Dans la forêt de Jebel Essarj, à Siliana, dans le nord-ouest de la Tunisie, le sentier serpente les arbustes parfumés et l’herbe avant d’aboutir à une clairière où trône un écodome. Cette construction atypique est une initiative lancée en 2017 par l’association Aventuriers de Siliana pour le développement.
Malek Nasri, juriste en droit de l’environnement, nous donne plus de détails sur les écodomes, ces constructions écologiques à bas prix qui fondent dans le décor de la magnifique forêt de Siliana:
L’écodome, ou encore le dôme-écologique, de Siliana, est composé de trois petits dômes imbriqués les uns dans les autres. L’ossature est constituée de sacs de sable qui ont été cimentés par un mortier fait de terre blanche et de foin.
L’inspiration vient de l’architecte irano-américain Nader Khalili qui a eu cette idée lors d’un concours lancé par l’agence spatiale américaine NASA pour construire une maison spatiale et hors norme, où il a reçu le prix Aga Kahn en 2004.
Quant à la motivation, elle émane de l’engagement de l’association dans la promotion d’une nouvelle forme de tourisme. Un tourisme écologique, abordable et responsable, à la fois respectueux de la nature et des besoins des communautés locales.
D’ailleurs, le projet a coûté 4000 dinars pour une superficie de 50m, et il aurait pu générer des profits décents à ses bénéficiaires s’il n’avait pas été entravé par une discorde avec les autorités.
En effet d’après les dires d’un membre de l’association, le fondateur a utilisé l’espace sans l’autorisation de la direction générale des forêts. Ce qui a causé un malentendu entre le fondateur et les responsables de la direction. Amine cherche aussi à agrandir son projet et exercer un emploi plus stable.
D’après les responsables de l’association, la direction générale des forêts a proposé l’idée d’ouvrir une route pour faciliter l’accès à l’écodome et garantir plus d’accessibilité aux visiteurs pour venir découvrir ce lieu atypique et profiter de l’ambiance écologique. Les accords n’ont pas encore eu lieu surtout vu l’état actuellement sensible et délicate d’Amine Ezzine.
Ces écoconstructions rapides à construire se distinguent par leurs caractéristiques écologiques. Ainsi, grâce à ces matières, elles peuvent résister aux catastrophes naturelles, aux incendies et aux changements climatiques.
De telles constructions peuvent s’adapter parfaitement au cas des réfugiés climatiques vu leur solidité et leurs matière adaptable à tous type de climat.
Si la philosophie de l’écodome en tant que construction éco-responsable a déjà la côte dans le milieu associatif, elle commence à convaincre le secteur privé. Non loin de Siliana, plus au nord, dans le gouvernorat de Béjà, une maison d’hôtes a déjà adopté le concept. Elle ouvre depuis ses portes à une clientèle diversifiée, en quête d’originalité pour des cérémonies de mariage et toutes sortes d’événements festifs.
En effet, en plus des coûts de construction abordables, l’écodome peut assurer des économies supplémentaires grâce à son étanchéité, à sa robustesse et à son isolation thermique. En effet, ils sont chauds en période d’hiver et froids en été.
L’enthousiasme pour la technique des écodomes a été, depuis quelques années, animé par une prise de conscience écologique mondiale et par la peur grandissante des effets du dérèglement climatique.
Cette architecture ne date, toutefois, pas d’hier. Au Sahara tunisien, la technique des écodomes existait depuis longtemps, à Tataouine. Il s’agit donc d’une réadaptation d’une technique ancestrale certes mais efficace en matière d’adaptation aux changements climatiques.
Les villages de Tataouine sont des troglodytes installés minutieusement sur des roches et se distinguent par leurs architectures différentes et leur paysage panoramiques. Si les villages berbères de Douiret ne sont plus habités celle de Chenini est encore habitée par les Amazigh, le peuple autochtone de Tataouine. Ce peuple conserve encore ses traditions ancestrales et son propre mode de vie original.
Malek Nasri