El Seed, le calligraphe tunisien de renommée internationale, ne chôme pas et ne cesse d’embellir des espaces délaissés de ses plus belles empreintes. La dernière oeuvre en date du calligraphe El Seed est une fresque qui a orné un mur d’une vieille chambre sur un toit à La Marsa, à travers laquelle il a voulu rendre hommage à la douloureuse tragédie qui a frappé récemment le Liban.
El Seed a traduit en arabe un extrait d’une citation de l’auteur franco-libanais Amine Maalouf, tirée de son roman “Les Désorientés” : “De la disparition du passé, on se console facilement ; c’est de la disparition de l’avenir qu’on ne se remet pas. Le pays dont l’absence m’attriste et m’obsède, ce n’est pas celui que j’ai connu dans ma jeunesse, c’est celui dont j’ai rêvé, et qui n’a jamais pu voir le jour.”
I spotted this wall a year ago and as I always say, it was calling me. I used it to pay an homage to the victims of the…
Publiée par eL Seed sur Mardi 25 août 2020
El Seed considère que cette œuvre d’art est un écho à la désillusion que vivent aujourd’hui les habitants du monde arabe et du monde entier…”Puisse nos rêves devenir un jour réalité”, conclut l’homme qui murmure à l’oreille des murs…
Portrait d’El Seed
El Seed manie la calligraphie arabe dans un style distinctif. Il est l’un des précurseurs du calligraffiti, mélange de l’art ancestral de la calligraphie arabe et celui du graffiti. Ses dessins véhiculent de messages positifs, exposent des vers de poèmes inspirants, des versets du coran ou des valeurs universelles.
Né en 1981 à Paris de parents tunisiens, Faouzi Khlifi, ce fils d’immigrés ne parlait que le dialecte tunisien, pratiqué à la maison. Il était déconnecté de sa culture d’origine et de sa langue maternelle. Il s’est ré-imprégné de son héritage identitaire lors d’une quête de soi durant la période de l’adolescence.
Une recherche qui l’a mené à plonger dans la magie des lettres arabes, à développer son style et à personnaliser son traitement des courbes des voyelles et consonnes. Grâce à la calligraphie arabe, il a compris que l’identité n’est pas unique, mais multiple. Il utilise le scripte arabe comme moyen d’expression artistique.
Le terrain de prédilection d’El Seed est les murs des villes. Tel un guetteur d’une opportunité oubliée, il tague sur ces planches improvisées en pleine rue ou ailleurs, des lettres colorées porteuses d’espoir, sublimant le support, ravivant l’écrin.
Diplômé en Marketing et destiné à une carrière de consultant en logistique à Montréal, El Seed, poussé par la fibre artistique, décide en 2010 de tout laisser tomber pour se consacrer totalement à son art sans savoir vraiment ou aller.
Il expose dans les galeries du monde, au cours des expositions collectives et participe aussi à des projets engageants de grande envergure dans l’espace publique nécessitant de gros moyens. Une stratégie qu’il adopte en tant qu’artiste afin de s’adresser à le plus de personnes possibles.
A travers sa touche inimitable, El Seed s’adresse à l’âme du lecteur ou du spectateur l’invitant à s’évader et l’obligeant à émettre sa propre interprétation des mots et des dessins même s’il ne comprend pas toujours leurs significations.
Les œuvres d’EL Seed sont visibles de Tunis à New York et de Doha à Gabès en passant par le Caire, Melbourne, Sao Paulo, Nefta et plusieurs villes du monde. Des œuvres temporaires certes mais qui constituent une empreinte symbolique éternelle qui sera archivée à jamais à travers des milliers de photos et vidéos…
Dates clés du parcours d’El Seed:
– 2008 : Il s’installe au Canada
– 2010 : Il se consacre totalement à son art et abandonne son travail de consultant en marketing
– 2012 : Il peint sur le mur du minaret de la mosquée de Jara à Gabès – Tunisie
– 2013 : Il peint 52 pièces artistiques dans les tunnels de l’autoroute de Salwa Road à Doha
– 2013 : il s’installe à Dubaï
– 2013 : Premier artiste arabe à collaborer avec la marque de luxe Louis Vuitton
– 2014: lancement de son livre “Lost Walls : a Calligraffiti Journey through Tunisia. From here to Fame”
– 2015 : Participation au projet Djerbahood ; le musée de street art à ciel ouvert. A Djerba
– 2016 : création de l’œuvre anamorphique “Perception” sur plus de cinquante bâtiments du quartier des chiffonniers du Caire
– 2017 : Installation de l’œuvre The bridge, une installation en zone démilitarisée entre la Corée du Nord et la Corée du Sud.
– 2017 : lauréat du le prix Unesco-Sharjah pour la culture arabe
-2018 : Présentation de l’installation ‘Mirrors of Babel’ lors de la nuit Blanche à Toronto.
Sara Tanit
Vidéo “Perception”, L’œuvre d’El Seed au Caire : une invitation pour penser à nos différences
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