”L’Etranger” du romancier français Albert Camus a fait l’objet d’une rencontre organisée par la Maison du roman, hier à la Bibliothèque Béchir Khraief de la Cité de la culture.
“La rencontre est programmée dans le cadre du cycle de rencontres ”L’héritage de Cervantès ” qui planche sur la littérature universelle” a précisé Kamel Riahi, directeur de la Maison du Roman, en présentant ses deux invités présents à cette rencontre, à savoir Kamel Ben Ouannès, spécialiste de la littérature française et le jeune Dia Bousselmi qui a traduit l’oeuvre “l’étranger” au dialecte tunisien.
Kamel Ben Ouannès a ouvert la rencontre et a parlé de l’homme et de son oeuvre qu’il considère comme étant d’une actualité brûlante , dans un pays comme la Tunisie, ayant fait sa Révolution. “Cette année on commémore les 60 ans du décès d’Albert Camus qui n’est pas uniquement un romancier mais un homme de théâtre, un poète et par dessus tout un journaliste. C’est l’occasion de repenser l’homme et sa pensée, laquelle passe par l’écriture romanesque ” a-t-il relevé.
Kamel Ben Ouannès a évoqué l’enfance de Camus vécue en ”Algérie française”, une période de sa vie qui a emprunt son oeuvre romanesque qu’il qualifie d’autobiographique. La frustration que l’écrivain français a sentie pendant cette période de son existence a, en effet, forgé sa personnalité et construit les grandes lignes de sa pensée. Face à “l’absurdité” de la vie, Camus a choisi de “la neutraliser, chose qui passe par l’anéantissement de l’homme . Le romancier a montré aussi qu’on peut donner un sens à sa vie à travers la croyance au risque d’en devenir son prisonnier” fait remarquer l’intervenant qui explique que cette recherche de soi camusienne nous amène au final à aimer la vie en accédant à l’épicurisme , à s’attacher à la vie à travers ses effets sensoriels pour fuir notre condition désolante d’humains.
Dia Bousselmi, journaliste et animateur radio, rebondit sur cette question et trouve que le personnage principal de l’Etranger, Meursault ressemble beaucoup au Tunisien qui après la Révolution se montre sans but, extérieur à sa propre vie , insensible et désabusé considérant que son existence ne le concerne pas y compris dans les épisodes les plus dramatiques qu’il traverse.
Evoquant la question de la traduction du roman l’Etranger au dialecte tunisien, Dia Bousselmi rappelle que cela a soulevé un tollé auprès de certains puristes qui selon lui, croient à tort que le dialecte tunisien trahira l’oeuvre de Camus alors que bien au contraire, “notre dialecte standardisé est un langage soutenu qui traduit comme il se doit, dit-il, les mouvements de personnalité de Meursault” sa peur de l’incertitude et son angoisse du temps qui passe… Un état d’esprit qu’on pourrait dépasser en relisant l’oeuvre de Camus pour en saisir l’essence.
Avec tap