La scène de l’amphithéâtre de Carthage a accueilli au cours de la soirée du lundi 15 juillet, les acteurs de la comédie musicale libanaise, Moulouk Al Tawaef, ملوك الطوائف oeuvre des Rahbani avec en tête d’affiche les stars Ghassen Saliba et Hiba Tawaji. Une immersion au coeur de la période post-éclatement du Califat de Cordoue et la constitution des royaumes appelés “royaumes de factions” ou “royaumes de taïfa”.
La pièce Moulouk Al Tawaef a été écrite par feu Mansour Rahbani puis mise en scène par Marwan Rahbani et produite par Ghadi et Oussama Rahbani. Elle a été présentée uniquement à trois reprises, en 2003, puis en 2010, ensuite en 2016; et c’est au Festival international de Carthage 2019 que sera jouée cette magistrale leçon d’Histoire dans sa version intégrale et complète pour la quatrième fois; explique Marouane Rahbani au cours de la conférence de presse.
Moulouk Al Tawaef met en avant l’histoire d’amour du roi-poète Al Mutamid ibn Abbad (1040-1095), le dernier émir abbadide qui a régné à Séville en Andalousie, interprété par l’acteur et chanteur Ghassen Saliba, et sa femme Itimad Rmiqia, interprétée par Hiba Tawaji (succédant à la chanteuse Carole Smaha) sous fond de lutte pour préserver le pouvoir dans une Andalousie déchirée qui vit ces derniers jours de gloire.
Ce dernier s’est associé avec le roi Alphonse VI de Castille pour préserver son royaume, mais ne pouvant plus lui payer son lourd tribut, le roi chrétien devient menaçant surtout après la reconquête chrétienne de Tolède en 1085. Al Mutamid ibn Abbad fit appel au sultan almoravide, Youssef Ibn Tachfin, qui vainquit Alphonse VI, le 23 octobre 1086 à Sagrajas (az-Zallàqa) puis se retourna contre son protégé en s’emparant, entre autres, du royaume de Séville…
La rivalité entre les rois des Taifa, les mini-royaumes andalous, est exacerbée, ce qui n’est pas sans rappeler les confrontations et les coups bas entre pays arabes voisins. Le profil bas que les rois andalous font en présence du roi Alphonse VI de Castille se veut aussi un clin d’œil voulu des Rahbani pour rappeler l’attitude des rois du pétrole d’aujourd’hui dans leur course pour satisfaire les pays capitalistes les plus riches.
Le spectacle s’est parfaitement accommodé avec les caractéristiques de l’amphithéâtre romain de Carthage et a épousé ses formes et couleurs permettant ainsi au public de se retrouver face à une véritable fresque artistique et musicale avec des costumes et des décors ainsi que des projections rappelant la gloire et l’élégance architecturale de l’Andalousie pour une pièce pourtant dramatique qui relate une époque triste de la décadence arabe mais qui ne se prive pas d’humour.
La comédie musicale Moulouk Al Tawaef sera présentée pour une 5ème fois dans le cadre du Festival de Carthage 2019 mardi 16 juillet. Un véritable spectacle riche et ludique, une des rares fois où divertissement rime avec réflexion à Carthage.
Sara Tanit
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