Et si la mosaïque redevenait un objet artistique et non seulement de décoration. Un défi créatif que relève Najiba Maamar dans son exposition sur le thème “La Mosaïque Autrement” à la Galerie Fenyedi – La Marsa. L’exposition se poursuivra jusqu’au 31 mars 2019.
Najiba Maamer réinvente la mosaïque comme un art-thérapie
Le sourire aux lèvres, Najiba semble porter ses 65 ans avec une légèreté d’enfant. Rien de ses deux pommettes plantées sur un visage toujours riant ne laisserait penser que cette femme est une rescapée du cancer. Son secret ? La mosaïque !
Mère de deux filles, Najiba commence le travail de la mosaïque il y a un peu plus d’une dizaine d’années. La mosaïque c’est pour elle avant tout un art-thérapie qu’elle a décidé d’entamer pour combattre son cancer diagnostiqué en 2006. Initiée par sa sœur céramiste, elle commence tout d’abord par travailler avec des galets. Elle s’amuse alors à l’assemblage en aiguisant son sens du travail des formes et des couleurs. Mais alors qu’elle même entamait sa rémission, sa sœur est alors frappée d’un cancer fulgurant qui l’emporte en quelques mois.
C’est face au deuil et à la douleur physique laissée par la maladie, que Najiba décide de s’accrocher à la vie en travaillant les pierres.
Pudiquement, elle raconte qu’elle a alors décidé de se lancer dans le travail de la mosaïque le plus ardue : la micro-mosaïque. Une manière de se prouver que son corps n’aura pas raison de son esprit ! La découpe des pierres devient alors son exercice quotidien. Elle choisit en plus de se mettre à la méthode indirecte, qui consiste à travailler à l’envers. Impossible de voir le résultat de son œuvre avant d’avoir figé ces petites pierres avec de la résine, laissé sécher et enfin retourner le tout et se laisser surprendre par le résultat.
Ces assemblages accomplis à l’aveugle ont permis à son esprit de se libérer. Très joliment, elle avoue que durant ses moments de pure création : « Tout se passait dans ma tête. Comme une anesthésie, j’étais autre chose qu’un corps. Je n’étais plus qu’esprit ».
Forte de ses succès, Najiba se lance dans la reproduction en mosaïque des tableaux de Gorji, Picasso et Matisse. La subtilité des détails l’obsède et aiguise sa créativité. Aujourd’hui, elle réalise des grandes fresques. Autodidacte, Najiba ne cesse d’innover. Et ce n’est pas peu fière, qu’elle aime raconter comment chaque fresque lui donne l’occasion d’inventer de nouvelles techniques de travail.
Aujourd’hui, Najiba se lance un nouveau défi : celui de la transmission. Son rêve ? « Faire revivre cet art afin qu’il devienne une matière dans les écoles ». Car Najiba, toujours décrite avec une tendre douceur par ses deux filles, pense avant tout à offrir son expérience d’art-thérapie aux enfants. Si elle a commencé avec l’école Robert Desnos, elle élargit son expérience aux quartiers populaires. Elle a eu la chance de rencontrer une directrice d’école exemplaire, qui lui a donné l’opportunité de réaliser son rêve au sein de l’école primaire Al Bassatine, située dans le quartier populaire Mnihla.
Bénévolement, Najiba avec les enfants ont réalisé une fresque murale qu’ils ont accroché sur le mur de la cour d’école. « Encore une belle surprise de la vie », s’enthousiasme-t-elle. «J’ai découvert des enfants passionnés et absolument investis dans le travail. Quel contraste avec ce que l’on peut raconter sur eux !» Sans aucun doute, Najiba Maamer, qui a baigné dans l’ambiance des mosaïques du Bardo durant son enfance, réinvente aujourd’hui la mosaïque tunisienne.
Une partie des bénéfices de son exposition à l’association pour la lutte contre le cancer.
Avec communiqué
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