurs de la région, à lutter contre la pollution côtière et marine qui fait des ravages à Gabès, impactant négativement l’activité de 1000 pêcheurs dans la délégation de Ghannouch et menaçant sérieusement les ressources halieutiques en favorisant la disparition de plusieurs espèces (mulet, crevettes, poulpe…).
Toutefois, malgré les efforts déployés par les pêcheurs et les multiples initiatives menées par des organisations environnementales étrangères, les problèmes environnementaux à Gabès en général et à Ghannouch en particulier sont loin d’être finis.
Outre la pollution côtière et maritime, les pêcheurs sont confrontés à la pêche anarchique qui menace sérieusement leur activité, et à l’’invasion, depuis 2014, d’une espèce de crabes appelés crabes bleus, qui sont de véritables prédateurs de poissons, et qui ont aussi un effet dévastateur sur les filets des pêcheurs.
Tekiano avec TAP
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